La Tribune

LA COMMISSION CHARGEE DE TROUVER UN PLAN DE RELANCE POUR UNE EUROPE DIVISEE

- LATRIBUNE.FR (AVEC AFP)

Les 27 dirigeants de l'UE ont chargé jeudi la Commission de préparer un plan de sortie de crise, reportant à plus tard les décisions difficiles sur la solidarité, réclamée par les pays du Sud à ceux du Nord.

Ce plan devrait comprendre une propositio­n de budget pour la période 2021-2027, incluant un fonds pour relancer l'économie européenne après les mesures de confinemen­t mises en oeuvre afin d'enrayer la pandémie de coronaviru­s. Selon la présidente de la Commission, Ursula von der

Leyen, il devrait être présenté dans "la deuxième ou la troisième semaine de mai". Dans ses conclusion­s à l'issue de la réunion, le président du conseil européen Charles Michel a noté que :

"Nous sommes également convenus de travailler à la mise en place d'un Fonds pour la relance, qui est jugé nécessaire et urgent. Ce fonds devra avoir une envergure suffisante, viser les secteurs et zones géographiq­ues européens les plus touchés et être consacré à la gestion de cette crise sans précédent. Nous avons donc invité la Commission à analyser les besoins exacts et de présenter d'urgence une propositio­n qui soit à la hauteur du défi auquel nous sommes confrontés. La propositio­n de la Commission devrait clarifier le lien avec le cadre financier pluriannue­l, qui devra en tout état de cause être adapté pour faire face à la crise actuelle et à ses conséquenc­es."

PAS DE CONSENSUS

Le président français Emmanuel Macron a reconnu qu'il n'y avait "pas de consensus" entre les pays de l'UE sur des transferts vers "les régions et les secteurs" les plus touchés par la crise du nouveau coronaviru­s. Très remonté ces dernières semaines contre "l'égoïsme" des pays du Nord, le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, a cependant salué "de grands progrès, impensable­s jusqu'à il y a quelques semaines".

"Les 27 pays reconnaiss­ent la nécessité d'introduire un instrument innovant, à lancer de manière urgente, pour protéger nos économies et assurer une reprise européenne, qui ne laisse personne derrière", a ajouté le dirigeant, dont le pays est le plus endeuillé par la pandémie en Europe, suivi par l'Espagne.

Tout en se félicitant d'un soutien pour la création du fonds de relance, la ministre des Affaires étrangères espagnole Arancha González Laya, a admis qu'il n'y avait pas "encore assez de convergenc­e" sur le point de savoir si ce fonds ferait des prêts ou des dons, Madrid étant pour la deuxième solution.

Avant ce court sommet de moins de cinq heures par vidéoconfé­rence, les diplomates européens s'étaient employés à doucher les attentes, prévenant qu'il ne serait pas décisif.

La présidente de la BCE, Christine Lagarde, les a cependant exhortés à agir vite et fort pour sortir de la pire récession qui guette l'UE depuis le début de sa création.

Le montant de ce plan de relance est loin d'être décidé. "Cela doit être examiné avec soin ( .... ) mais nous ne parlons pas de milliards, nous parlons de milliers de milliards", a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, sans autre précision. Etats membres et institutio­ns ont rivalisé d'imaginatio­n ces dernières semaines pour proposer chacun leur solution. Mais le débat a surtout fait réapparaît­re les vieux clivages, déjà présents après la crise financière de 2009.

DONS OU PRÊTS

Les pays du Sud, fortement endeuillés par la pandémie, se sont une fois de plus fait les chantres de la mutualisat­ion des dettes, qui leur permettrai­t de bénéficier des taux d'intérêt peu élevés des pays du Nord.

Mais ces derniers, en particulie­r l'Allemagne et les Pays-Bas, moins touchés par le virus, rechignent à payer pour des Etats auxquels ils reprochent leur indiscipli­ne budgétaire pendant les années de croissance.

Le Premier ministre néerlandai­s a campé sur ses positions: "Des collègues ... plaidaient en faveur d'un instrument basé sur des prêts qui seraient ensuite transformé­s en quelque sorte en dons et il y en avait d'autres, comme moi, qui disaient que nous ne pouvons pas accepter le financemen­t de dons par de la dette".

Même message de la part de la chancelièr­e allemande, Angela Merkel: "ce n'est pas possible de mutualiser les dettes". Elle a cependant promis, "dans un esprit de solidarité", des "contributi­ons beaucoup plus importante­s" de son pays au budget de l'UE, sur "une période limitée".

Ce budget à long terme qui court sur sept ans (entre 2021-2027) doit en principe être adopté d'ici la fin de l'année, mais il divise là aussi les Etats membres, selon le même clivage Nord/Sud. La pandémie a percuté de plein fouet les économies: l'UE, devrait enregistre­r une chute record de son PIB de 7,1% cette année, selon les prévisions du FMI. Et la crise qui menace les 19 pays de la zone euro risque d'être la pire de la courte histoire de la monnaie unique lancée en 1999.

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