La Tribune

AIDES D'ETAT : 9 MILLIARDS D'EUROS POUR LUFTHANSA, 3 MILLIARDS POUR ALITALIA

- FABRICE GLISZCZYNS­KI

Le groupe de transport aérien a annoncé ce jeudi négocier avec l'Etat allemand un plan de sauvetage "de 9 milliards d'euros" pour lui éviter la faillite en raison de la crise liée au Covid-19. Les négociatio­ns portent non seulement sur un prêt mais aussi sur l'entrée de l'Etat allemand au capita du groupe à hauteur de 25%l. De son côté, le gouverneme­nt italien s'est dit prêt à injecter au moins trois milliards d'euros dans Alitalia.

Entre les mesures générales de soutien à toutes les entreprise­s comme la prise en charge du chômage partiel en France, et les mesures spécifique­s au transport aérien, l'Europe va probableme­nt être la zone géographiq­ue où le soutien des Etats aux compagnies aériennes sera le plus important.

BERLIN VEUT ENTRER AU CAPITAL

Quinze jours après l'annonce du plan de soutien à Air France d'un montant de 7 milliards d'euros, Lufthansa a annoncé ce jeudi négocier avec l'Etat allemand un plan de sauvetage "de 9 milliards d'euros", qui pourrait inclure une nationalis­ation partielle du groupe, afin de lui éviter la faillite. Ce soutien s'ajoute à celui obtenu en Suisse et en Autriche où sont basées des compagnies membres du groupe (Swiss et Austrian Airlines). L'Etat helvète va en effet garantir 1,2 milliard d'euros de prêts à Swiss et Edelweiss, tandis qu'en Autriche, Austrian Airlines a demandé une aide publique de 767 millions d'euros.

BERLIN VEUT 25% DU CAPITAL

Les négociatio­ns en Allemagne "en cours" portent sur un crédit mais aussi "sur une entrée de l'Etat au capital de l'entreprise" allant jusqu'à 25% et une action, c'est-à-dire une minorité de blocage, explique Lufthansa dans un communiqué. Le groupe ajoute que l'Etat "vise à obtenir un siège au conseil de surveillan­ce" du groupe.

Les négociaito­ns sont serrées. Lufthansa refuse d'être influencée dans sa stratégie par les pouvoirs politiques des pays dont sont basées les compagnies du groupe.

"Nous avons besoin d'aide publique mais pas d'une direction nationalis­ée", a réitéré cette semaine le patron de Lufthansa, Carsten Spohr, lors de l'assemblée générale des actionnair­es.

"Le processus pour trouver un accord politique dure toujours", note Lufthansa.

10.000 SALARIÉS SUR LA SELLETTE

Actuelleme­nt, le groupe a encore quelque 4 milliards d'euros en cash, a expliqué Carsten Spohr.

PERTE D'UN MILLION D'EUROS PAR HEURE

Comme le reste des compagnies aériennes européenne­s, les transporte­urs du groupe allemand sont quasiment à l'arrêt. Sur 760 appareils environ, quelque 700 sont actuelleme­nt cloués au sol et plus de 80.000 de ses 130.000 salariés sont au chômage partiel. Engagé dans une restructur­ation visant à réduire durablemen­t la voilure du groupe et à se séparer de près de 100 avions, Carsten Spohr a récemment estimé avoir 10.000 salariés en trop au regard de la crise actuelle.

LA CRISE VA DURER PLUSIEURS ANNÉES

Cette aide va permettre au groupe allemand de projeter dans la période de reprise qu'il prévoit depuis depuis plusieurs semaines déjà longue et douloureus­e. Début avril, Lufthansa prenait le contrepied des scenarios optimistes qui prévoyaien­t une reprise de l'activité en 2021 en affirmant au contraire ne pas s'attendre à un retour rapide du secteur du transport aérien au niveau d'avant la crise avant plusieurs années. "La levée totale des restrictio­ns de voyage durera des mois" et le retour de la demande à la normale "des années", précisait-il. Depuis, un grand nombre de compagnies ont adhéré à ce diagnostic.

TROIS MILLIARDS D'EUROS POUR ALITALIA

De son côté, le gouverneme­nt italien s'est dit prêt jeudi à injecter au moins trois milliards d'euros dans la compagnie aérienne en difficulté Alitalia, où 6.600 employés seront au chômage technique jusque fin octobre du fait de l'impact de l'épidémie de coronaviru­s.

"Le capital initial de la nouvelle compagnie ne pourra pas être inférieur à trois milliards d'euros", a annoncé le ministre de l'Industrie Stefano Patuanelli, lors de la présentati­on du projet de nationalis­ation de la compagnie devant les sénateurs.

"Le gouverneme­nt n'a pas l'intention de procéder à un nouveau sauvetage, nous voulons relancer la compagnie", a-t-il ajouté.

Le gouverneme­nt italien a annoncé il y a deux semaines son intention de constituer en juin une nouvelle société publique pour sauver Alitalia. Cette compagnie, qui sera au moins dans un premier temps nationalis­ée, devrait disposer d'une flotte de plus de 90 appareils contre 113 actuelleme­nt, avait expliqué alors M. Patuanelli.

Concernant l'emploi, il avait rappelé la volonté du gouverneme­nt de le protéger au maximum. "Mais parler de zéro suppressio­n de postes, je pense, est très difficile", avait-il ajouté. Alitalia accumule les pertes depuis des années et a dû être placée sous tutelle de l'administra­tion en 2017 mais la crise liée à la pandémie a aggravé sa situation, comme celle de toutes les compagnies aériennes.

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