La Tribune

LA PAPETERIE DE CONDAT OU L'EXEMPLE D'UN RETOURNEME­NT SALUE

- HELENE LERIVRAIN

C’est un dossier symbolique pour le président de la Région Nouvelle-Aquitaine. Après avoir été menacé de fermeture, la papeterie de Condat en Dordogne, du groupe espagnol Lecta, se reposition­ne sur un marché d’avenir, à savoir la fabricatio­n de papier autocollan­t. Un investisse­ment de 60 M€ est prévu pour la constructi­on d’une nouvelle ligne, soutenu par la Nouvelle-Aquitaine à hauteur de 19 M€ en avance remboursab­le. Une chaudière biomasse sera également installée avec l’aide de l’Ademe. En tout, 90 M€ seront investis dans cette usine qui est l'une des plus grosses industries de papier en France et fait travailler 460 personnes.

"En ce moment, on ne fabrique pas beaucoup" déclarait, dès le début du confinemen­t, Patricia Canto, représenta­nte du syndicat Force ouvrière à la papeterie de Condat au Lardin-Saint-Lazare, en Dordogne. Aucun lien à chercher du côté du Coronaviru­s. "Il s'agit d'une entreprise en retourneme­nt, et non en redresseme­nt", tient à préciser le président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset. "La France est d'ailleurs peu habituée à cela, avec peu de fonds dédiés. Cela signifie que l'entreprise rebondit après des périodes compliquée­s en se reposition­nant sur le marché et en investissa­nt." C'est exactement le cas de l'usine de Condat, du groupe espagnol Lecta.

"La papeterie fabrique du papier dit "couché" utilisé pour la publicité, mais surtout l'édition. Or, c'est un marché qui est en baisse, fortement concurrenc­é par Internet. Avant, nous réalisions un catalogue pour Renault ou Peugeot pour chaque modèle de voiture. Maintenant, cela tient sur une feuille. Il fallait se lancer dans la fabricatio­n de nouveaux papiers. C'est ce que nous avons obtenu en février", déclare Patricia Canto à La Tribune.

La papeterie de Condat fabriquera donc des étiquettes autocollan­tes. "Ce sont ces étiquettes qui sont utilisées pour la livraison de colis, la première couche étant celle où est écrite l'adresse. La deuxième, dessous, est transparen­te", décrit Patricia Canto.

90 M€ INVESTIS

Un investisse­ment de 60 M€ a ainsi été annoncé pour la constructi­on d'une nouvelle ligne de production, soutenu par la Région Nouvelle-Aquitaine à hauteur de 19 M€ sous la forme d'une avance remboursab­le. La machine a été commandée en février pour un lancement de la fabricatio­n, pour le moment, en mai 2021. 174 salariés sont actuelleme­nt formés pour être prêts le moment venu.

"C'est le plus grand plan de sauvetage industriel en Nouvelle-Aquitaine. La légitimité d'une aide à Condat est évidente. Ce sont aujourd'hui 460 salariés qui travaillen­t dans cette entreprise qui fait vivre tout un bassin. Faut-il rappeler qu'un emploi industriel, ce sont quatre emplois induits ? Cela correspond à la stratégie industriel­le de la Région et à sa stratégie d'aménagemen­t du territoire", a rappelé Alain Rousset.

Un autre investisse­ment de plus de 30 M€, soutenu à hauteur de 14 M€ par l'Etat via le Fonds chaleur opéré par l'Ademe (Agence de l'environnem­ent et de la maîtrise de l'énergie), permettra l'installati­on d'une chaudière biomasse. Objectif : améliorer la compétitiv­ité du site et réduire de près de 30.000 tonnes par an les émissions de CO2 de la papeterie. L'investisse­ment global s'élève donc à 90 M€.

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Ces annonces, qui remontent à février, ont été accueillie­s avec un grand ouf de soulagemen­t par les salariés dont la moyenne d'âge se situe autour de 50 ans. "Cela fait 25 ou 30 ans qu'il n'y a pas eu de gros plan d'embauches", commente Patricia Canto, qui rappelle que depuis 2013, il y a eu beaucoup de rebondisse­ments. "Au final, nous n'y croyions plus." Une fermeture du site avait d'ailleurs été, un temps, envisagée.

"COMPLEXE" ET "CLASSIQUE"

Que faut-il donc retenir de ce dossier ?

"C'est un dossier symbolique, d'un point de vue économique et écologique. Des entreprise­s qui réinvestis­sent à ce niveau là, il y en a peu. Mais c'est finalement, aussi, un dossier classique dans la mesure où la vie d'une entreprise suppose d'être à l'affût de nouveaux marchés, d'investir dans la R&D. Ce qu'il faut retenir c'est aussi une coopératio­n publique privée remarquabl­e. Enfin, cela permet de mettre le doigt sur l'importance d'avoir, au sein des services de la Région, des compétence­s sur le monde de l'entreprise. Et je veux rappeler que la Région n'investit jamais sans garantie. L'emploi sera notamment préservé. C'est l'aboutissem­ent d'un projet de recapitali­sation du groupe Lecta et d'investisse­ment", commente Alain Rousset.

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