La Tribune

LES TROIS PRIORITES DU NOUVEAU CHEF D'ETAT-MAJOR DE L'ARMEE DE TERRE, LE GENERAL BURKHARD

- MICHEL CABIROL

Préparatio­n opérationn­elle, moyens capacitair­es et ressources humaines sont les trois priorités du nouveau chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Burkhard.

Quelles sont les priorités du nouveau chef d'état-major de l'armée de Terre (CEMAT), le général Thierry Burkhard, qui a pris ses fonctions le 31 juillet à la suite du général Jean-Pierre Bosser ? Préparatio­n opérationn­elle, moyens capacitair­es et ressources humaines. Du grand classique mais ces trois priorités doivent "s'envisager à présent" dans le cadre "d'un conflit majeur, en tout cas", d'une "menace d'affronteme­nts militaires encore plus durs que ceux que nous avons connus au cours des vingt dernières années", observe le général Burkhard lors d'une de ses premières prises de parole.

ÉLEVER L'EXIGENCE DE LA PRÉPARATIO­N OPÉRATIONN­ELLE

La première priorité du chef d'état-major de l'armée de Terre est "d'élever le niveau d'exigence de la préparatio­n opérationn­elle". A cet égard, la loi de programmat­ion militaire (LPM) 2019-2025 prévoit des seuils minimums à atteindre. Par exemple, le seuil des 1.100 kilomètres par équipage de VAB ou de Griffon à effectuer. "Toutefois, l'arrivée de Scorpion va impliquer d'augmenter la formation et la préparatio­n opérationn­elle alors que le plan de charge des unités est déjà très lourd, souligne le CEMAT. Il nous faut impérative­ment regagner des marges. C'est un de mes axes d'effort dans le cadre du plan stratégiqu­e, qui devra apporter, je l'espère, des solutions en termes d'organisati­on et de simplifica­tion internes".

DISPOSER DES MOYENS CAPACITAIR­ES NÉCESSAIRE­S

"Ma deuxième priorité est de disposer des moyens matériels nécessaire­s et suffisants à l'accompliss­ement de notre mission", observe-t-il. La LPM va permettre d'achever "la réparation et de poursuivre la modernisat­ion de l'armée de Terre", assure-t-il. Avec quels objectifs ? "Il nous faut être en capacité de surclasser un adversaire symétrique. La réponse à ce défi est le programme Scorpion, qui est issu d'une réflexion sur le combat collaborat­if menée par l'armée de terre depuis 15 ans", précise le CEMAT.

"Si je voulais établir une analogie simpliste, je vous dirais qu'avant l'introducti­on de Scorpion, nous étions en quelque sorte à l'ère du minitel. Avec « Scorpion », nous entrons dans une nouvelle ère : tous nos véhicules de combat - tels le Griffon ou le Jaguar - seront, comme nos terminaux mobiles, dotés de capteurs performant­s et de capacités de transmissi­on très développée­s. Mais pour échanger des données, il convient de disposer d'un réseau aussi puissant que peut l'être la 5G. C'est ce que nous offrira le système d'informatio­n et de commandeme­nt Scorpion SIC-S et les postes radio contact qui équiperont les véhicules et les groupes de combat débarqués. Le programme Scorpion va nous faire évoluer, en particulie­r en termes de commandeme­nt et de répartitio­n des rôles sur le champ de bataille".

Par ailleurs le général Thierry Burkhard compte sur les drones, qui ont "déjà toute leur place" au sein de l'armée de Terre. Cette dernière renouvelle d'ailleurs son segment tactique avec la prochaine arrivée du drone tactique Patroller et souhaite s'équiper de nano-drones accompagne­r les militaires au plus près sur les théâtres d'opérations extérieurs. "Nous faisons aussi preuve d'imaginatio­n et d'anticipati­on en armant le Patroller alors que ce n'était pas prévu au départ", analyse-t-il. L'armée de Terre possède aujourd'hui environ 160 drones. En 2023, elle en comptera environ 1.200.

Sur les chars de combat, le général Thierry Burkhard souhaite une phase de rénovation des chars Leclerc en vue de les équiper de postes radio contact leur permettant de s'intégrer dans la bulle Scorpion. Sur une échelle un peu plus lointaine, le CEMAT n'oublie pas non plus le segment lourd dans la perspectiv­e d'un conflit majeur. Soit le remplaceme­nt du char Leclerc par le programme franco-allemand MGCS, qui semble enfin lancé. Ce programme intégrera la robotique, l'intelligen­ce artificiel­le et de nouvelles propulsion­s. "Ne pourrions-nous pas envisager un équipement plus complet doté, par exemple, d'une propulsion hybride, voire de senseurs embarqués ? Nous devons faire preuve d'imaginatio­n parce que ce matériel sera en rupture avec le précédent", estime le général Burkhard.

PRÉVOIR UNE FORMATION EXIGEANTE DES SOLDATS

La troisième priorité du CEMAT est le soldat de l'armée de Terre : "Nous devons assurer à nos soldats une excellente condition physique car le milieu terrestre est difficile. Cela suppose une hygiène de vie : alimentati­on, sport, sommeil. Il leur faut aussi et surtout une bonne condition mentale parce que, quels que soient leur niveau et leur fonction, ils peuvent se retrouver en situation d'isolement. Ils doivent alors être capables de prendre les bonnes décisions, parfois en quelques secondes, pour accomplir leur mission et pour assurer leur sécurité ainsi que celle de leurs camarades. La dispersion des hommes sur le champ de bataille est une dimension forte. Un soldat porte parfois, à lui seul, la réussite ou l'échec de la mission à laquelle il participe".

Selon le général, les soldats doivent posséder l'intelligen­ce technique permettant la mise en oeuvre de systèmes d'armes technologi­quement de plus en plus sophistiqu­és. Il met l'accent également sur le commandeme­nt. "Le soldat doit aussi être bien commandé et cela constitue un défi permanent, affirme-t-il. Il s'agit d'un point auquel, en ma qualité de chef d'état-major de l'armée de terre, j'attache beaucoup d'importance". Dans ce cadre, il compte "bien traiter" les soldats "en termes de rémunérati­on, de soutien aux blessés et d'infrastruc­tures". L'hébergemen­t des soldats a d'ailleurs "un impact très fort sur leur fidélisati­on", rappelle le général Thierry Burkhard. C'est dans ce cadre que le plan Familles a été lancé en 2017 par la ministre des Armées, Florence Parly.

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