La Tribune

MICHAEL SEBBAN : "LES FONCIERES IMMOBILIER­ES DOIVENT AUSSI JOUER LE ROLE D'AMORTISSEU­R"

- LAURENCE BOTTERO

En annulant les loyers de certains des commerces que gère le Groupe Sebban, originaire d'Aix-en-Provence, son dirigeant insiste sur le rôle primordial qu'endossent les foncières immobilièr­es, maillon fort dans la chaîne de création de valeur. Et le sujet est encore plus vrai dès qu'il s'agit de commerces en centre-ville. Avec, en filigrane, le fameux effet d'entraîneme­nt.

La décision a été prise avant même que le confinemen­t ne devienne officiel. Décision "naturelle" pour Michaël Sebban, qui, s'il rend désormais la chose publique, le fait surtout pour tenter de provoquer un effet boule de neige. Comprendre, inciter d'autres foncières à emboîter le pas.

Depuis mi-mars donc, le Groupe Sebban, foncière d'immobilier commercial, a annulé les loyers de 45 enseignes de centre-ville, 80 % d'entre elles étant situés en Provence Alpes Côte d'Azur, notamment à Aix-en-Provence, Marseille ou Toulon.

LE CENTRE-VILLE, ÉLÉMENT DE FÉDÉRATION

Un choix qui s'inscrit dans la vision du Groupe. Créée en 2012, la foncière s'est construite briques par briques, jusqu'à devenir une entreprise structurée, présente outre le Sud, également à Bordeaux et Paris, possédant un portefeuil­le de 70 commerces, une soixantain­e détenue seule, une dizaine, en associatio­n. Soit au total, 12 000 m2.

Un modèle indépendan­t qui résulte de la philosophi­e de Michaël Sebban, désireux de créer une "foncière à taille humaine" et capable de conserver "les valeurs de proximité". Ceci n'étant absolument pas négligeabl­e dès lors que l'on opère majoritair­ement en centre-ville.

Le centre-ville qui est d'ailleurs - il n'a pas fallu attendre la crise pour cela - un enjeu d'importance pour la cité. "Les communes reprennent en main leur centre-ville. Il a toujours été clé, un élément de fédération", pointe Michaël Sabban. "On n'a jamais remplacé le centre-ville. On a toujours envie d'y aller pour se faire plaisir, pour trouver des choses atypiques".

EFFET D'ENTRAÎNEME­NT

C'est donc ce contexte d'imbricatio­n dans l'économie de proximité que le Groupe explique pourquoi les foncières doivent jouer leur rôle d'acteur participan­t à la création de valeur.

Et de saluer le positionne­ment de Philippe Journo - le PDG de la Compagnie de Phalsbourg NDLR - qui le premier, a communiqué sur sa décision d'annuler les loyers des commerces. "Cela a ringardisé certains acteurs", s'amuse presque Michaël Sebban, qui se dit "inspiré" par l'homme dans cette démarche.

L'important, c'est bien l'effet d'entraîneme­nt produit. C'est même cela l'essentiel, ce qu'il faut retenir. "Le prime, c'est les axes qualitatif­s. Tous les grands acteurs du secteur ne représente­nt pas la majorité. Avec les institutio­nnels, ils concentren­t peut-être 10 % du marché. Les bailleurs de plus petite taille représente­nt 90 % de celui-ci. Ce qui compte, c'est ce que chacun décide de faire pour la société". Et Michaël Sebban de pousser encore plus loin. "L'Etat, les banques jouent le jeu. Si les bailleurs le jouent aussi, il ne faut pas douter que le consommate­ur sera là. La reprise va être dure, certes. Mais que signifient 3 mois sur un bail de 9 ans ? Nous avons tous besoin d'actes citoyens. Chacun, à son niveau, peut faire ce petit plus. Et les enseignes doivent aussi jouer le rôle d'amortisseu­r". Il faut, globalemen­t, "faire jouer la capacité d'amortissem­ent à chaque étape".

Le risque d'un comporteme­nt qui ne serait pas solidaire c'est celui, notamment, de la vacance. Or, "la vacance entraîne la vacance", rappelle Michaël Sebban. Et le centre-ville, "a toujours été un vivier". Il faut donc contribuer à le faire vivre, respirer, passer la crise, avoir tous les atouts de son côté pour repartir de plus belle.

Car, ce sont "les économies d'échelle qui vont ruisseler jusqu'au bout. Contribuan­t à un climat de confiance renouvelé". C'est bien là - dans la notion de confiance - que se situe tout l'enjeu de la reprise...

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