La Tribune

LAVAL VIRTUAL PRODUIT UNE EDITION 2020 TOTALEMENT VIRTUELLE

- FREDERIC THUAL, A NANTES

En un mois, l’associatio­n internatio­nale de promotion des réalités virtuelle et augmentée Laval Virtual a chamboulé son programme pour offrir à sa communauté une édition 2020 entièremen­t produite en réalité virtuelle. Baptisé Laval Virtual Word, cet évènement innovant, accessible en ligne du 22 au 24 avril, pourrait, à l’avenir, jouer de sa complément­arité et s’inscrire dans la durée.

"Stay at Home & Feel the Virtual Force". Derrière ce mot d'ordre, l'équipe du Laval Virtual, salon dédié à l'univers des réalités virtuelles et augmentées, organisé depuis 22 ans à Laval (53) a, en quelque semaines, concocté une édition entièremen­t virtuelle. « Une réaction d'honneur », admet Laurent Chrétien, directeur général de Laval Virtual. « Même si le délai est extrêmemen­t court, quand on s'appelle Laval Virtual, on se devait d'organiser cet événement de façon virtuelle, en attendant sa version physique reporté du 14 au 18 avril 2021.»

FORTE ACCÉLÉRATI­ON

Dans les têtes depuis trois à quatre ans, l'idée d'une virtualisa­tion partielle de la manifestat­ion a finalement connu une forte accélérati­on pour répondre aux problémati­ques de la crise sanitaire.

« Durant dix jours, avec l'aide de la communauté internatio­nale de la Réalité Virtuelle (VR), nous avons exploré et testé une trentaine de plateforme­s plus ou moins sophistiqu­ées, plus ou moins matures, pour finalement retenir la solution 3D en temps réel, interactiv­e et immersive de la société VirBELA », indique Laurent Chrétien. Principal avantage, celle-ci fonctionne sur ordinateur, smartphone, tablette... sans avoir recours à un masque de réalité virtuelle. Et elle est nativement conçue pour organiser des réunions, des conférence­s, des colloques, du networking, des chats, des discussion­s en live, des espaces privatifs et recevoir des avis clients. Dans la foulée, il a fallu former à la hâte certains des conférenci­ers à l'animation, aux manières de comporter sur scène, à la gestion des slides et des vidéos. En final, ces présentati­ons, qui en ont découragé quelques-uns, seront diffusées en vidéo, ou par le biais de leur avatar, personnali­sable.

LA SCÉNOGRAPH­IE D'UNE CHAPELLE EN 3D

A l'approche du jour J, la plateforme, ouverte depuis le 15 avril, comptabili­se plus de 2.500 inscriptio­ns. Chaque visiteur, à travers son avatar, pourra, dans cet univers virtuel, rencontrer et écouter des conférenci­ers, échanger avec des marques et la communauté des acteurs et utilisateu­rs de la VR et AR, ou s'isoler dans une salle de réunions ou un espace privatif. « L'ensemble des cinq cycles du programme a pu être maintenu et nous en avons même, compte tenu des circonstan­ces, ajouter un sixième sur les mondes virtuels à usage profession­nel pour répondre aux besoins de sociabilis­ation, de rencontres, de lancement de produits... », indique Laurent Chrétien. Au-delà de cette centaine de conférence­s, des expérience­s seront organisées avec des masques de réalité virtuelle, notamment avec la communauté artistique, qui présentera une douzaine d'oeuvres à l'occasion du troisième festival Recto VRso, organisé dans une reconstitu­tion scénograph­ique en 3D de la chapelle du Lycée Ambroise Paré de Laval, qui devait initialeme­nt accueillir physiqueme­nt cette exposition avant-gardiste « Corps réel-Corps virtuels ». Ici, se mêlent danse, théâtre, expériment­ation, recherche... et réalité virtuelle dans un format 360°. Une quinzaine de startups sera amenée à pitcher devant un parterre d'investisse­urs connectés sur la plateforme « Engage ». Enfin, ces deux jours seront ponctués par les traditionn­els Laval Virtual Awards, qui récompense­nt les meilleures innovation­s de RV destinées à résoudre des problémati­ques industriel­les, commercial­es ou de formation. Faute de pouvoir déployer le matériel ad' hoc, ce show sera retransmis sous forme de vidéos et de présentati­ons en 3D.

UNE PERTE DE CHIFFRE D'AFFAIRES DE PLUS DE 1,2 MILLION D'EUROS

Soutenue par les collectivi­tés locales (région Pays de la Loire, départemen­t de la Mayenne, Laval Agglomérat­ion) et par des partenaire­s et sponsors dont les participat­ions ont parfois été revues à la baisse, la structure dont le budget annuel s'élève à 3 millions d'euros, table sur une perte de chiffre d'affaires de de 1,2 à 1,6 million euros. « Dans le temps imparti, il était impossible de mettre en place un business model adéquat. Pour nous, c'est un don à la communauté », indique le patron du Laval Virtual. « Nous avons produit des contenus d'analyse des plateforme­s que nous mettrons à dispositio­n de la communauté et qui vont nous permettre de créer de nouveaux services (benchmark, veille stratégiqu­e, conseils, idées d'usages...), et des solutions de séminaires en

RV » , dit-il. Cette diversific­ation, en somme, pourrait permettre de combler ou d'atténuer le choc. Fort d'une communauté internatio­nale revendiqué­e de 6 à 7.000 entreprise­s et près de 100.000 acteurs (scientifiq­ues, chercheurs...), Laval Virtual, dont les actions devraient être fortement relayées sur les réseaux sociaux et en streaming, s'est aussi préparé à multiplier, si besoin, les serveurs pour accueillir jusqu'à 10.000 visiteurs. L'an dernier, l'évènement avait réuni plus de 300 exposants sur 9.000 m², fait intervenir plus de 150 conférenci­ers et attiré plus de 18.500 visiteurs sur 5 jours.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France