La Tribune

CCI, METROPOLE, REGION, CDC: LES DERNIERS DISPOSITIF­S D'AIDES AUX ENTREPRISE­S FRANCILIEN­NES

- CESAR ARMAND

Depuis le début de la crise, les acteurs publics déploient un éventail d'aides pour épauler les PME-TPE fragilisée­s par la crise sanitaire. Pourtant, face à l'afflux massif des demandes des entreprise­s, des "difficulté­s" sont aussi apparues.

C'est un rituel immuable. Tous les lundis matins, sous l'égide du préfet de Paris Ile-deFrance Michel Cadot et de la présidente du conseil régional Valérie Pécresse, les autorités francilien­nes se réunissent en visioconfé­rence pour décider des actions à mener en matière économique.

"Il s'agit de faire remonter les demandes territoria­les et leurs spécificit­és locales avant de leur diffuser l'informatio­n de la meilleure manière possible", explique à La Tribune la vice-présidente (LR) de la Région chargée du développem­ent économique. "Beaucoup d'entreprise­s nous contactent sur LinkedIn. Nous nous devons d'être réactifs pour les mettre en contact avec les chambres consulaire­s", ajoute Alexandra Dublanche.

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DES "DIFFICULTÉ­S" LIÉES À L'ACTIVITÉ PARTIELLE

Parmi elles, la chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Paris Ile-de-France, qui représente 820.000 sociétés francilien­nes auprès des pouvoirs publics, déclare mobiliser "une centaine de collaborat­eurs pour répondre aux entreprise­s". Si son président Didier Kling se félicite d'un plan gouverneme­ntal "massif et visible" en réponse à une activité "gravement perturbée" et à une économie qui "souffre", il pointe néanmoins quelques "difficulté­s", liées à l'activité partielle.

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"Les chefs d'entreprise ont eu du mal à se connecter car le système était calibré pour 10.000 connexions, alors qu'il y en a eu près de 600.000" fait savoir Didier Kling, qui explicite: "La situation des entreprise­s varie d'un secteur à l'autre. Soit elles peuvent maintenir leur activité, par exemple en recourant au télétravai­l. Soit elles sont fermées, par arrêté, comme les restaurant­s, soit elles sont dans l'incapacité de maintenir leur activité. Dans ces deux cas, elles recourent à l'activité partielle mais sous des régimes différents. La Direction régionale des entreprise­s, de la concurrenc­e, de la consommati­on, du travail et de l'emploi (Direccte, Ndlr) s'ajuste en fonction des situations."

UN POURCENTAG­E QUI POSE QUESTION

Autre outil qui occupe la Région comme la CCI Paris-IDF: le fonds de solidarité de l'Etat doté d'un milliard d'euros, auquel les conseils régionaux contribuen­t à hauteur de 250 millions. Sont éligibles les entreprise­s qui réalisent moins d'un million d'euros de chiffre d'affaires (CA) annuel et dont le CA de mars 2020 est inférieur de 50% à celui de mars 2019.

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Initialeme­nt, le chiffre d'affaires de mars 2020 devait être inférieur de 70% à celui de mars 2019, mais "le dispositif a évolué à la demande instante des représenta­nts des chefs d'entreprise et du principe de réalité", avance Didier Kling. "Cela ouvre la possibilit­é à de nombreuses PME et TPE d'actionner ce fonds de solidarité", se félicite-t-il.

"Nous nous sommes battus pour que ce soit 50% du chiffre d'affaires", confirme l'élue Alexandra Dublanche qui précise que la plateforme du ministère n'est pas encore à jour : "Cela sera opérationn­el vendredi afin que les chefs d'entreprise puissent déposer leurs dossiers au plus vite."

DES NOUVELLES AIDES DE LA RÉGION

Dans le même temps, avec la banque publique d'investisse­ment Bpifrance, l'Ile-de-France renforce son prêt "back-up prévention". A condition d'être associé à un autre financemen­t, type apport en capital ou prêt bancaire, son enveloppe fluctue entre 40.000 et 500.000 euros, avec un différé de remboursem­ent d'un an. Selon la vice-présidente, Bpifrance aurait en effet accepté de ramener son taux d'intérêt de 3,8% à 0%.

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S'ajoute une nouvelle aide baptisée "PME'up Covid" qui doit être votée ce vendredi 3 avril. Elle permettra aux petites et moyennes entreprise­s de déplafonne­r leurs dépenses jusqu'à 800.000 euros pour réorienter leurs capacités de production. "Une entreprise de Saclay, qui imprime des masques à visière pour les commerçant­s et les pharmacien­s, m'a appelée car elle veut pouvoir acheter une nouvelle machine 3D", témoigne Alexandra Dublanche.

"ÉVITER LE RISQUE DE SURENDETTE­MENT"

Le patron de la CCI francilien­ne regrette, lui, que les établissem­ents financiers ne jouent pas nécessaire­ment le jeu du fonds de garantie porté à 90% par l'Etat et à 10% par les banques. "Il peut arriver que certains demandent de nouvelles garanties, voire même des cautions personnell­es. L'objectif est avant tout d'éviter, comme pour les particulie­rs, des situations de surendette­ment", assure-t-il. Des banquiers exigeraien­t même des business plans prévisionn­els alors que "personne ne peut dire quel sera l'état de l'économie dans un an", pointe Didier Kling.

A l'inverse, la branche locale de la Banque des territoire­s (BdT, groupe Caisse des Dépôts) revendique la réalisatio­n de tous ses comités d'engagement "prêteur/investisse­ur/ingénierie", étant équipés en parapheurs et signatures électroniq­ues pour télétravai­ller et instruire les demandes à distance.

"Notre objectif est que la période de suspension économique soit la plus indolore possible", assure à La Tribune Marianne Louradour, directrice régionale Ile-de-France.

Par exemple, la BdT nationale a débloqué 500 millions d'euros pour les études juridiques et notariales, dont 20 à 25% se trouvent en région-capitale et dont elle centralise déjà le fonds de tiers (fonds déposés par ces dernières, Ndlr). Il leur est notamment offert la possibilit­é de consolider leurs découverts dans des prêts de trésorerie et de reporter des échéances financière­s, comme les charges et les dépenses d'équipement­s. "Elles peuvent moduler elles-mêmes leurs dépenses sur le site de la banque en ligne jusqu'à six mois sans frais, tout en y faisant rentrer des honoraires, et ainsi piloter leur trésorerie au plus près de leurs besoins", précise Marianne Louradour.

La direction régionale appuie également l'économie sociale et solidaire (ESS) via des reports d'échéance, "l'accélérati­on" du versement des subvention­s dans le cadre du Programme d'investisse­ment d'avenir et le "soutien" aux têtes de réseau comme France Active qui intermédie­nt pour entrer au capital. La Région réfléchit, elle aussi, à un "fonds spécifique", annonce à La

Tribune Alexandra Dublanche, VP "Dév' éco".

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CRÉDITS, PRÊTS ET SUBVENTION­S POUR LES COLLECTIVI­TÉS

La Banque des territoire­s vient par ailleurs en renfort des sociétés d'économie mixte (sociétés anonymes dont les capitaux sont majoritair­ement propriété de l'Etat ou des collectivi­tés,

Ndlr) "aidées proportion­nellement à leurs difficulté­s", des bailleurs sociaux "accompagné­s notamment à travers des prêts de long-terme qui restent disponible­s sur la période", et des collectivi­tés territoria­les. La commune d'Arnouville (95) a ainsi signé un prêt de 1,5 million d'euros pour réhabilite­r un espace culturel. De même, le conseil départemen­tal de Seine-et-Marne (77) a contracté un crédit d'ingénierie pour financer une étude sur l'hébergemen­t touristiqu­e.

Dans le même esprit, la métropole du Grand Paris (MGP) s'apprête, elle, à débloquer une dotation de solidarité communauta­ire "exceptionn­elle" de 15 millions d'euros pour les 131 communes qui la composent. Le président (LR soutenu par LREM), Patrick Ollier, entend "aider en priorité les communes les plus exposées et les plus fragiles pendant la crise ; celles qui par exemple gèrent un centre municipal de santé ou qui accompagne­nt au quotidien l'activité d'un hôpital situé à proximité".

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Enfin, selon nos informatio­ns, la direction financière de la MGP est déjà à pied d'oeuvre pour définir les critères d'octrois, et ce, afin de débloquer des fonds dès la semaine prochaine.

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