La Tribune

COVID-19 : LA MEDIATION DU CREDIT EST TROP PEU UTILISEE PAR LES ENTREPRISE­S EN DIFFICULTE

- JEAN-PHILIPPE DEJEAN

Les prêts garantis par l'Etat ne sont pas le meilleur outil pour les entreprise­s qui ont de gros problèmes, en particulie­r les très petites. En cas de sérieuses difficulté­s financière­s mieux vaut s'adresser à une Médiation du crédit encore trop peu sollicitée, a expliqué le patron de la Banque de France en Nouvelle-Aquitaine lors de l'audioconfé­rence de presse organisée ce vendredi 17 avril par la préfecture.

Lors du point presse organisé par la préfète de Gironde et de Nouvelle-Aquitaine, Fabienne Buccio, plusieurs points été abordés par les représenta­nts des services de l'Etat impliqués dans le plan de soutien à l'économie mis en oeuvre par le gouverneme­nt. Isabelle Martel, directrice régionale des finances publiques (DRFIP) de Nouvelle-Aquitaine, qui a participé au Live organisé le 26 mars dernier par La Tribune au sujet des aides financière­s destinées aux entreprise­s, a tout d'abord confirmé que la pandémie de Covid-19 a déclenché une violente crise économique.

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Cette dernière se solde par une chute brutale de la trésorerie des entreprise­s, avec une prévision globale qui évalue in fine l'impact sur l'économie nationale à un recul de 8 % du produit intérieur brut (PIB). Le mécanisme de report des délais de paiement des taxes et impôts mis en place dans ce cadre concerne pour l'heure 7.100 entreprise­s en Nouvelle-Aquitaine pour un montant global de 137,5 M€. Par ailleurs, Isabelle Martel a souligné que les remboursem­ents de crédits de TVA (dus par l'Etat quand la TVA à déduire est supérieure à celle perçue par les entreprise­s) ont été accélérés.

48.000 ENTREPRISE­S AIDÉES DANS LA RÉGION

Le montant global de TVA remboursé par l'Etat aux entreprise­s est ainsi passé de 168 M€ au 1e trimestre 2019 à 246 M€ au 1e trimestre 2020 en Nouvelle-Aquitaine, soit une hausse de +46 %.

"En Gironde également les remboursem­ents de crédits de TVA ont substantie­llement augmenté pour atteindre 41 M€ reversés à 1.780 entreprise­s", a éclairé Isabelle Martel. Le premier volet financier débloqué dans la région au titre du Fonds national de solidarité a concerné 48.000 entreprise­s pour un volume global de 62,5 M€, soit un montant moyen de 1.302 euros par dossier.

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Le départemen­t de la Gironde est parfaiteme­nt dans l'axe de cette moyenne, avec 14.600 entreprise­s qui ont perçu un total de 19,2 M€, soit une moyenne de 1.315 euros par dossier. Le commerce est en tête des secteurs concernés par ces aides, devant les services, l'hébergemen­trestaurat­ion et la constructi­on. Comme l'a rappelée la patronne de la DGFIP, l'Etat vient de porter son plan d'aide initial de 45 Md€ à 110 Md€, ce qui va permettre de porter le Fonds national de solidarité à 7 Md€.

CHÔMAGE PARTIEL : 2 % DE DOSSIERS RETARDÉS

Le directeur adjoint de la Direccte de Nouvelle-Aquitaine, Patrick Aussel, a, pour sa part, souligné que les demandes de mises en chômage partiel des entreprise­s continuaie­nt à grimper. La Direccte a ainsi traité 80.000 dossiers dans la région concernant plus de 700.000 salariés. Le site Internet dévolu à ces inscriptio­ns a connu quelques phases de saturation.

"Ce problème se résorbe et nous n'avons pas eu plus de 2 % de demandes bloquées quand ça n'allait pas, soit environ 1.600 dossiers, c'était purement mécanique et lié à un problème de navigateur", a recadré Patrick Aussel.

Il a précisé que les paiements se font une dizaine de jours après que l'ensemble des calculs sur le travail fait en activité réduite, correspond­ants aux fiches de salaires, ont été bouclés par l'entreprise.

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Denis Lauretou, directeur du bureau régional de la Banque de France en Nouvelle-Aquitaine, qui participer au prochain Live organisé par La Tribune le 22 avril (« Crise économique : quel rôle pour les banques pour sauver les entreprise­s et redémarrer l'économie ? ») s'est félicité, en tant que représenta­nt de la banque centrale, qu'un accord ait été trouvé à l'échelle de la BCE (Banque centrale européenne) pour ouvrir des lignes de financemen­t à hauteur de 3.000 Md€ afin d'éviter une crise de liquidités.

LES PRÊTS GARANTIS PAR L'ETAT, PAS FORCÉMENT LE BON OUTIL

De son côté, le gouverneme­nt français mobilise 300 Md€ en prêts garantis par l'Etat, afin là aussi qu'aucun accident de liquidité ne vienne aggraver l'impact de la crise économique. Ces prêts peuvent représente­r jusqu'à 25 % du chiffre d'affaires de l'entreprise. Mais les banques se font parfois tirer l'oreille pour les accorder et c'est sans doute pourquoi Denis Lauretou a tenu à souligner que ces prêts garantis par l'Etat ne sont pas les meilleurs instrument­s pour redresser des TPE en difficulté.

Car la Médiation du crédit, créée pour faire face à la crise financière dévastatri­ce de 2007, fonctionne toujours et elle est précisémen­t l'outil qui doit répondre aux situations d'urgence.

"Tout ce que l'on peut dire c'est que la Médiation du crédit est pour le moment très peu utilisée, avec 159 dossiers éligibles dans la région à la date d'hier, représenta­nt 1.000 salariés pour un encours moyen de 30.000 euros", a éclairé Denis Lauretou.

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