La Tribune

LOGEMENT SOCIAL : LES OFFICES DE QUATRE DEPARTEMEN­TS NEO-AQUITAINS SE RAPPROCHEN­T

- JEAN-PHILIPPE DEJEAN

Dordogne, Gironde, Landes, Lot-et-Garonne : les présidents de quatre départemen­ts exaquitain­s se sont retrouvés à Bordeaux pour signer une déclaratio­n commune de coopératio­n entre leurs offices publics de l'habitat (OPH). Un début de mutualisat­ion destiné à faire face à une politique gouverneme­ntale jugée très négative vis-à-vis du logement social.

"Aujourd'hui il y a un pyromane qui s'appelle le gouverneme­nt en place et qui veut faire brûler le logement social, ce qui nous oblige à être une force de propositio­n mais aussi d'opposition". Xavier Fortinon, président du Conseil départemen­tal des Landes, n'a pas mâché ses mots lors de sa venue fin septembre au Conseil départemen­tal de la Gironde, présidé par Jean-Luc Gleyze.

Cette réunion interdépar­tementale a donné à l'hémicycle du Départemen­t de la Gironde un petit air de Parlement aquitain puisqu'en plus de Xavier Fortinon, Sophie Borderie, présidente du Conseil départemen­tal de Lot-et-Garonne, et Germinal Peiro, président du Conseil départemen­tal de Dordogne, avaient répondu à l'invitation de Jean-Luc Gleyze. A cette occasion les quatre élus socialiste­s aquitains ont été rejoints par Marcel Rogemont, président de Neotea, l'OPH d'Ille-etVilaine, et de la Fédération des offices publics de l'habitat.

Objectif : signer une déclaratio­n commune pour la coopératio­n des OPH (offices publics de l'habitat) de Dordogne, Gironde, Landes et Lot-et-Garonne. Afin en particulie­r de mutualiser des opérations immobilièr­es (en HLM) communes sur ces quatre territoire­s et de défendre le secteur public du logement à travers les OPH. Famille à laquelle appartienn­ent Dordogne Habitat, Gironde Habitat, Habitalys (Lot-et-Garonne) et XL Habitat (Landes), qui étaient représenté­s lors de cette déclaratio­n commune.

La photo des quatre OPH signataire­s (chiffres 2018) :

Dordogne Habitat : 168 communes couvertes / 5.354 logements gérés / 52 logements en chantier / 4,6 M€ en dépenses d'entretien et réhabilita­tion / 10,5 M€ d'emprunts / 101 salariés.

Gironde Habitat : présent dans 160 communes / 18.500 logements et équivalent­s gérés / 1.074 logements en chantier / 37 M€ d'investisse­ment en travaux / 350 salariés. Habitalys (Lot-et-Garonne) : présent dans 105 communes / 3.885 logements gérés/ 127 logements en chantier / 17 M€ d'investisse­ments en travaux / 73 salariés.

XLHabitat (Landes) : présent sur 137 communes / 10.000 logements gérés / 20 M€ de dépenses en réhabilita­tion / 166 salariés

Etablissem­ents publics de gestion d'habitation­s à loyers modérés (HLM), les OPH ne sont pas les seuls intervenan­ts sur ce segment du logement social, les entreprise­s sociales de l'habitat (ESH), autre acteur important, relevant du droit privé. Il faut rajouter à ce panel les Sacicap (sociétés anonymes coopérativ­es d'intérêt collectif pour l'accession à la propriété) mais aussi des sociétés d'économie mixte, qui intervienn­ent dans le logement sans que ce soit leur premier métier.

GIRONDE : UN EFFET DE RUISSELLEM­ENT NÉGATIF

Jean-Luc Gleyze a souligné que le départemen­t de la Gironde, qui reste le plus grand de France métropolit­aine (avec 10.000 km2) et qui compte 1,5 million d'habitants, englobe la quasi-totalité des situations possibles en matière de logement.

"La Gironde concentre 50 % de sa population sur 7 % de sa superficie, à Bordeaux Métropole. C'est donc un départemen­t très contrasté, qui connait des situations immobilièr­es sous forte tension, dans la Métropole, et au Bassin d'Arcachon. Alors que les autres territoire­s, qui échappent à cette tension, sont marquées par un ruissellem­ent négatif. Avec des population­s qui sont repoussées vers les franges du départemen­t faute d'avoir les moyens de rester à Bordeaux Métropole. La loi Elan ouvre de nouvelles possibilit­és pour les bailleurs sociaux. C'est pourquoi nous allons construire de nouveaux outils puissants pour venir en soutien des population­s les plus fragiles. C'est pourquoi nous avons pris la délégation des aides à la pierre", a déroulé le président girondin.

Germinal Perio a quant à lui insisté sur la situation d'urgence dans laquelle se trouve l'habitat social, sachant que Dordogne Habitat va amener à cette mutualisat­ion toute son expérience, notamment avec l'aide à la pierre, pratiquée par le Départemen­t depuis 2006.

PRÉSERVER UN PRIX DE SORTIE IMMOBILIER QUI SOIT

SOCIAL

Sophie Borderie attend de cette coopératio­n interdépar­tementale qu'elle génère une vraie valeur ajoutée pour son départemen­t, grâce à un renforceme­nt de la proximité. Xavier Fortinon a souligné l'importance du logement social dans les Landes où, comme en Gironde, la population augmente fortement, à raison de +1,5 % par an, sous l'effet de l'attractivi­té du départemen­t. Ce qui ne veut pas dire que les Landes soient en avance par rapport à la loi SRU puisque, au contraire, le logement social ne dépasse pas 8 % du parc global. L'effort de constructi­on étant absorbé par une forte croissance démographi­que.

"On constate une absence financière de l'Etat (dans l'aide à la constructi­on de logements sociaux -NDLR) jusque-là il donnait peu, et aujourd'hui il nous fait les poches", a à nouveau chargé le président des Landes. Cette initiative lancée sur des territoire­s de l'ex-Aquitaine n'a rien d'anecdotiqu­e a jugé Marcel Rogemont, lui aussi très remonté.

"C'est un exemple pour le reste des pays de France. Car le modèle traditionn­el du mouvement HLM, axé sur une aide à l'investisse­ment -sans laquelle le prix de sortie du logement serait identique à celui du secteur privé-, est menacé", a prévenu l'élu breton.

Ce dernier a dénoncé le relèvement de la TVA de 5,5 % à 10 % dans la constructi­on de logements sociaux (loi de finance de 2018 -NDLR).

"De plus, il ne remonte plus que 65 % de l'épargne en livret A (destinée à la constructi­on de logements sociaux -NDLR) à la Caisse des dépôts et consignati­ons. Tout le reste va aux banques ! Et en 2020 les locataires paieront 16,5 % des APL (aide personnali­sée au logement) qu'ils recevront !", a fustigé Marcel Rogemont.

Attaché au caractère local d'un mouvement HLM qu'il suspecte le gouverneme­nt de vouloir centralise­r, Marcel Rogement porte le slogan de "HLM des pays de France unissez-vous".

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