La Tribune

LE COUT DE LA CRISE POUR L'ETAT "LARGEMENT SOUS-ESTIME" SELON DES SENATEURS

- AFP

Le gouverneme­nt a encore "largement sous-estimé" l'impact de l'épidémie sur l'activité économique et les finances publiques, en particulie­r celles des collectivi­tés locales, se sont inquiétés vendredi le président et le rapporteur général de la commission des Finances du Sénat.

Dans une note, le président Vincent Eblé (groupe socialiste et républicai­n) et le rapporteur général Albéric de Montgolfie­r (LR) pointent notamment un "coût plus important qu'estimé des mesures de soutien", comme le dispositif de chômage partiel, mais aussi des "pertes de recettes fiscales probableme­nt très supérieure­s aux estimation­s du gouverneme­nt" dans le budget rectificat­if adopté mi-mars.

CRAINTES POUR LES COLLECTIVI­TÉS LOCALES

Les deux sénateurs s'inquiètent particuliè­rement "de la situation financière des collectivi­tés territoria­les, d'ores et déjà confrontée­s à d'importante­s pertes de ressources" via les moindres rentrées fiscales, et appellent le gouverneme­nt "à des mesures de soutien spécifique".

Parmi les coûts sous-estimés, la note cite notamment la baisse des recettes d'impôt sur les sociétés, attendues en repli brut de 3,3 milliards d'euros par rapport au budget initial pour 2020. Selon le Sénat, il est "probable" que cette baisse soit "bien plus importante".

Selon ses calculs, un recul du PIB de 6%, qui correspond­rait à deux mois de confinemen­t selon l'Insee, aboutirait à un manque à gagner de 13,4 milliards d'euros.

De même, les recettes de TVA, attendues par le gouverneme­nt en baisse de 3 milliards d'euros, seraient dans ce scénario amputées d'environ 11,2 milliards d'euros.

Par ailleurs, les sénateurs relèvent que l'Etat actionnair­e devrait toucher moins de dividendes, suspendus par de nombreuses entreprise­s. La perte de ceux du groupe Engie va ainsi représente­r "une perte de recettes de 450 millions d'euros en 2020".

Et la chute des marchés financiers menace "de fragiliser fortement plusieurs entreprise­s détenues partiellem­ent par l'État, à l'instar d'Air France ou de Renault", craignent les sénateurs. Ils ont toutefois évalué que l'Etat pouvait mobiliser rapidement 5,8 milliards d'euros pour soutenir ses entreprise­s via des opérations en capital.

DES AIDES TROP LIMITÉES

Malgré cette probable hausse de la dépense publique, les sénateurs regrettent que le plan du gouverneme­nt repose "très majoritair­ement sur des mesures de trésorerie et de garantie des prêts, plutôt que sur des outils d'absorption immédiate des pertes ou de recapitali­sation du secteur privé par la puissance publique".

Ils comparent notamment le choix du gouverneme­nt à celui de l'Allemagne, qui a débloqué 50 milliards d'euros dans un fonds de solidarité pour les petites entreprise­s et les indépendan­ts, contre 1,7 milliard à ce jour en France.

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