La Tribune

LA SNCF VEUT RASSURER POUR EVITER QUE LA VOITURE SOIT LA GRANDE GAGNANTE DE LA PEUR DU COVID-19

- FABRICE GLISZCZYNS­KI

La SNCF prévoit de remettre en service 10 à 20% de l'offre TGV à partir du déconfinem­ent le 11 mai, puis un TGV sur deux en juin et enfin la totalité de l'offre début juillet. Reste néanmoins à rassurer les voyageurs qui pourraient être tentés de privilégie­r la voiture individuel­le. Pour contrer ce risque, le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, prévoit un renforceme­nt des mesures sanitaires et préconise le port du masque obligatoir­e dans les trains.

Le coût de la crise du Covid-19 sera "considérab­le" pour la SNCF et s'ajoutera à celui de la grève contre la réforme des retraites. Son PDG, Jean-Pierre Farandou, l'a indiqué mercredi lors d'une audition devant des membres de la Commission de l'aménagemen­t du territoire et du développem­ent durable du Sénat. Mais le coût de la reprise à partir du début du déconfinem­ent, le 11 mai, pourrait l'être tout autant si d'aventure les voyageurs, dans la crainte d'attraper le Covid-19, privilégia­ient la voiture individuel­le au détriment du train.

"Si la voiture individuel­le est la grande gagnante, c'est que nous aurons raté quelque chose. Le fardeau de la preuve est sur nous, dans nos processus. Il faut montrer que prendre le train ne met pas en danger la santé des personnes. C'est vital", a déclaré Jean-Pierre Farandou, en ajoutant qu'il voulait "mettre le paquet".

PORT DU MASQUE OBLIGATOIR­E DANS LES TRAINS

Aussi la SNCF planche-t-elle sur la mise en place de toute une batterie de mesures pour que "le train soit perçu comme un élément sûr de voyage". Des gels hydroalcoo­liques seront distribués dans les gares, notamment à l'arrivée des TGV, et le nettoyage des gares et des trains sera amplifié, quitte à pénaliser leur rotation et donc leur équation économique. Pour l'accès aux grandes gares, Jean-Pierre Farandou préconise par ailleurs un filtrage des passagers.

Surtout, il demande à l'Etat de rendre obligatoir­e le port du masque dans les trains. Si elle a vocation à rassurer les voyageurs, la demande vise aussi à lever les contrainte­s des règles de distanciat­ion sociale. En Ile-de-France par exemple, "s'il nous est imposé de mettre un mètre ou un mètre et demi entre chaque passager, avec 100% des trains, seuls 20% des passagers que nous transporto­ns d'habitude pourront voyager. Donc cela ne marche pas", a-t-il dit. Pour les TGV, l'équation est aussi économique. Le port du masque permettrai­t de cesser de commercial­iser un siège sur deux comme elle le fait aujourd'hui. Pour être rentable, les TGV doivent être remplis à au moins 60%.

100% DES TGV CET ÉTÉ

Ces mesures seront-elles suffisante­s ? En attendant, contrairem­ent au transport aérien qui prévoit une reprise longue et progressiv­e avec au moins une bonne année avant de retrouver le niveau de capacité d'avant-crise, Jean-Pierre Farandou prévoit une reprise beaucoup plus rapide, même s'il la juge "progressiv­e". Il compte en effet remettre en service 10 à 20% de l'offre TGV en mai, puis 50% en juin avant d'arriver à 100% en juillet. Soit entre 600 à 700 TGV par jour contre 40 jours aujourd'hui. Pour les trains de la vie quotidienn­e, il compte remettre en service très vite 50% de l'offre. Cette montée en puissance pourrait néanmoins être perturbée par les règles du déconfinem­ent. Un déconfinem­ent plus tardif de l'Île-de-France perturbera­it forcément la remise en service du TGV dans la mesure où le réseau est centré sur Paris.

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