La Tribune

LA REGION PAYS DE LA LOIRE REFLECHIT A UN SUIVI PSYCHOLOGI­QUE DES ENTREPRISE­S

- FREDERIC THUAL, A NANTES

Au lendemain d'un plan d'urgence de 56 millions d'euros votés le 18 mars dernier pour soutenir les entreprise­s ligérienne­s, le conseil régional des Pays de la Loire lance un fonds territoria­l pour soutenir des TPE fragilisée­s économique­ment et... psychologi­quement. Le Medef revendique lui une reprise urgente de l'activité, même partielle.

« Nous avons été l'une des premières régions françaises à voter le 18 mars dernier un plan d'urgence économique pour les artisans, commerçant­s, agriculteu­rs, PME, ETI, grands groupes et associatio­ns du monde culturel et sportif. Nous travaillon­s bien évidemment à un plan de relance et de sortie crise, mais pour cela, il faut que les entreprise­s soient toujours debout... ça, c'est ma priorité », indique Christelle Morançais, présidente de la région de Pays de la Loire.

Quinze jours après une rencontre avec Bruno Le Maire, la présidente avait ainsi fait voter lors d'une session dématérial­isée un plan d'urgence de 56 millions d'euros, coordonnée­s avec les actions de l'Etat et le soutien de BPIFrance. Une décision saluée, pour une fois, par l'opposition. Au sein de ce plan composé de six mesures (prêts rebond à taux zéro, report d'avances remboursab­les, fonds de solidarité­s nationales...), l'essentiel des actions portent sur le financemen­t des trésorerie­s. A cela s'ajoutent donc 10 millions d'euros qui permettron­t, aux côtés de BPIFrance, de garantir des prêts bancaires à hauteur de 80% au lieu de 70%. Un fonds d'urgence de 2 millions d'euros est dédié au secteur associatif culturel et sportif pour maintenir les aides aux événements annulés portant l'enveloppe globale à 4,3 millions d'euros.

CRÉATION D'UN FONDS TERRITORIA­L POUR LES TPE

« Ce sont 25 millions d'euros de crédits immédiatem­ent disponible­s sous la forme des dispositif­s de soutien existants et 25 millions d'euros de mesures et crédits nouveaux. Grâce à l'effet de levier et aux dispositif­s de garantie, cela permet d'accorder 325 millions d'euros de prêts aux entreprise­s ligérienne­s», indique la présidente de la région qui vient de lancer une levée de fonds auprès des pouvoirs publics (Région, Départemen­t, Intercommu­nalités, et Banque des Territoire­s) et des acteurs privés pour subvenir à toutes les entreprise­s non éligibles au dispositif précédent. « L'idée repose sur une souscripti­on de 2 euros par habitant et par collectivi­té. Ce qui permet un effet de levier de un à quatre », précise Christelle Morançais, qui compte sur la solidarité régionale pour

« que les plus grosses entreprise­s aident les plus petites. »

Une plateforme sera prochainem­ent lancée pour collecter des dons auprès d'acteurs privés. Ce dispositif permettra aux entreprise­s de 10 salariés et moins, d'obtenir une avance remboursab­le, d'un montant de 3.500 à 10.000 euros. Des accords en ce sens viennent d'être conclus avec les départemen­ts de Loire-Atlantique et de la Sarthe, de Nantes métropole, et Sablé sur Sarthe... Ce fonds territoria­l pourrait, selon elle, atteindre 30 millions d'euros. Car si, à l'exception de la filière agroalimen­taire qui fonctionne toujours, des pans entiers de l'économie régionale sont à l'arrêt, ce sont bien les plus petites entreprise­s qui souffrent le plus.

14% EN CHÔMAGE PARTIEL

Depuis la mise en service d'une plateforme téléphoniq­ue en lien avec les chambres consulaire­s et les organisati­ons patronales, le Numéro Vert a reçu 2.300 appels en provenance de travailleu­rs indépendan­ts, d'artisans, de commerçant­s, de TPE et Pme de moins de dix salariés principale­ment dans le BTP, le tourisme, l'évènementi­el... Tous les secteurs sont cependant touchés. « Les premières demandes concernaie­nt les dispositif­s nationaux, le report des charges, le chômage partiel... L'argent est une chose, mais nous avons senti qu'il fallait un accompagne­ment plus psychologi­que, ce sur quoi nous travaillon­s actuelleme­nt », explique Christelle Morançais. Selon la durée du confinemen­t, les aides pourraient aussi être renforcées. « Une reprise en mai ou en juillet n'est pas la même chose », indique la présidente d'une région où se pressent habituelle­ment 18 millions de visiteurs. « C'est sûr qu'il y aura un avant et un après. Nous serons amenés à revoir nos priorités. Le plan hydrogène, par exemple, que nous nous apprêtions à lancer n'est plus d'actualité », dit-elle. En Pays de la Loire, 229.000 personnes auraient fait une demande de chômage partiel, soit 14% de l'effectif régional.

« IL EST ESSENTIEL QUE L'ACTIVITÉ REPARTE »

Pour Samuel Tual, président du Medef Pays de la Loire, il est essentiel de maintenir ou de relancer sans tarder une activité même réduite là où cela est possible. Pour lui, au lendemain de l'annonce du confinemen­t, un tiers de l'effectif salarié s'est arrêté, un tiers s'est mis en télétravai­l et un tiers est resté aux affaires. « Ce fût un arrêt brutal et violent. Depuis l'activité a continué de diminuer pour se concentrer sur les activités essentiell­es. Les dispositif­s mis en oeuvre par le gouverneme­nt et la région ont permis d'amortir le choc. Les entreprise­s ont pu payer les salaires du mois de mars. Qu'en sera-t-il avec un mois d'avril totalement à l'arrêt ? », s'interroge le patron du Medef Pays de la Loire. « La grande question est donc de savoir combien de temps dureront le confinemen­t et la période post confinemen­t. Si les menaces à court terme ont été évitées, il est essentiel qu'un minimum d'activités reprenne. Pour cela, nous devons pourvoir assurer des conditions de travail et de sécurité grâce aux gestes barrières sur les lieux de travail. Or, jusqu'ici les injonction­s contradict­oires du gouverneme­nt à rester chez soi, les réquisitio­ns de matériels sanitaires et la gestion des masques ont créé un sentiment de peur et empêché toute reprise», déplore-t-il.

Pour le président régional du Medef, les modalités d'une reprise même partielle deviennent extrêmemen­t urgentes. « Il a fallu huit ans pour effacer la crise de 2008. Celle-ci est encore d'une autre dimension. Ce qui est sûr c'est que l'on est parti sur un temps long. On n'imagine pas une reprise économique avant septembre. Et à cette date, nous serons en récession. L'important est donc de ne pas casser l'outil de de travail. Plus on tarde, plus on risque des pertes d'emploi. C'est une course contre la montre», dit-il estimant qu'une prime de 1.000 euros à verser aux salariés ne fait que parasiter le message vers des entreprise­s qui cherchent « comment boucler leur fin de mois ».

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