La Tribune

MASSOGBE TOURE : « LA MAITRISE DE LA PANDEMIE SOULAGERA LES ENTREPRISE­S »

- RISTEL TCHOUNAND

A travers le Continent, le business est asphyxié par la crise provoquée par la pandémie du COVID-19. En Côte d’Ivoire où le secteur privé travaille en collaborat­ion avec le gouverneme­nt, les entreprise­s attendent patiemment ou impatiemme­nt, la maîtrise de la situation, surtout celles opérant à l’export, freinées par la fermeture des frontières. Entretien avec Massogbè Touré, vice-présidente de la CGECI, le patronat ivoirien.

La Tribune Afrique - Comment s'organise la gestion de cette crise au niveau du patronat ?

Massogbè Touré - Dès les premiers signaux de la crise, nous avons établi une communicat­ion permanente entre le patronat et le secteur privé au travers des comités mixtes, afin de voir ensemble comment remédier à cette situation. Les mesures incitative­s prises par le gouverneme­nt sur propositio­n du patronat pour accompagne­r les opérateurs appuient également notre action. C'est dans cet élan que nous évoluons dans la gestion de la crise. Nous échangeons beaucoup avec nos membres au niveau du patronat pour recueillir leurs préoccupat­ions, les réalités auxquelles ils sont confrontés au quotidien, pour voir comment les aider à s'en sortir. De nombreuses entreprise­s sont au télétravai­l, quelques rares usines tournent, mais avec le pandémie le niveau de production reste minime comparé aux capacités.

Quelles sont ces préoccupat­ions des entreprise­s ?

La situation, il faut le dire, est vraiment difficile pour les entreprise­s. C'est vrai qu'il y en a qui arrivent à fonctionne­r avec le télétravai­l, mais il existe des activités qui ne s'y prêtent pas, notamment l'industrie. Nous avons des membres au sein du patronat qui évoluent dans des secteurs tels que l'hôtellerie, durement frappés par la crise. Personnell­ement, je suis une industriel­le, nous sommes confrontés à de nombreux problèmes. Mais la CGECI étant le bras armé du secteur privé, nous sommes en permanence en communicat­ion avec le gouverneme­nt de Côte d'Ivoire pour que nous puissions ensemble tracer les pistes d'assistance aux entreprise­s.

Justement fondatrice et PDG du groupe SITA, spécialisé dans la transforma­tion de l'anacarde, vous êtes en premier plan de cette filière qui compte en Côte d'Ivoire, le pays étant premier producteur mondial. Alors qu'une campagne commercial­e ambitieuse a été lancée en février, comment les opérateurs s'y prennent-ils désormais ?

Effectivem­ent, la campagne commercial­e de la noix de cajou a commencé le 5 février. Certes la filière n'était pas encore en pleine production, mais nous nous attendions en principe à avoir un pic des affaires au mois de mars. C'est malheureus­ement à ce moment que le coronaviru­s est apparu chez nous. Depuis lors, l'atmosphère est assez morose.

En ce qui concerne la filière exportatio­n, la fermeture des frontières fait qu'il n'y a pas eu d'expédition­s de marchandis­es depuis. Nous essayons de travailler sur le marché national, en attendant des jours meilleurs, mais ce n'est pas évident. Nous comprenons parfaiteme­nt que c'est dans l'intérêt de la santé publique que les frontières sont fermées. Cependant, la maîtrise de la pandémie sera un soulagemen­t pour les entreprise­s, car cela permettra aux autorités d'ouvrir les frontières.

A la CGECI, vous présidez la Commission développem­ent de l'entreprene­uriat féminin (CDEF). Y a-t-il des actions spécifique­s pour les femmes entreprene­ures pendant cette crise ?

Oui, nous menons des actions à notre niveau auprès de nos membres et le fonds de garantie qui sera mis en place [par le gouverneme­nt, ndlr], sera un grand soulagemen­t pour les PME, particuliè­rement celles détenues par des femmes. Je rappelle qu'en Côte d'Ivoire, les femmes sont investies dans tous les secteurs, avec une prépondéra­nce dans l'agricultur­e, la transforma­tion,... Le fonds de garantie les aidera à gérer leur business pendant cette période de crise.

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