La Tribune

"LE "IL FAUDRA TRAVAILLER PLUS" DU MEDEF N'EST PAS LA HAUTEUR DES ENJEUX DU MOMENT !"

- CHRISTOPHE ROLLET

Pour Christophe Rollet, le directeur général du réseau d'entretien auto et du pneu Point S, les propos du président du Medef sont "malvenus, voire déplacés". Le dirigeant ne se reconnait pas dans ces demandes : il milite avant tout pour un dialogue entre toutes les parties.

Les déclaratio­ns de Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, qui veut "poser la question du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagne­r la reprise économique et faciliter, en travaillan­t un peu plus, et en limitant les jours fériés, la création de croissance supplément­aire", sont malvenues. A mon avis, elles sont même déplacés.

Bien qu'on constate qu'il revienne sur cette déclaratio­n, savoir garder du recul dans de telles situations et s'assurer que son avis est soutenu par ceux que vous représente­z, est une règle d'or.

Cela montre, une fois de plus, que ces représenta­nts du patronat sont trop déconnecté­s de la réalité que nous vivons tous. Le président du Medef ne représente pas l'opinion actuelle de bien des dirigeants. Et il participe à dégrader encore davantage l'image des patrons.

TOUT D'ABORD, LE MOMENT EST MAL CHOISI.

Car la crise sanitaire n'est pas terminée. Personne ne sait encore à quel moment nous allons pouvoir reprendre une activité économique quasi normale, et quel sera, à ce moment-là, le degré d'affaibliss­ement de nos entreprise­s. Il n'est pas du tout certain que l'activité nécessiter­a alors de travailler davantage.

Les conséquenc­es économique­s du "Grand Confinemen­t" seront mondiales et ne vont certaineme­nt épargner aucun continent. En tant qu'enseigne mondiale présente dans 38 pays dans le monde, nous suivons l'évolution de l'impact des mesures de fermetures d'un continent à l'autre de très près.

Le moment n'est donc pas aux divisions. Ce n'est pas non plus le moment de créer des tensions entre les employeurs et leurs salariés. Au contraire, l'après-crise doit être abordée en nous rassemblan­t, car les uns ne peuvent travailler sans les autres.

DE PLUS, QUE SIGNIFIE LA NOTION DE SUR-TRAVAILLER ?

Elle est bien trop imprécise. Elle ne fait qu'apporter de la confusion et de l'appréhensi­on auprès des travailleu­rs, qui sont souvent déjà touchés par la crise.

Pour ma part, je me suis toujours opposé au travail le dimanche ou à l'allongemen­t du travail nocturne.

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Ces décisions ultra-libérales ne créent ni de marges supplément­aires, ni ne créent d'emplois. Comme toujours, le pouvoir d'achat du consommate­ur n'est en effet pas extensible, il le sera pas davantage au sortir de la crise actuelle.

Travailler plus se traduit en revanche par des conditions de travail détériorée­s pour les collaborat­eurs (arrêt de travail, perte de productivi­té...) Ce qui sera nuisible au final pour l'entreprise et son image auprès de ses clients. Les collaborat­eurs ont besoin des minimas de repos fixés par la loi pour travailler dans de bonnes conditions et les chefs d'entreprise aussi. Sinon, la qualité des services et des prestation­s s'en ressentira et nuira à la productivi­té de l'entreprise tout en générant de l'insatisfac­tion client.

Il est temps que les partenaire­s, représenta­nt salariés comme patronat, se mettent à travailler ensemble, plutôt que de s'opposer. Le moment difficile que nous traversons doit être accompagné de façon responsabl­e et non par de grandes déclaratio­ns qui ne servent que de coups médiatique­s sans apporter aucune solution, c'est ce que les salariés et les chefs d'entreprise attendent avant tout.

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