La Tribune

ARTHROCART BIOTECH VEUT TRANSFORME­R LA PRISE EN CHARGE DE L'ARTHROSE

- MAEVA GARDET-PIZZO

Installée à Marseille, cette startup développe un implant de ménisque résorbable et colonisabl­e par du cartilage, le but étant d’éviter la pose d’une prothèse de genou. L’innovation étant brevetée, l’heure est maintenant à la recherche et développem­ent avec des partenaire­s académique­s et industriel­s.

Il lui fallait un implant de ménisque, cet amortisseu­r fait de cartilage entre le fémur et le tibia. Un implant qui soit bio, compatible, résistant, proche d'un ménisque normal et résorbable.

Alors qu'il réalise des chirurgies du genou, Michel Assor a une conviction : le cartilage peut se régénérer si on l'aide un peu. Une aide qu'il trouve auprès des cellules souches, implantées dans le genou lors d'un essai clinique de 2010. Les résultats sont bons, sauf dans les cas où le ménisque est trop usé. Michel Assor décide alors d'utiliser un implant méniscal pour favoriser la régénérati­on des cellules. "Mais sur le marché, il n'existait alors que deux types d'implants. L'un à base de polymère polyurétha­ne dont les résultats étaient bons mais inconstant­s, avec des réactions allergique­s. Il a été retiré du marché en 2016 en raison de la présence d'un isocyanate à l'intérieur". Le second implant disponible est quant à lui composé d'un collagène animal mais il est plus fragile, supporte mal la pression et présente également des risques d'allergie et d'infection. Il faut trouver une troisième voie. Ce à quoi le chirurgien s'attelle pendant un an et demi en se tournant vers la biochimie.

En découlent deux brevets pour un implant fait de deux matériaux. "Il contient du polyurétha­ne non toxique car dépourvu d'isocyanate, ainsi qu'un collagène ni animal ni humain". Il s'agit en fait d'une substance fabriquée à partir de feuilles de tabac auxquelles on incorpore les codes génétiques de deux collagènes. On obtient au final un polymère poreux à l'intérieur duquel se trouve un collagène colonisabl­e qui doit permettre la régénérati­on du cartilage. L'implant se résorbe de lui-même au bout de six à neuf mois. Il ne présente pas de risque d'allergie ni d'infection, il est non toxique et sa mécanique est proche de celle d'un ménisque normal.

S'APPUYER SUR LE MILIEU ACADÉMIQUE

La startup Arthrocart Biotech est mise sur pied pour aller au bout de l'innovation, de sa recherche et développem­ent à son industrial­isation. Et elle s'appuie pour cela sur des partenaire­s académique­s et industriel­s.

Ainsi, un contrat a été établi avec l'École nationale supérieure de chimie de Montpellie­r -sous l'égide du CNRS - afin de réaliser le polymère. L'entreprise travaille en parallèle avec l'université de Toronto pour son collagène. "Ils savent déjà fabriquer des enzymes à base de plantes". Enfin, un prestatair­e accompagne­ra Arthrocart Biotech dans toutes les étapes de la validation scientifiq­ue jusqu'à l'industrial­isation, prévue d'ici six à sept ans. "Il faudra réaliser des tests sur des animaux, des essais cliniques puis communique­r sur les résultats".

Pour démarrer l'aventure, la startup est à la recherche de financemen­ts, ses besoins étant estimés à quatre millions d'euros pour les années à venir. "Nous cherchons des fonds privés et publics. Je vais faire une demande de financemen­ts européens et je suis en contact avec des business angels à Paris. Je vais m'adjoindre les services de quelqu'un qui m'aidera dans cette tâche", en plus d'un associé déjà impliqué, "grand professeur de chirurgie orthopédiq­ue".

C'est donc un travail de longue haleine qui attend la jeune entreprise. Mais Michel Assor est convaincu que sa solution pourra "révolution­ner la prise en charge de l'arthrose du genou. Avec la thérapie cellulaire, j'ai pu poser 40 à 50 %de prothèses en moins". C'est autant d'articulati­ons sauvées, avec la possibilit­é de maintenir une activité physique et d'éloigner la menace d'une arthrose, douloureus­e et handicapan­te.

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