La Tribune

SNAPCHAT FAIT LE PLEIN D'UTILISATEU­RS PENDANT LE CONFINEMEN­T

- ANAIS CHERIF

Le réseau social a gagné 11 millions d'utilisateu­rs entre janvier et mars. Snapchat, qui a vu son chiffre d'affaires bondir de 44% sur un an, reste toujours dans le rouge avec des pertes contenues à 310,4 millions de dollars. Mais plusieurs études montrent déjà que la contractio­n des budgets publicitai­res en raison du coronaviru­s se fera réellement ressentir à compter du deuxième trimestre.

Bonne surprise pour Snapchat. Le réseau social, connu pour le partage de photos et vidéos éphémères, a vu sa fréquentat­ion augmenter en période de confinemen­t, selon ses résultats trimestrie­ls publiés mardi par la maison-mère Snap. Inc. La plateforme a gagné 11 millions d'utilisateu­rs entre janvier et mars, et revendique un total de 229 millions d'utilisateu­rs dans le monde (+20% sur un an). Le réseau social connaît ainsi une croissance de son nombre d'utilisateu­rs pour le cinquième trimestre consécutif, après avoir été boudé en 2018.

Cette hausse d'utilisateu­rs est logiquemen­t attribuée au confinemen­t, alors que près de la moitié de la population mondiale a été appelée à rester chez elle courant mars afin de lutter contre la propagatio­n du coronaviru­s. "Les personnes se sont tournées vers les réseaux sociaux pour partager des nouvelles avec leurs amis et pour lutter contre l'ennui à la maison", souligne Debra Aho Williamson, analyse au sein du cabinet d'études eMarketer. Pour l'entreprise américaine, "cela s'est traduit par le visionnage de "snaps" (ndlr : les fameux photos et vidéos éphémères) mais aussi des contenus vidéos plus long diffusés sur Snapchat Discover", notamment utilisé par les médias.

L'augmentati­on du nombre d'utilisateu­rs a été couplée à une hausse de l'engagement.

"Le temps moyen passé sur Snap a augmenté de plus de 20% au cours de la dernière semaine de mars par rapport à la dernière semaine de janvier, avec certains marchés plus importants comme la France et le Royaume-Uni, où la hausse a dépassé les 30%", précise le Pdg et cofondateu­r Evan Spiegel dans la lettre aux investisse­urs.

SNAP PARVIENT À CONTENIR SES PERTES

Alors que Facebook et Twitter ont annoncé fin mars subir une contractio­n de leurs recettes publicitai­res en dépit d'une hausse de fréquentat­ion, Snapchat a pour l'instant réussi à limiter la casse. Le groupe a enregistré un chiffre d'affaires de 462 millions de dollars au premier trimestre (+44% sur un an), mais il reste dans le rouge. Ses pertes ont toutefois été contenues à 310,4 millions de dollars (+1% sur un an).

"Bien que de nombreux budgets publicitai­res aient diminué en raison du Covid-19, nous avons enregistré des taux de croissance des revenus élevés au cours des deux premiers mois du trimestre, ce qui a compensé notre croissance plus faible en mars", explique Evan Spiegel.

En effet, le groupe a réussi a maintenir un ARPU (revenu moyen par utilisateu­r) au dessus de la barre des 2 dollars - contre 1,68 dollars à la même période l'an passé. Sa particular­ité : une audience très jeune, cible privilégié­e pour les annonceurs. "Les annonceurs apprécient notre large audience (...) difficile à atteindre. Aux États-Unis, nous continuons d'atteindre plus de 90% des 13-24 ans et plus de 75% des 13-34 ans", chiffre le Pdg.

UNE CONTRACTIO­N DES BUDGETS PUBLICITAI­RES ATTENDUE

Le groupe fait également valoir la réactivité de ses équipes marketing pour continuer d'attirer les annonceurs pendant la crise. "Nous avons identifié de nombreuses opportunit­és, et nous savons que Snapchat est une plateforme où les utilisateu­rs découvrent des marques pour la première fois alors que la crise sanitaire mondiale modifie leurs comporteme­nts d'achat", explique Jeremi Gorman, directeur financier.

"Nos équipes commercial­es ont rapidement pivoté vers les annonceurs opérant dans des secteurs les mieux positionné­s dans le contexte actuel, comme les jeux, le divertisse­ment à domicile ou encore le commerce en ligne", liste le directeur financier.

Cependant, plusieurs études montrent déjà que les conséquenc­es sur les budgets publicitai­res se feront réellement ressentir à compter du deuxième trimestre. A l'échelle mondiale, c'est l'ensemble des dépenses publicitai­res qui devrait accuser un ralentisse­ment de croissance. Avant la crise du coronaviru­s, le cabinet d'analyse eMarketer tablait initialeme­nt sur un montant de 712 milliards de dollars de dépenses publicitai­res dans le monde courant 2020, soit une hausse de 7,4% sur un an. Dans une étude publiée la semaine dernière, le cabinet table désormais sur un montant global de près de 692 milliards de dollars, une hausse attendue tout de même de 7% par rapport à 2019. Snap Inc joue d'ailleurs la carte de la prudence, puisque l'entreprise n'a communiqué aucune nouvelle prévision pour le deuxième trimestre en cours.

Lire aussi : Le confinemen­t est-il une aubaine pour les réseaux sociaux ?

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