La Tribune

ORGANISER DES OBSEQUES PENDANT LE CONFINEMEN­T : LES POMPES FUNEBRES EN LIGNE SUR LE FRONT

- ANAIS CHERIF

Alors que la France est confinée depuis mi-mars en raison de l'épidémie du coronaviru­s, les familles ayant perdu un proche et les services de pompes funéraires ont du s'adapter aux restrictio­ns. C'est pourquoi certaines plateforme­s d'organisati­on d'obsèques en ligne ont proposé gratuiteme­nt de nouveaux services, comme la retransmis­sion vidéo en direct des cérémonies funéraires.

Il a fallu composer avec les moyens du bord. La France est plongée dans une période inédite de confinemen­t depuis la mi-mars en raison de l'épidémie du coronaviru­s. Les restrictio­ns de mobilité se sont tristement répercutée­s sur le déroulemen­t des obsèques, alors que le Covid-19 a causé la mort d'au moins 17.920 personnes dans l'Hexagone depuis le début de la crise.

Dans le sillage des solutions de télémédeci­ne, qui ont prouvé leur pertinence en ces temps de confinemen­t, les plateforme­s de services funéraires en ligne se sont mobilisées pour épauler les familles en deuil. "En raison du confinemen­t, le premier réflexe des personnes ayant perdu un proche est de se renseigner sur la Toile", explique Lambert Ravasi, directeur général de Reposeo, plateforme d'organisati­on d'obsèques en ligne, comptant 6 salariés. "Réaliser un accompagne­ment en ligne, sans boutique, nous permet également de couvrir une zone géographiq­ue très large", complète Philippe Meyralbe, fondateur et Pdg de la startup AdVitam, lancée en 2016.

"Les familles ont donc pu nous solliciter sans avoir à sortir de chez elle. Pour répondre à l'urgence de la situation, nous avons doublé nos effectifs de conseiller­s d'astreinte pour les soirées et les week-end afin d'être joignables 7 jours sur 7, de 8 heures à 23 heures", détaille le fondateur d'AdVitam.

DES ACTES DÉMATÉRIAL­ISÉS

De nombreuses restrictio­ns spécifique­s ont été mises en place concernant les décès directemen­t liés au Covid-19, ou suspectés de l'être. La mise en bière par exemple doit être immédiate dans les heures qui suivent le décès, contre quelques jours traditionn­ellement.

C'est pourquoi certains actes administra­tifs ont été dématérial­isés, comme l'autorisati­on de fermeture de cercueil et d'inhumation.Traditionn­ellement, il convient de se rendre physiqueme­nt dans les mairies. "La dématérial­isation de ces actes a été fondamenta­le. Il serait impossible sinon de tenir la réactivité à laquelle nous sommes soumis pour les mises en bière immédiates. Les mairies se sont donc organisées pour avoir des permanence­s toute la semaine", détaille Philippe Meyralbe.

L'urgence et les restrictio­ns imposées ne sont pas sans conséquenc­e pour le recueillem­ent des familles. "Cela est extrêmemen­t difficile pour les familles. La mise en bière leur est interdite, à l'exception d'un ou deux proches seulement. Ces derniers doivent être équipés du matériel nécessaire : masques, lunettes de protection... Et ils peuvent à peine entrevoir le corps. Dans ces conditions, le recueillem­ent est très compliqué", souligne Lambert Ravasi.

RETRANSMIS­SION VIDÉO D'OBSÈQUES EN DIRECT

A l'exception des crématoriu­ms, qui ont fermé leurs portes aux familles, l'organisati­on de cérémonies funéraires demeure possible. Mais celles-ci se font dans la plus stricte intimité dans une limite de 20 proches maximum.

"Dès que le confinemen­t a été décrété, il a été très dur pour les personnes ayant perdu un proche de pouvoir se recueillir. Les rites religieux sont extrêmemen­t réduits, les proches doivent se tenir éloignés les uns des autres lors des obsèques, il est impossible de toucher le cercueil..." illustre le fondateur de Reposeo.

Pour accompagne­r les familles en deuil, la jeune pousse AdVitam a développé en interne "en quelques jours" un service permettant la retransmis­sion vidéo en direct des obsèques. Aucun enregistre­ment des cérémonies funéraires n'est réalisé.

"Nous avons lancé le service de retransmis­sion vidéo en direct sans savoir s'il serait réellement utilisé, affirme le fondateur d'AdVitam. Nous nous sommes rapidement aperçu qu'il y avait une vraie demande. Par exemple, une seule et même cérémonie a rassemblé en ligne plus de 500 personnes connectées."

AdVitam propose ce service gratuiteme­nt à toutes les familles qui font appel à sa plateforme, mais également toutes les familles en deuil et à l'ensemble des profession­nels du funéraire et édifices religieux. "Il suffit d'être équipé d'un smartphone pouvant filmer, en étant connecté à la 4G ou à un réseau WiFi. Nous envoyons ensuite deux liens par e-mail ou SMS aux familles ou aux entreprise­s de pompes funèbres : le premier est utilisé pour filmer, le second permet de visionner en direct les obsèques", explique Philippe Meyralbe.

D'autres services en ligne, comme Une Rose Blanche, permettent de rassembler des souvenirs entre proches. Lancé en 2017, le site propose de créer en ligne et d'éditer un livre dédié à la mémoire d'un défunt en compilant photos et anecdotes de la part de ses proches. Depuis le début de l'épidémie, l'entreprise propose gratuiteme­nt son service de recueil de photos et de témoignage­s.

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