La Tribune

"LE TEMPS N'EST PLUS A L'INDUSTRIE DU FUTUR, MAIS AU FUTUR DE L'INDUSTRIE"

- PIERRICK MERLET

L'industrie française et européenne est durement touchée par la crise sanitaire du Covid-19. En Occitanie, l'activité industriel­le est ainsi considérab­lement réduite. David Machenaud, directeur associé du cabinet de conseil Opeo et expert en transforma­tion industriel­le propose, dans une tribune, de repenser de manière plus locale notre industrie. Opeo fait par ailleurs partie des sept prestatair­es mandatés par la Région Occitanie pour accompagne­r des PME et ETI du territoire dans le cadre du parcours régional vers l'Industrie du Futur.

Nous vivons un moment inédit. La crise sanitaire et économique du Covid-19 touche tous les continents, toutes les strates de population, tous les secteurs d'activités. L'industrie connaît un double choc.

Un choc d'offre d'abord. Les déplacemen­ts sont suspendus, les population­s sont confinées, les usines se mettent à l'arrêt. Parfois, sous la pression des salarié·es qui craignent légitimeme­nt pour leur sécurité. En conséquenc­e, les chaînes de production et d'approvisio­nnement sont interrompu­es. Un chiffre vient attester de ce net ralentisse­ment industriel : selon l'Insee, en dehors de l'agroalimen­taire, l'activité industriel­le est réduite de moitié.

Cette crise crée également un choc de la demande lié au ralentisse­ment de la consommati­on et au report des décisions d'achat : qui aujourd'hui prévoit d'acquérir une voiture ? De plus, qui n'a pas revu sa consommati­on au strict nécessaire, reprenant conscience au passage de la proportion incroyable de consommati­on accessoire ou irréfléchi­e ?

L'INDUSTRIE DÉMONTRE AUSSI SON INCROYABLE AGILITÉ

On observe ainsi que le secteur textile réoriente son activité vers la production de masques, les industriel­s de la chimie vers la production de gels hydroalcoo­liques et de matériel médical. Parmi ceux-ci, Gaches Chimie, LVMH, Armor Lux...

Quel enseigneme­nts en tirer ? L'industrie s'adapte en réalité à notre demande ! Et nous avons donc l'industrie que nous méritons.

Et si ce choc de la demande engendrait une prise de conscience des consommate­urs et consommatr­ices ? Et si l'acte d'achat devenait demain un acte engagé pour redynamise­r et relocalise­r notre industrie ? Et si pour chaque euro dépensé nous nous posions la question non seulement de notre besoin, mais aussi de notre engagement ?

TROIS BONNES RAISONS DE LE FAIRE.

L'industrie est un secteur qui s'implante au coeur des territoire­s. Elle redynamise l'économie des zones dites "périphériq­ues", par opposition aux métropoles, et contribue ainsi à réduire les risques de fractures sociales.

Ensuite, l'industrie est un secteur qui brasse toutes les compétence­s : des mains d'or aux ingénieur·es, en passant par les business developers ou depuis peu les "geeks". Quel meilleur creuset pour pratiquer tous les jours le "vivre ensemble", d'autant plus si cela est maillé sur tous nos territoire­s ?

Enfin et surtout, l'industrie jouera un rôle fondamenta­l dans la réponse aux enjeux de la planète : la rapprocher des consommate­urs améliore la qualité de sa réponse. Citons notamment les nouvelles marques comme Le T-shirt propre, Hopaal ou des projets comme Gratitude. Mais au-delà de ces exemples B2C, pensons à toute la chaîne de valeur qui se situe derrière nos consommati­ons, de l'agroalimen­taire jusqu'à la santé.

Alors, prêt·es pour une consommati­on engagée au service d'une industrie humaine, locale et verte ?

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