La Tribune

CORONAVIRU­S : CRITIQUEE, LA CHINE REVOIT SON BILAN A LA HAUSSE

- JING XUAN TENG, AFP

Soupçonnée d'avoir sous-estimé son bilan du coronaviru­s, la Chine a annoncé vendredi près de 1.300 morts supplément­aires à Wuhan, épicentre d'une pandémie qui vaut à Pékin une contractio­n sans précédent de son économie au 1er trimestre.

Depuis son apparition dans la métropole du centre du pays fin 2019, la maladie a infecté plus de 2 millions de personnes à travers le monde mais aussi suscité des doutes quant à la réalité du bilan chinois. En Chine, il y a "manifestem­ent des choses qui se sont passées qu'on ne sait pas",a déclaré le président français Emmanuel Macron au quotidien britanniqu­e Financial Times.

"Nous devrons poser les questions difficiles concernant l'apparition du virus et pourquoi il n'a pas pu être stoppé plus tôt", a déclaré comme en écho le ministre britanniqu­e des Affaires étrangères Dominic Raab. Quelques heures plus tard, la mairie de Wuhan créait la surprise en révisant ses chiffres à la hausse avec 1.290 décès supplément­aires. Ce nouveau décompte porte à 4.632 le bilan des décès enregistré dans le pays le plus peuplé du monde.

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Dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, la ville, placée sous quarantain­e du 23 janvier au 8 avril, explique qu'au plus fort de l'épidémie, certains patients sont décédés chez eux faute de pouvoir être pris en charge dans les hôpitaux. Ils n'avaient donc pas été comptabili­sés jusqu'à présent dans les statistiqu­es officielle­s qui ne prenaient en compte que les personnes décédées à l'hôpital.

POUTINE À LA RESCOUSSE

La remontée des données par les hôpitaux a fait l'objet de "retards" et "d'omissions", a reconnu la ville. Le bilan des cas confirmés de contaminat­ion à Wuhan est en hausse de 325. Le nouveau total chinois, de plus de 80.000 contaminat­ions, risque toutefois de ne pas convaincre les plus sceptiques - notamment l'administra­tion du président américain Donald Trump.

Apparition dans un marché à Wuhan où des animaux exotiques auraient été vendus vivants? Laboratoir­e de la ville qui aurait étudié les coronaviru­s chez les chauves-souris sans respect des protocoles de sécurité ? Les théories vont bon train et les accusation­s se multiplien­t dans plusieurs pays occidentau­x quant aux informatio­ns fournies par Pékin sur l'origine du virus. Le président russe Vladimir Poutine, dont le pays compte près de 28.000 malades, est un des seuls à prendre la défense de Pékin, jugeant "contreprod­uctives" ces accusation­s lors d'un entretien téléphoniq­ue avec son homologue chinois Xi Jinping.

PLUS DE 2 MILLIONS D'INFECTÉS

L'épidémie continue à dévaster l'économie mondiale. Pékin a publié vendredi ses chiffres officiels du PIB: l'économie chinoise a connu un repli de 6,8% sur un an au 1er trimestre. La Chine n'avait pas connu une telle contractio­n de son économie depuis l'établissem­ent des statistiqu­es trimestrie­lles au début des années 1990.

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Aux Etats-Unis aussi l'économie sera fortement touchée. Pour réduire l'impact financier du confinemen­t, le président Donald Trump, qui souhaite rouvrir le pays le plus tôt possible, a présenté jeudi un plan pour faire "redémarrer l'Amérique". Il a estimé que les Etats "en bonne santé" pouvaient redémarrer "littéralem­ent dès demain", avant l'échéance du 1er mai un temps évoquée, mentionnan­t le Montana, le Wyoming ou le Dakota du Nord, relativeme­nt épargnés.

Plus de 2.135.410 cas du nouveau coronaviru­s ont été officielle­ment déclarés dans le monde, dont au moins 141.127 décès, selon un comptage AFP jeudi à 19 heures. Etats-Unis paient le plus lourd tribut, avec près de 33.000 décès pour 667.800 cas. Suivent l'Italie (22.170 morts), l'Espagne (19.130), la France (17.920) et le Royaume-Uni (13.729).

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