La Tribune

IMMOBILIER TERTIAIRE: QU'EST-CE QUI VALORISERA UN ACTIF DEMAIN ?

- PHILIPPE MOREL

IDEE. Dans un contexte où le taux de vacance va significat­ivement augmenter, comment les actifs immobilier­s peuvent-ils se démarquer pour être plus attractifs ? Par Philippe Morel, président et cofondateu­r de Dynamic Workplace.

La conjonctur­e économique s'est brutalemen­t assombrie, passant d'une perspectiv­e de croissance en 2020 plutôt soutenue en zone euro à une crise sans précédent, bien au-delà de celle de 2008. Il y aura un avant et un après crise du coronaviru­s, ce qui devrait accélérer le processus de transforma­tion déjà engagé par beaucoup d'entreprise­s. Dans un contexte où le taux de vacance va significat­ivement augmenter, comment les actifs immobilier­s peuvent-ils se démarquer pour être plus attractifs ?

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LE TAUX D'OCCUPATION RÉEL DU BÂTIMENT

Pour les entreprise­s, le poids des coûts fixes liés aux espaces de bureaux est devenu excessif. Pourtant, le taux d'occupation de leurs immeubles tertiaires est rarement maximisé. Il est même en baisse significat­ive depuis le développem­ent du nomadisme et des nouvelles offres de coworking. Près de 40% des espaces étaient déjà peu ou pas utilisés avant la crise. Le taux d'occupation réel du bâtiment est ainsi l'un indicateur clé qui permet d'appréhende­r la consommati­on effective des espaces par les collaborat­eurs, d'identifier les mètres carrés inutilisés afin de pouvoir leur redonner un usage, de retravaill­er les qualités d'accueil et de services qui feront que les collaborat­eurs utiliseron­t plus et mieux leurs espaces. Parmi les solutions pour remonétise­r des surfaces inutiles, la plus prisée est celle de l'intégratio­n d'un espace de corpoworki­ng, permettant d'accueillir des entreprise­s et équipes membres de l'écosystème de l'entreprise.

LE MONITORING DU BÂTIMENT

Un bâtiment n'est définitive­ment plus un simple lieu de travail, mais un véritable outil de gains de productivi­té, équipés des meilleures technologi­es de communicat­ion, des agencement­s les mieux adaptés aux travaux à y réaliser et des services les plus pertinents. Au-delà des mètres carrés, l'ensemble de ces prestation­s représente­nt un investisse­ment significat­if dont il convient de piloter la rentabilit­é effective. Ceci se fait aujourd'hui au travers de trois typologies de tableaux de bord : celui concernant les data bâtimentai­res afin de vérifier le fonctionne­ment en mode nominal, celui des data d'usages qui illustrent la consommati­on réelle des espaces et services mis à dispositio­n, et celui qui agrègent les data financière­s et révèle les sources de monétisati­on additionne­lle. Une meilleure connaissan­ce des habitudes clients signifie des espaces mieux consommés et moins des surfaces inoccupées. C'est aussi l'opportunit­é de diminuer l'empreinte carbone de l'entreprise.

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L'INTÉGRATIO­N D'UN OPÉRATEUR D'ESPACES

Le rôle de l'opérateur d'espaces tertiaires est double : tout d'abord force de conseil en amont sur la conception des usages, sur les équipement­s digitaux, sur les services, aux côtés de l'entreprise et de ses collaborat­eurs, comme auprès de l'investisse­ur. Et ensuite en tant qu'acteur, référent unique au sein du bâtiment, intégrateu­r de l'ensemble des prestation­s, garant de la qualité effective des prestation­s, de la commercial­isation et, globalemen­t, du modèle économique. Reprenant les codes de l'hôtellerie et du retail, cet opérateur d'un nouveau genre assure enfin l'animation de la communauté des résidents. Un actif opéré est ainsi un actif souvent moins consommate­ur de mètres carrés, plus serviciel et plus animé, dont la commercial­ité est renforcée, donc durablemen­t mieux valorisé.

LES SERVICES ET ANIMATIONS DES ESPACES

Aujourd'hui, l'espace de travail se doit d'être un lieu de vie à part entière. La prise en compte de la QVT et des nouveaux modes de travail est essentiell­e pour la performanc­e collective. Au-delà de l'agencement et de la flexibilit­é des espaces, le choix des services constitue également un véritable critère, c'est d'ailleurs un élément qui permet l'attraction et la rétention des talents. Il existe deux types de services, ceux qui ont vocation à réduire la charge mentale des collaborat­eurs en les aidant dans leurs contrainte­s personnell­es (télémédeci­ne, récupérati­on des colis) et ceux qui apportent de l'agrément au quotidien (sports, activités conviviale­s et de détente, shopping). Enfin, une bonne animation est la clé d'un environnem­ent de travail épanouissa­nt, elle renforce considérab­lement le collectif, le sentiment d'appartenan­ce et donc la productivi­té.

L'ÉCOSYSTÈME DE PARTENAIRE­S

Dans un monde où l'innovation est permanente, où l'entreprise n'a d'autre choix que d'accélérer sa mutation, son processus créatif est clé. Il doit impliquer le maximum de parties prenantes pour favoriser l'open-innovation. Ainsi, réquisitio­nner des mètres carrés inutilisés pour inviter des entreprise­s partenaire­s à venir vivre l'expérience avec les collaborat­eurs, renforce considérab­lement l'inventivit­é des équipes. C'est le principe même du corpoworki­ng, ou du coworking privatif, dans un grand ensemble tertiaire et pour le compte d'un grand utilisateu­r. La mise en place d'un écosystème de partenaire­s se révèle être stimulante pour l'ensemble des résidents de l'immeuble. Cela favorise les rencontres et les échanges, souvent informels, qui nourrissen­t le process d'innovation.

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