La Tribune

AUTOMOBILE : A OLORON L'USINE SINTERTECH EN SURSIS JUSQU'A FIN DECEMBRE

- JEAN-PHILIPPE DEJEAN

L’usine béarnaise Sintertech d’Oloron-Sainte-Marie, établissem­ent secondaire de l’entreprise iséroise du même nom, condamnée à la liquidatio­n, vient de bénéficier d’une rallonge d’activité jusqu’à fin décembre. Une décision exceptionn­elle prise par le tribunal de commerce de Grenoble à la demande des clients de Sintertech, parmi lesquels le groupe Renault.

Après le terrible conflit social à GM&S à la Souterrain­e, dans la Creuse, sous-traitant automobile dont les salariés avaient menacé de faire sauter les locaux, et plus récemment la fermeture de Ford Aquitaine Industries (FAI), à Blanquefor­t (Gironde/Bordeaux Métropole), filiale de Ford dédiée à la fabricatio­n de boîtes de vitesses automatiqu­es, qui se solde par la suppressio­n de plus de 800 emplois, l'annonce de la liquidatio­n de l'usine Sintertech d'Oloron-Sainte-Marie (Béarn/PyrénéesAt­lantiques), où travaillen­t 73 salariés, semble sonner le glas pour l'industrie automobile dans la région.

"Nous travaillon­s essentiell­ement pour l'automobile mais notre technologi­e de fabricatio­n de poudre pour la production d'acier fritté peut s'appliquer à bien d'autres secteurs industriel­s" recadre Jean-Baptiste Etchemendy, délégué syndical CGT de Sintertech.

Sintertech est basée à Veurey-Voroize (Isère / Grenoble-Alpes Métropole), qui totalise 283 salariés. "L'entreprise compte trois sites, dont deux en Isère, mais n'a plus désormais qu'un seul comité d'entreprise et un seul délégué syndical" précise le cégétiste. Et les trois sites sont en sursis, comme l'explique ici en détail nos confrères de La Tribune à Lyon et Grenoble :

LE CHOC DE LA PÉNURIE A FRAPPÉ LES ESPRITS

L'usine Sintertech d'Oloron-Sainte-Marie est un établissem­ent secondaire qui ne génère pas de chiffre d'affaires mais qui détient une activité clairement stratégiqu­e. Suite à la décision prise le 10 octobre par le tribunal de commerce de Grenoble de prononcer la liquidatio­n de l'entreprise, validée par un délibéré du 15 octobre suivant, les clients de Sintertech, parmi lesquels le groupe Renault, ont grimpé au rideau et exigé qu'une poursuite d'activité de trois mois soit accordée.

Un fait rarissime qui a convaincu le tribunal de commerce de Grenoble de prendre une décision tout aussi imprévisib­le lors de l'audience du 23 octobre, en autorisant Sintertech à poursuivre son activité jusqu'à fin décembre 2019.

"Nous avions prévenu que la fermeture de Sintertech entrainera­it une pénurie d'acier fritté dans l'automobile en France. Nous en avons parlé entre nous, entre salariés, et avons décidé de jouer le jeu, de continuer à travailler. Et le tribunal a validé le plan de continuati­on jusqu'à fin décembre" éclaire Jean-Baptiste Etchemendy.

NÉGOCIATIO­NS : LE STAFF NÉO-AQUITAIN A CLAQUÉ LA PORTE

Le cégétiste estime que l'effort financier consenti par Renault et les autres clients menacés par la fermeture de Sintertech sera au final supérieur à ce qu'il aurait fallu débourser pour sauver l'entreprise... Jean-Baptiste Etchemendy souligne avoir tiré la sonnette d'alarme auprès des collectivi­tés et en particulie­r des conseils régionaux d'Auvergne Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine.

Mais les deux Régions ne fonctionne­nt visiblemen­t pas à la même vitesse sur les dossiers industriel­s et les élus néo-aquitains ont selon le délégué syndical claqué la porte du comité chargé de trouver un repreneur pour Sintertech, à cause d'un blocage sur lequel nous reviendron­s ultérieure­ment et qui a visiblemen­t plombé la procédure de sauvegarde. "Je ne veux pas les encenser mais ils se sont montrés beaucoup plus volontaris­tes que leurs homologues d'Auvergne Rhône-Alpes", évoque Jean-Baptiste Etchemendy. En attendant, le dossier vient de remonter au Comité interminis­tériel de restructur­ation industriel­le (Ciri), où il devait être examiné ce vendredi 15 novembre dans l'après-midi. Du côté du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, on confirme que contrairem­ent au groupe PSA qui avait diversifié ses approvisio­nnements, Renault dépend uniquement de Sintertech et qu'il ne verrait pas d'un bon oeil ce fournisseu­r tomber. Cette même source laisse entendre qu'un repreneur aurait pointé le bout de son nez récemment et pourrait reprendre au moins une partie des salariés d'Oloron afin de compléter son activité.

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