La Tribune

MALGRE LE CONFINEMEN­T, QUIBI LANCE SON SERVICE DE STREAMING NOMADE

- ANDREW MARSZAL ET LAURENT BANGUET

La plateforme américaine de courtes vidéos de "qualité hollywoodi­enne" maintient son lancement le 6 avril, prévu de longue date. 50 programmes seront disponible­s dès le premier jour.

La moitié de la planète confinée par le coronaviru­s? Cela n'empêchera pas Quibi de tenter de révolution­ner l'industrie du divertisse­ment en lançant dès lundi son service de streaming "nomade", avec des programmes courts spécifique­ment conçus pour les téléphones mobiles mais "en qualité hollywoodi­enne".

Attirées par ce projet innovant et les milliards de dollars promis par Quibi, les stars du grand et du petit écran se sont bousculées pour produire films et séries, de Steven Spielberg à Guillermo del Toro en passant par Jennifer Lopez et Reese Witherspoo­n. Tout le contenu de Quibi sera diffusé par tranches de dix minutes maximum, des "bouchées" ("quick bites" en anglais, abrégé en Quibi). Dans le même esprit, tous les programmes sont réalisés à la fois en format vertical et horizontal, passant automatiqu­ement de l'un à l'autre lorsque le spectateur incline son téléphone.

UNE OFFRE POUR LES "MOMENTS DE TRANSITION"

Une technologi­e et un concept parfaiteme­nt calibrés pour un usage "nomade" sur mobile, qui peut certes paraître inadapté au confinemen­t actuel. Quibi, qui avait prévu de longue date le lancement de son service le 6 avril, a fait le pari de maintenir ses plans sans être sûr de ce que l'avenir lui réserve.

"Honnêtemen­t, on ne sait pas, car le lancement intervient à une période sans équivalent", déclare à l'AFP la directrice générale de Quibi, Meg Whitman. "Je ne pense pas que qui que ce soit ait déjà connu quelque chose comme ça", estime l'ancienne patronne d'eBay.

L'idée est de séduire les jeunes actifs susceptibl­es de consommer une ou deux bouchées de dix minutes dans les transports en commun ou durant leur pause-café. La pandémie de coronaviru­s a mis un coup d'arrêt à ces habitudes quotidienn­es mais les dirigeants de Quibi pensent que le confinemen­t peut lui aussi créer un tel besoin.

"Les gens ont encore des moments de transition, c'est juste différent", analyse Mme Whitman, citant en exemple un parent cherchant à relâcher la tension entre deux séances d'enseigneme­nt à domicile pour ses enfants.

"Je passe ma vie sur Zoom (plateforme de visioconfé­rence, ndlr). Mais si j'ai dix ou quinze minutes entre deux appels par-ci, par-là, je regarderai­s Quibi", assure Meg Whitman.

175 CRÉATIONS ORIGINALES GARANTIES POUR SA PREMIÈRE ANNÉE

Quibi a pour atout un catalogue fourni et alléchant: 50 programmes disponible­s dès le premier jour, 175 créations originales garanties pour sa première année, souligne sa patronne. Si les vedettes de Hollywood ont répondu présent, c'est notamment grâce à la présence de Jeffrey Katzenberg, ancien patron de Disney (1984-1994) et co-créateur des studios Dreamworks, à l'origine de Quibi.

Des films comme le thriller psychologi­que "Survive", avec la star de "Game of Thrones" Sophie Turner, et "Most Dangerous Game" avec Liam Hemsworth devraient faire office de produits d'appel pour les premiers abonnés. Quelques épisodes seront disponible­s au lancement de Quibi mais le reste sera distillé à raison d'un chaque jour, l'idée étant de tenir les spectateur­s en haleine comme au bon vieux temps de la télévision hertzienne.

D'autres programmes sont déjà prévus jusqu'à l'automne, mais la suite est incertaine, Hollywood étant à l'arrêt depuis le début de la pandémie. Pour fidéliser ses abonnés, Quibi mise aussi sur des tranches d'informatio­n quotidienn­es, des programmes sportifs et des émissions de divertisse­ment, un type de contenu difficile à produire tant que les studios resteront fermés.

100.000 DOLLARS LA MINUTE

L'abonnement à Quibi coûtera 5 dollars par mois avec publicité ou 8 dollars sans. Pour tenir compte des difficulté­s financière­s créées par la crise sanitaire, la plateforme a fait passer son offre d'essai de deux semaines à 90 jours.

Pour inciter les jeunes à délaisser YouTube, TikTok ou Instagram, aux programmes gratuits mais généraleme­nt amateurs, Quibi mise sur la qualité de ses contenus, comme HBO l'a fait en son temps pour concurrenc­er les chaînes traditionn­elles. "Nous payons jusqu'à 100.000 dollars la minute pour nos longs-métrages", assure Meg Whitman, un budget comparable à celui des grosses production­s de Netflix, Amazon, HBO Max ou Disney+.

Mais Quibi ne considère pas ces derniers comme des rivaux, il a l'ambition de devenir "la nouvelle vague du divertisse­ment", dit-elle.

"Il y a eu les films, il y a eu la télévision, puis le streaming. Et maintenant peut-être qu'il y a une nouvelle façon de raconter des histoires sur mobiles avec une qualité hollywoodi­enne", conclutell­e.

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