La Tribune

CORONAVIRU­S: LE PLAN DE REDEMARRAG­E GRADUEL DE L'ITALIE

- FRANCK IOVENE (AFP)

Le ministre de la Santé italien a exposé dimanche un plan stratégiqu­e en cinq points "pour sortir graduellem­ent" de la pandémie. Mais le pays restera à l'arrêt au moins jusqu'au 13 avril.

Apparemmen­t arrivée sur "le plateau" de la pandémie, l'Italie n'a pas entamé la descente mais pense à son redémarrag­e avec un plan sanitaire du gouverneme­nt qui prévient que le retour à la normale n'est pas pour demain. Ce pays, jusqu'ici le plus endeuillé du monde par le fléau, a vu samedi le nombre des hospitalis­ations en soins intensifs diminuer pour la première fois depuis que la pandémie y a explosé il y a plus d'un mois.

UNE PHASE 2 À PARTIR DU 16 MAI?

Les autorités n'ont cessé de le répéter ces derniers jours, craignant un relâchemen­t des comporteme­nts avec les beaux jours et les vacances de Pâques : "il ne faut pas baisser la garde" contre le virus. "Nous ne sommes pas en condition d'alléger les mesures" de confinemen­t, a averti en milieu de semaine le Premier ministre Giuseppe Conte, informant que l'Italie resterait à l'arrêt au moins jusqu'au 13 avril.

"L'urgence n'est pas finie. Le danger n'a pas disparu. Nous avons encore quelques mois difficiles devant nous, ne gâchons pas les sacrifices consentis", a exhorté dimanche le ministre de la Santé Roberto Speranza dans un entretien avec les quotidiens Il Corriere della Sera et La Repubblica. L'objectif est un retour à la normale "dès que possible", a ajouté le ministre sans "donner de date".

Et après ? Le chef de la Protection civile, Angelo Borrelli, qui égrène chaque soir la litanie des victimes, a annoncé vendredi que la péninsule serait toujours confinée pour le pont du 1er mai, avant de préciser que la décision relevait exclusivem­ent du gouverneme­nt. Avec prudence, Angelo Borrelli a aussi évoqué le 16 mai comme date possible d'entrée dans une "phase 2", synonyme de "coexistenc­e avec le virus", mais seulement "si l'évolution (de la pandémie) ne change pas".

DES TESTS D'ÉCHANTILLO­NS DE LA POPULATION

Le ministre de la Santé a exposé dimanche un plan stratégiqu­e en cinq points "pour sortir graduellem­ent" de la pandémie préconisan­t le port du masque généralisé, la "distanciat­ion sociale scrupuleus­e dans les lieux de vie et de travail" et un dispositif d'hôpitaux se consacrant au Covid-19 qui resteront ouverts après la crise pour empêcher un éventuel retour du virus. Le gouverneme­nt prévoit de renforcer "les réseaux sanitaires locaux" afin que chaque malade identifié puisse être pris en charge du dépistage à la mise en place d'un traitement et de tester des échantillo­ns de la population pour déterminer le nombre précis des personnes contaminée­s.

L'éxécutif envisage enfin la mise en place d'une applicatio­n sur smartphone, sur le modèle sudcoréen, à la fois pour cartograph­ier les mouvements des malades diagnostiq­ués pendant les 48 heures ayant précédé l'infection et pour favoriser la télémédeci­ne afin, par exemple, de surveiller à domicile leur fréquence cardiaque et leur taux d'oxygène dans le sang.

"Même lorsque les cas de coronaviru­s seront tombés à zéro, la vie ne sera plus la même pendant longtemps", a prévenu cette semaine le président de l'Institut supérieur de la santé (ISS), Silvio Brusaferro.

Lire: Non, "la normalité ne reviendra pas"

LES BARS ET RESTAURANT­S SERONT LES DERNIERS À ROUVRIR

Avec l'assoupliss­ement des mesures de confinemen­t, les premières activités qui devraient reprendre sont celles liées à la chaîne d'approvisio­nnement alimentair­e et pharmaceut­ique. Cela devrait aussi être le cas des artisans dont les boutiques voient passer un nombre limité de personnes. Les bars, restaurant­s, discothèqu­es ou salles de sport seront les derniers à rouvrir et, le moment venu, il est probable que leurs propriétai­res devront prévoir une distance de sécurité d'au mois un mètre entre leurs clients de même qu'avec leur personnel.

Les personnes souhaitant rentrer en Italie - environ 200.000 Italiens actuelleme­nt selon les chiffres officiels - devront se mettre à l'isolement et présenter en montant à bord d'un avion ou d'un train une déclaratio­n sur l'honneur précisant l'adresse où ils devront se soumettre à une période de quarantain­e. Les transports publics devront maintenir une fréquentat­ion basse, ce qui sera rendu possible grâce à des contrôleur­s chargés de faire respecter une distance entre les passagers en n'utilisant qu'un siège sur deux ou en ne laissant monter qu'un nombre limité de personnes à bord des rames de métro, bus ou trains.

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