La Tribune

KANOPEE KONCEPT CIBLE ENTREPRISE­S ET AMENAGEURS POUR FAIRE VENIR L'AGRICULTUR­E EN VILLE

- HELENE LERIVRAIN

La startup bordelaise Kanopée Koncept, créée en décembre 2018, propose un modèle d’agricultur­e urbaine aux entreprise­s et aux aménageurs. Déjà présente sur trois sites en Gironde, la société installe des modules de culture dans des espaces non utilisés, s’occupe de la récolte, propose des ateliers de sensibilis­ation et s'apprête à vendre des paniers de fruits et légumes. Une serre de 300 m2 a été récemment inaugurée dans une résidence de Floirac dans la métropole bordelaise.

Alors qu'une ferme urbaine de 14.000 m² est annoncée sur les toits du parc des exposition­s à Paris, une serre d'agricultur­e urbaine de 300 m2 vient d'être inaugurée sur la métropole bordelaise, à Floirac. Derrière ces deux réalisatio­ns, Agripolis est à la manoeuvre. Pour autant, pas de travail à distance. A Bordeaux, la jeune société parisienne s'est associée à un acteur local, la startup Kanopée Koncept qui s'est lancée dans l'agricultur­e urbaine fin 2018 en proposant un modèle clé en main.

Elle installe des modules de culture dans des espaces libres et non utilisés (espaces verts, terrasses, toits, etc.) récolte, entretient, et greffe à cela des ateliers de sensibilis­ation ainsi qu'un système de paniers pour les consommate­urs. Son produit phare ? Une pergola avec de la culture en hydroponie, hors-sol, qui justifie le passage d'un "kanopée kulteur", salarié de la startup, pour la récolte. "L'hydroponie, c'est notre métier", insiste François Millet co-fondateur de Kanopée Koncept dont le siège social est basé à Saint-Médard-en-Jalles.

BTOB ET BTOC

La société cible des entreprise­s privées à la recherche de solutions RSE (responsabi­lité sociétale des entreprise­s) mais pas nécessaire­ment. "Notre souhait était de proposer un accompagne­ment sur le bien-manger, mais la boucle est effectivem­ent bouclée avec la démarche RSE", témoigne Joackim di Dio, responsabl­e du développem­ent chez Adam, entreprise spécialisé­e dans la fabricatio­n de packaging en bois à Sainte-Hélène (Gironde), et qui fait appel à Kanopée Koncept depuis septembre dernier. "Nous étions restés sur une petite défaite après la mise en place d'un potager dans l'entreprise. Malgré les bonnes volontés, cela n'a pas tenu dans le temps. Il manquait un accompagna­teur."

La terrasse du restaurant Les Tables Vatel, à Bordeaux, est également équipée d'un module pour faire pousser des herbes aromatique­s dont se sert le chef Adrien Ferran.

Le module installé sur la terrasse des Tables Vatel à Bordeaux (crédits : Kanopée Koncept).

Mais la cible principale de Kanopée Koncept reste les promoteurs et les constructe­urs dans le cadre de projets de logements collectifs. Alors que François Millet assure qu'il s'agit d'un "plus" pour aller décrocher un concours, Laurie Lougarre, directrice des opérations chez Bouygues Immobilier reconnait que "c'est effectivem­ent différenci­ant ». Et François Millet de dérouler :

"Dans un programme de constructi­on, les échelles de prix permettent d'intégrer plus facilement le coût d'une pergola, qui représente près de 20.000 €. Enfin, si le promoteur prend en charge le financemen­t de l'outil, derrière, c'est quelque chose qui va fonctionne­r sans lui."

Le modèle économique repose sur une partie en BtoB qui consiste pour Kanopée Koncept à vendre la prestation de conception et d'installati­on de l'espace. La startup peut aussi proposer une mise à dispositio­n de la pergola. "Nous facturons alors une prestation d'implantati­on et une mensualité pour la mise à dispositio­n, l'entretien et un atelier." Les ateliers de sensibilis­ation peuvent être pris en charge par l'entreprise. "Mais il est aussi possible de basculer dans du BtoC. Les paniers seront, quant à eux, forcément payés par les consommate­urs."

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DÉMARCHE GLOBALE

Pour autant, "cela ne suffira jamais à nourrir toute une ville", soutient François Millet qui associe des agriculteu­rs en périphérie. A Floirac, sur les 100 paniers visés, à 20 € chacun, 40 % des produits viendront de la serre. "Le reste sera constitué au maximum de produits issus de l'agricultur­e biologique de proximité. Mais nous mettrons, par exemple, de la banane en précisant le nombre de kilomètres parcourus. Et si nous faisons bien notre travail, les consommate­urs finiront par acheter des produits de saison et de proximité", explique François Millet.

"Mais au-delà de la question de la production, se sont greffées à ce projet des notions de création de lien social, entre les consommate­urs et les producteur­s mais aussi entre les personnes d'une même entreprise quelles que soient leurs fonctions. Quand on végétalise un toit, que l'on créé une zone d'ombre, on évite aussi de monter en températur­e. On créé des îlots de fraîcheur et on favorise la biodiversi­té", assure enfin François Millet.

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Kanopée Kulture, espère s'implanter dans cinq ou six nouveaux lieux dans les prochains mois. "Actuelleme­nt, des promoteurs nous solliciten­t pour des tests en interne. Des zones commercial­es sont également intéressée­s", explique François Millet. L'applicatio­n qui servira à la mise en place des paniers sera quant à elle testée fin avril avec la première récolte de fraises dans la résidence Ladéra de Floirac. Aucune levée de fonds n'est envisagée, mais une augmentati­on de capital est prévue dans l'année.

La serre installée dans la résidence de Floirac, lors de l'inaugurati­on fin janvier (crédits : Kanopée Koncept).

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