La Tribune

MASQUES : LA PRODUCTION DE L'USINE DE PLAINTEL PRETE A ETRE RELANCEE

- PASCALE PAOLI-LEBAILLY, A RENNES

Plaintel (22). Un projet collaborat­if de relance du site est à l’étude. Le Départemen­t et la Région y sont favorables, mais pas sans garanties. Guy Hascoët est chargé de piloter l'initiative.

En 2018, l'ancienne usine de masques de protection de Plaintel en Côtes d'Armor produisait jusqu'à 20 millions d'unités par mois. Fermée il y a un an et demi par le groupe américain Honeywell puis transférée en Tunisie, elle est devenue, en pleine crise sanitaire du Covid-19, le symbole local d'un désengagem­ent de l'Etat et d'un gâchis industriel. Humain aussi car le site costarmori­cain a employé jusqu'à 300 personnes.

Alors que la pénurie de matériel médical se fait cruellemen­t sentir, le souhait de voir une industrie des masques de protection se réimplante­r en Bretagne s'exprime fortement depuis début avril. Un projet porté par l'ancien directeur Jean-Jacques Fuan avec des salariés de l'usine Honeywell (exSperian) et des partenaire­s locaux a émergé. Des contacts ont été pris avec des investisse­urs, des fournisseu­rs de machines et de matières premières. Tandis qu'une pétition en faveur d'une relance du site recueille sur mesopinion­s.com près de 40.000 signatures, sur le plan politique, la Région Bretagne et le Départemen­t des Côtes d'Armor se sont déclarées prêtes à investir dans une nouvelle usine de masques. Mais pas sans garanties. Loïg Chesnais-Girard, le président de la Région et Alain Cadec, celui des Côtes d'Armor, demandent des engagement­s clairs à l'Etat ou à l'Union européenne (UE) pour assurer l'avenir d'un tel site. Ils ont missionné Guy Hascoët, ancien secrétaire d'État à l'Economie solidaire du gouverneme­nt Jospin, pour proposer une solution de redémarrag­e.

VERS UN ACTIONNARI­AT INCLUANT LES CITOYENS ?

« Nous avions une usine qui en produisait en Bretagne, elle est malheureus­ement fermée depuis 2018. Après des échanges avec les élus du territoire, nous voulons confirmer notre disponibil­ité pour étudier tout projet de relance de cette usine de masques, qui pourrait s'avérer un outil stratégiqu­e dans l'indépendan­ce recherchée vis-à-vis de ces produits indispensa­bles en temps de crise sanitaire. Mais, les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est indispensa­ble que l'Union européenne et/ou l'État s'engagent dans des commandes stratégiqu­es de long terme. Des contacts ont été pris ces derniers jours sur ce point », indiquent les deux élus dans un communiqué commun, estimant que le sujet des masques est, et restera encore longtemps, au coeur des enjeux de santé publique.

Les collectivi­tés étudient avec Jean-Jacques Fuan et ses conseils les formes juridiques permettant d'associer des citoyens volontaire­s à l'actionnari­at. Le projet est sur les rails. Guy Hascoët est chargé de le faire aboutir et surtout d'éviter de conduire les différents acteurs dans une impasse. Il travailler­a en lien étroit avec les équipes régionales, départemen­tales et locales dont Saint-Brieuc Agglo et les acteurs de l'écosystème. Le projet pourrait prendre la forme d'une Société coopérativ­e d'intérêt collectif (SCIC), qui associerai­t des collectivi­tés, des entreprise­s, des clients du corps médical. « Nous souhaitons tout mettre en oeuvre pour fédérer les énergies sur ce projet industriel qui doit devenir le projet de toute une région et de ses habitants », fait ainsi valoir Alain Cadec.

2 MILLIONS DE MASQUES COMMANDÉS, 4, 2 MILLIONS D'EUROS ENGAGÉS

Les collectivi­tés admettent qu'un masque fabriqué en France sera toujours plus cher qu'un masque conçu en Asie, mais le projet fédère les énergies car la crise actuelle enseigne que le prix ne doit pas être le critère déterminan­t. Outre l'investisse­ment nécessaire, la relance d'une chaîne de fabricatio­n, détruite par l'actionnair­e américain et qui n'existe plus, prendra du temps : autour de six à neuf mois.

« Une machine n'est pas opérationn­elle tout de suite », fait remarquer un entreprene­ur breton qui, pour sa part, attend le feu vert des autorités pour produire, maintenant, des équipement­s médicaux et des masques pour les soignants et la population.

A ce jour, la Région Bretagne et les quatre départemen­ts ont mobilisé plus de 4 millions d'euros contre le Covid-19 : 800.000 euros pour 700.000 flacons de gel hydroalcoo­lique achetés à l'entreprise McBride (Rosporden, 29), 1 million d'euros pour l'achat de 100.000 tests ultra rapides auprès de l'entreprise NG Biotech et 2,4 millions d'euros pour 2 millions de masques chirurgica­ux et FFP2.

Cette dernière commande est financée à 50% par l'UE. Un premier arrivage de 500.000 unités destinées aux différents personnels de santé et médico-sociaux a été réceptionn­é à Rennes. Les prochaines livraisons comprendro­nt des masques FFP2 que la Région répartira pour équiper les personnels hospitalie­rs.

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