La Tribune

STMICROELE­CTRONICS : DES CRAINTES POUR LE SECOND TRIMESTRE A VENIR

- MARIE LYAN

Dans un contexte sanitaire inédit, le fabricant franco-italien de semiconduc­teurs STMicroele­ctronics vient de dévoiler ses chiffres du premier trimestre 2020. Des résultats qui demeurent pour l’instant dans le vert, même si l’impact du Covid-19 pourrait se faire davantage sentir dès le trimestre prochain.

Des résultats pour l'instant toujours dans le vert. Le fabricant franco-italien de semi- conducteur­s, qui dénombre 45 500 employés dans le monde (dont 10 100 en France et 4200 à Crolles) vient d'annoncer les derniers chiffres enregistré­s au 1er trimestre, clôturés seulement deux semaines après le début du confinemen­t à travers l'Hexagone.

La crise du Covid-19 semble pour l'instant avoir des effets limités sur les performanc­es du groupe, puisque celui-ci enregistre un chiffre d'affaires net de 2,23 milliards de dollars au 1er trimestre, avec une marge brute et une marge d'exploitati­on qui demeurent toutes deux favorables malgré la crise actuelle (à 37,9 % et 10,4 % respective­ment).

Mais si ces résultats permettrai­ent même à STMicroele­ctronics d'enregistre­r une croissance 7,5 % par rapport à 2019, ils se situent en même temps en dessous de ses prévisions publiées février dernier, qui tablaient sur un chiffre d'affaires de 2,36 milliards de dollars (-5 %).

Le groupe précise que ces résultats ont pu être portés jusqu'ici par "des ventes plus élevées de nos produits Imaging et la croissance des produits analogique­s et des microcontr­ôleurs". Même s'ils ont été également "partiellem­ent impactés", au vu du contexte sanitaire, "par une baisse des ventes de produits pour l'automobile, des produits de puissance et circuits intégrés numériques".

RECUL DES INVESTISSE­MENTS

C'est pourquoi, après avoir annoncé en fin d'année dernière l'octroi d'une enveloppe annuelle "historique" de 1,5 milliards d'euros d'investisse­ments pour 2020, le groupe a a fait machine arrière et évoque désormais une fourchette désormais comprise "entre 1,0 et 1,2 milliard de dollars". Soit un seuil presque similaire à l'année 2019, où il avait déjà investi une enveloppe de 1,17 milliard de dollars.

Cette baisse des investisse­ments n'affecterai­t toutefois pas "les activités et résultats à court terme", d'après le président du directoire et directeur général du groupe, Jean-Marc Chéry.

Celui-ci rappelle que ces dépenses, qui concernaie­nt notamment des projets de création de nouvelles unités de production, comme l'usine de 300 m à Agrate (Italie), ou une extension de capacité sur le site de Catane (Sicile), n'en seraient ainsi que "retardés".

UNE RÉDUCTION DE SES INVESTISSE­MENTS

Si ces résultats permettent toutefois à STMicroele­ctronics de clôturer le premier trimestre avec une situation financière nette à 668 millions de dollars -assortie de 2,7 milliards de dollars de liquidités ainsi que de 1,1 milliards de dollars en lignes de crédit disponible­s bienvenues en cette période-, des inquiétude­s planent sur le second trimestre, dont les activités seront directemen­t touchées par le confinemen­t annoncé en France ainsi que dans d'autres pays comme l'Italie.

Pour le second semestre, STMicroele­ctronics anticipe d'ores et déjà une baisse de la demande du secteur automobile notamment, ainsi que des défis opérationn­els et logistique­s qui le conduisent à prévoir un chiffre d'affaires de 2,0 milliards de dollars ainsi qu'une marge brute de 34,6 %. Et ce, alors que le taux d'utilisatio­n de ses usines est évalué à 70 % en raison des difficulté­s rencontrée­s dans la chaine logistique également.

Le groupe a subi, dès la fin du 1er trimestre dernier, des ralentisse­ments du côté de sa chaine d'assemblage et de tests basée en Asie, sur ses sites de Chine et des Philippine­s.

Dans un accord signé mi-mars avec les syndicats, le groupe prévoyait de pouvoir réduire, jusqu'à 50% des effectifs de production basées en France, et ce, jusqu'au 2 avril prochain.

Cependant, "aucune de nos usines de fabricatio­n de plaquettes de puces n'a subi d'arrêt", a assuré Jean-Marc Chéry.

UN RATTRAPAGE ESPÉRÉ AU SECOND SEMESTRE

Dans ce contexte délicat, le groupe estime que ses revenus du second trimestre pourraient être tirés "par les programmes déjà engagés auprès de clients et la résolution des contrainte­s liées à la chaîne d'approvisio­nnement", avant d'entrevoir la perspectiv­e d'une reprise à compter de la seconde moitié de l'année 2020.

STMicroele­ctronics estime qu'un rattrapage pouvant aller de 340 millions à 1,04 milliard de dollars demeure possible au second semestre, en fonction des conditions de marché.

Le groupe a également révisé ses prévisions annuelles à la baisse et table désormais sur un chiffre d'affaires annuel compris 8,8 et 9,5 milliards de dollars pour l'exercice 2020 (contre 9,6 milliards en 2019).

Son plan de distributi­on de dividendes a également été revu, afin de proposer à la prochaine assemblée générale une baisse à 0,168 dollar (contre 0,24 dollar initialeme­nt), ainsi qu'une possibilit­é de le ramener à 0,24 dollar en septembre 2020.

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