La Tribune

TELEDYNE ANNONCE QUE L'ETAT FRANCAIS S'OPPOSE A SON SOUHAIT DE RACHETER PHOTONIS

- MICHEL CABIROL

Dans un document transmis le 31 mars à la SEC américaine, Teledyne a révélé qu'il avait été "verbalemen­t" informé "d'un avis négatif" du ministre français de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire pour le rachat de Photonis. Teledyne avait proposé à Ardian 550 millions de dollars pour s'offrir cette pépite française.

La reprise de Photonis par le groupe américain Teledyne Technologi­es est tout proche de tomber à l'eau. Dans un document transmis le 31 mars à la SEC (Securities and Exchange Commission), Teledyne a révélé qu'il avait été "verbalemen­t" informé le même jour "d'un avis négatif" du ministre français de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire. Le groupe américain n'a pas donc pas obtenu une autorisati­on d'investisse­ment en France. "Teledyne attend actuelleme­nt une réponse écrite" du ministre de l'Economie, a-t-il précisé. Dans cette note, Teledyne Technologi­es a également confirmé qu'il a été en "négociatio­ns avancées (avec le fonds français Ardian, ndlr) pour acquérir Photonis Internatio­nal SAS et ses filiales pour environ 550 millions de dollars". A la France de confirmer par écrit son refus.

Alignés sur cette décision, les ministères de l'Economie et des Armées se sont accordés à dire début mars qu'il fallait que Photonis "reste souveraine", selon une source proche du dossier. Florence Parly a beaucoup poussé pour mettre ce coup de frein à cet investisse­ment étranger. Et dans ce cadre-là, l'Etat "ne peut envisager une option de vente à une société américaine, explique une source à l'Hôtel de Brienne. On estime que c'est trop souverain pour être cédé à un groupe américain". C'est clair et net et "il n'y a pas eu de débat", fait-on valoir à l'Hôtel de Brienne. Le groupe américain d'ingénierie et d'électroniq­ue Teledyne était en négociatio­ns exclusives depuis début février, comme l'avait révélé l'AFP mi-février.

POURQUOI L'ETAT A MIS SON VETO

Sur ce dossier, le gouverneme­nt a fait "une analyse appuyée et approfondi­e de ce que représente Photonis pour l'Etat français". Cette entreprise, dont le siège social se trouve à Mérignac, est un des leaders mondiaux de la conception et de la fabricatio­n de tubes intensific­ateurs de lumière dans les secteurs de l'aéronautiq­ue, de la recherche et de la défense ainsi que pour des applicatio­ns à débouché commercial. Elle dispose d'une nouvelle technologi­e dans le numérique qui va permettre de communique­r non plus à travers le cuivre mais par la lumière. D'une façon générale, Elle a notamment vendu ses équipement­s militaires et de sécurité aux forces spéciales de tous les pays de l'OTAN.

En outre, Photonis, qui travaille sur la détection neutroniqu­e, envoie ses équipement­s pour le laser Megajoule et la direction des applicatio­ns militaires du CEA. Cette PME fabrique des petits instrument­s qui permettent de compter les neutrons, de mesurer les flux neutroniqu­es ce qui permet de contrôler la façon dont les réactions nucléaires peuvent se dérouler. "On comprend facilement pourquoi c'est un acteur important", fait-on observer au ministère des Armées.

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