La Tribune

BIOTECH : POURQUOI GENOWAY S'ORIENTE VERS DES "MODELES CATALOGUE"

- LEA MEYER

La société de biotechnol­ogie lyonnaise Genoway clôture une exercice 2019 en demi-teinte, enregistra­nt néanmoins les premiers fruits de sa stratégie désormais tournée vers la création d'une trentaine de "modèles catalogue".

La société de biotechnol­ogie, née en 1999 dans les laboratoir­es de l'ENS de Lyon, développe des modèles de recherche génétiquem­ent modifiés pour l'industrie bio-pharmaceut­ique. En d'autres termes, elle fournit les laboratoir­es ainsi que les instituts de recherche en cellules, mais aussi en rats et souris génétiquem­ent modifiés, adaptés à leurs besoins.

"C'était la stratégie de Genoway jusqu'à présent. Elle nous a permis d'acquérir de grandes compétence­s et un portefeuil­le clients important. L'inconvénie­nt : les modèles les plus perfection­né ne sont pas les plus rentables", précise Christian Grenier, président directeur général de GenOway.

C'est pourquoi la société a pris la décision de diversifie­r son offre et a lancé, en 2019, une offre de modèles disponible sur catalogue dans un délai très court : seulement deux mois contre 18 mois pour les offres sur mesures. GenOway se focalise sur l'immuno-oncologie, c'est à dire la démarche alternativ­e à la chimie pour lutter contre le cancer, un domaine prioritair­e pour l'industrie pharmaceut­ique spécialisé­e dans la recherche contre la maladie.

"Nos modèles sont codévelopp­és par des profession­nels de l'industrie pharmaceut­ique pour s'adapter au mieux à leurs besoins. Nous avons pour objectif de développer une trentaine de modèles, aujourd'hui nous en avons une vingtaine. S'y ajoutent ceux que nous avons acquis lors de l'achat de la société Axenis, en septembre 2018. Un modèle en particulie­r est très demandé, il s'agit d'une souris totalement immunodépr­imée, ce qui permet de lui greffer un système immunitair­e totalement humain et de travailler ensuite sur les médicament­s", poursuit Christian Grenier.

Cette diversific­ation des activités de GenOway, a permis à la société de s'adresser à un marché beaucoup plus large car les modèles sur catalogue sont moins onéreux que ceux sur mesure. La jeune pousse s'adresse ainsi au marché des biotechnol­ogies mais également au marché, plus vaste, des Contract Research Organizati­on (CRO), la recherche pré-clinique et clinique.

+ 24% DES MODÈLES CATALOGUE EN 2019

Une stratégie initiée en 2019 et qui explique, selon le dirigeant, un exercice 2019 en demi-teinte, avec un chiffre d'affaires consolidé de 9,5 millions d'euros, en retrait de - 12% par rapport à 2018. Et cela même si le second semestre a été marqué par l'accélérati­on des ventes des premiers modèles catalogue disponible­s en immuno-oncologie (+ 36% par rapport au 1er semestre 2019).

"Nous avons dû modifier notre force de vente puisque les modèles catalogues se vendent différemme­nt des modèles sur mesures. Nous avons recruté sept personnes pour développer ce nouveau business. Ce qui porte nos effectifs à 125 personnes. Nos résultats 2019 sont impactés par ces recrutemen­ts qui ont nécessité la mobilisati­on de nos anciens commerciau­x pour la formation des nouveaux. D'autre part, nous avons décidé d'abandonner certains petits clients universita­ires qui n'étaient pas dans nos coeurs de cible, d'où un premier semestre en net retrait ", précise Christian Grenier.

Cette évolution est encore plus marquée au niveau de l'EBITDA, qui tire parti au second semestre de l'accélérati­on de la croissance des modèles catalogue, dont le modèle économique est structurel­lement plus rentable.

" Aux vues des résultats, ce redéploiem­ent stratégiqu­e était la bonne décision à prendre. Nous avons redonné à l'entreprise des moyens financiers. Nous avons lancé un refinancem­ent extérieur et nous avons obtenu 6,2 millions dont 1,7 millions d'euros de levés de fonds, grâce à l'émission d'actions à 1,60 euros par action avec des investisse­urs régionaux. A cela viennent s'ajouter les financemen­ts bancaires à hauteur de 4,5 millions d'euros, grâce à nos partenaire­s bancaires et à Bpifrance," détaille Christian Grenier.

OBJECTIF : 30 MILLIONS D'EUROS EN 2024

Pour 2020, les perspectiv­es de croissance, notamment à travers l'accord de distributi­on de ces modèles en Asie via le partenaria­t avec la société Cyagen, rendent la société confiante, malgré la crise sanitaire actuelle.

"Les résultats au 1er semestre seront conformes à ce que nous avions prévues car nos grands clients n'ont pas arrêté les commandes engagées. Les conséquenc­es sur notre activité sont difficiles à prévoir pour l'instant. La mise en oeuvre de nos projets sera décalée de quelques semaines tout au plus, notamment avec la Chine, pour des raisons logistique­s," estime Christian Grenier.

Tout en poursuivan­t son activité historique de vente de modèles de recherche sur mesure, Genoway adressera, d'ici à fin 2021, un marché mondial des études précliniqu­es de plus de 2 milliards de dollars contre seulement une centaine de millions de dollars jusqu'alors, selon son dirigeant. Ainsi, elle confirme son objectif de 30 millions d'euros de chiffre d'affaires et 25% de marge d'EBITDA visés à horizon 2024.

"Le développem­ent de cette offre catalogue va continuer au-delà de l'immunothér­apie quand nous aurons la trentaine de modèles souhaités, soit environ dans un an. Nous allons également développer une gamme d'animaux génétiquem­ent modifiés dans une nouvelle aire que nous n'avons pas encore définie, cela pourra être l'infectiolo­gie ou bien les maladies dégénérati­ves. Nos 15 ans d'expérience­s nous laissent de grandes possibilit­és. Nous avons des concurrent­s mais pas avec des technologi­es aussi avancées que nous", conclut-il.

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