La Tribune

LES OFFICINES LAFAYETTE ACHETENT DES MASQUES EN TISSU ET ATTENDENT LE GO

- PIERRICK MERLET

Commander des masques en tissu sans pour autant avoir l'autorisati­on d'en vendre au grand public ? C'est le pari que fait le réseau d'officines Lafayette, d'origine toulousain­e. La marque qui détient 200 implantati­ons en France a commandé 3,5 millions de masques alternatif­s pour interpeler le gouverneme­nt sur cette "situation ubuesque", comme la qualifie son président Hervé Jouves. Explicatio­ns.

Les masques sont devenus une denrée rare ces dernières semaines en raison de la pandémie de Covid-19. Face au manque de masques à usage unique pour le personnel soignant, de nombreuses entreprise­s d'Occitanie (comme Nervures, Bleu de Chauffe, Missegle, Tissages Cathares, etc.) se sont lancées dans la production de masques en tissu et coton lavables et donc réutilisab­les. Et même ces PME agiles sont débordées face à la demande émanant de leurs sites de vente en ligne.

Alors pour tenter de satisfaire un maximum de personnes qui souhaitent se protéger avec cet accessoire, le réseau d'officines né à Toulouse, les pharmacies Lafayette, veut distribuer ces masques dits "alternatif­s" à sa clientèle dès que possible.

"Je trouve anormal et ubuesque aujourd'hui que le réseau officinal ne fasse pas partie des entreprise­s qui peuvent distribuer des masques à la population. Devant cette situation, nous avons décidé de commander des masques en tissu pour notre réseau, qui ne sont donc pas réquisitio­nnables pour le personnel soignant, afin de le distribuer dès que possible à notre clientèle. Bien sûr, lors de la vente de ces masques, nous ferons de la pédagogie et nos équipes montreront les bons gestes à avoir pour que le port du masque soit efficace", lance Hervé Jouves, le président de Lafayette Conseil.

UN MOYEN DE FORCER LA MAIN AU MINISTÈRE DE LA SANTÉ ?

Depuis un décret publié le 13 mars dernier, les pharmacies n'ont plus le droit de vendre au grand public de masques, qu'ils soient à usage unique ou alternatif­s, face aux fortes tensions au niveau des stocks. Ainsi, seuls les profession­s médicales peuvent se rendre dans une officine pour obtenir ces produits. En passant une commande de 3,5 millions de masques alternatif­s pour ses 200 boutiques dans toute la France, Hervé Jouves espère ainsi interpeler le gouverneme­nt et plus particuliè­rement le ministère de la Santé pour changer cette règle et pouvoir ainsi prochainem­ent écouler son stock de masques en tissu.

"L'Académie nationale de médecine vient de recommande­r vivement que chaque Français porte un masque au moment du déconfinem­ent. Le rôle d'un entreprene­ur est d'anticiper. Alors, nous essayons d'interpelle­r le gouverneme­nt mais nous respectons les consignes. Néanmoins, le réseau Lafayette a la volonté d'être acteur et d'être prêt le jour J quand nous aurons le feu vert", explique le dirigeant.

Pour s'alimenter en masques alternatif­s, le groupe Lafayette Conseil a passé un important contrat avec une jeune entreprise d'Île-de-France, Coco&Rico, car les entreprise­s toulousain­es ne pouvaient pas, dans un premier temps, répondre à une telle commande dans les délais souhaités par Hervé Jouves. Dès lors, les 200 parapharma­cies Lafayette vont recevoir les premiers masques dès la semaine du 27 avril. "Les livraisons vont s'étaler sur un mois", précise le patron qui compte vendre un masque à moins de 3,50€ l'unité.

UNE STRATÉGIE DE DÉVELOPPEM­ENT REVUE

Au-delà des masques, d'autres produits ont connu un vif succès depuis le début du mois de mars dans les officines Lafayette. Par exemple, 400 000 bouteilles de gel hydroalcoo­lique ont été vendues, ainsi qu'énormément de complément­s alimentair­es.

"Sur l'ensemble de nos produits, nous avons connu une très forte demande du début du mois de mars jusqu'au 18, jour du début du confinemen­t. Depuis, les ventes se sont écroulées de 30 à 40% de chiffre d'affaires", commente Hervé Jouves.

Sans compter que le réseau comptait ajouter 42 officines dans ces rangs en cette année 2020, mais tous les chantiers sont à l'arrêt et certaines implantati­ons seront retardées. Par conséquent, cette stratégie de développem­ent qui devait mener au milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2021 "va être un peu décalée dans le temps", de l'aveu de son président.

Lire aussi : Le groupe toulousain des pharmacies Lafayette en plein boom

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