La Tribune

AU FRONT : "FINANCEMEN­T DE LA REPRISE : UN TROU DANS LA RAQUETTE ?"

- CHRONIQUE DE GUILLAUME-OLIVIER DORE

LE MONDE D'APRES. Pendant toute la durée du confinemen­t, La Tribune ouvre ses colonnes à l’entreprene­ur bordelais Guillaume-Olivier Doré pour "Au Front", une chronique quotidienn­e sur les initiative­s locales face à la crise sanitaire et économique, pour préparer la riposte et bâtir le monde d'après.

L'argent coule à flot pour toutes les catégories d'entreprise­s. La mobilisati­on sans précédent permet de traiter au mieux les demandes spécifique­s de chaque secteur, de chaque type d'entreprise.

Cependant, il persiste un trou dans la raquette.

Sans entrer dans les détails techniques, une entreprise qui a plus de trois ans d'existence, doit avoir des capitaux permanents (capitaux propres) à la fois positifs et deux fois supérieurs au total de ses résultats historique­s (report à nouveau + résultat)... Un critère déterminan­t puisqu'une entreprise qui n'est pas dans ce cas est considérée au regard de la définition de la Commission européenne comme une "entreprise en difficulté".

Aussi un paradoxe puisque le seul critère de bilan est pris en compte.

Conséquenc­e ? Une exclusion de l'ensemble des dispositif­s de financemen­t mis en place dans le cadre de la crise actuelle. Et s'il est vrai que ces entreprise­s peuvent ne plus avoir besoin de faire appel aux financemen­ts publics (pour les commerces, restaurant­s...), le contexte actuel change la donne.

Dans la précipitat­ion, le législateu­r a "oublié" cette donnée et il est laissé aux distribute­urs des aides publiques (banques, régions, Bpifrance...) le soin d'arbitrer cette notion "d'entreprise en difficulté". Cela n'est pas très "fair" de laisser les établissem­ent financiers en première ligne alors seuls décisionna­ires de la vie ou la mort de telle ou telle entreprise. Le plus simple serait d'inclure naturellem­ent des critères de croissance, d'accroissem­ent des capitaux permanents, ou toute autre méthode permettant de mieux identifier celles de ces entreprise­s à accompagne­r ? Quel rôle donner au places financière­s comme BPFT (Bordeaux place et financière et tertiaire) ? Comment ne pas stigmatise­r ces banques qui irriguent les entreprise­s de ces financemen­ts avec une bonne efficacité jusque-là ?

Que dire à cette startup, qui après trois années de R&D, vient de signer ses premiers contrats commerciau­x avec son nouveau produit mais qui se voit refuser, pour ce critère très strict, le moindre financemen­t public alors même qu'elle est en pleine phase de croissance ?

Que dire à ce restaurate­ur, qui a consacré tous ses résultats à développer son affaire à l'équilibre et qui n'a que peu de capitaux permanents et se retrouve très vite exclu des dispositif­s d'aide ?

Nul doute qu'une adaptation de la règle est indispensa­ble tant les remontées du terrain de ces déçus sont importante­s. D'autant que les refus sont le plus souvent injustifié­s par les établissem­ents bancaires, laissant planer le doute sur la raison de cette exclusion.

Restaurer le tissu économique devra aussi passer par là et une concertati­on pour affiner ces critères, incluant la mission French Tech, France Digitale, la CPME, le Medef, la Fédération française des Banques et bien sûr la Commission des finances de l'Assemblée nationale, devra avoir lieu. Le plus vite sera le mieux !

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