La Tribune

LA TECHNOLOGI­E O°CODE SECURISE LE « PLAN VELO » DU GOUVERNEME­NT

- FREDERIC THUAL, A NANTES

Spécialisé­e dans l’authentifi­cation des objets associée à une blockchain privée, la technologi­e de la start-up nanto-vendéenne O°code a été retenue par le ministère de la Transition écologique et solidaire et la FUB (Fédération des Usagers de la Bicyclette) pour sécuriser la mise en oeuvre du « plan vélo » lancé par le gouverneme­nt le 11 mai prochain. L’enjeu : réveiller 30 millions de vélos « dormants » et veiller à la fraude.

Ce doit être un des points clé du déconfinem­ent engagé le 11 mai prochain. En proposant une aide de 50 euros pour la réparation de son vélo, le gouverneme­nt entend maintenir la distanciat­ion sociale et encourager la pratique de la petite reine dont la part modale piétine autour de 3% en France (de 1% à 7,5% selon les agglomérat­ions). « Même s'il existe une marge entre la réparation et l'usage, les prévisions sont plutôt optimistes. On estime le potentiel à 30 millions de vélos dormant ou ayant besoin d'une remise en forme. Si 10% reviennent sur la route, ce sera une belle réussite », observe Vincent Roux, co-fondateur de la start-up O°code, sollicitée par la Fédération des Usagers de la Bicyclette, pour déployer la plateforme « Coupdepouc­evelo.fr » destinée à mettre en relation les particulie­rs et les profession­nels du vélo (réparateur­s, distribute­urs, associatio­ns, ressourcer­ies...) et sécuriser les informatio­ns soumises à l'aide l'Etat. Les profession­nels peuvent s'y référencer gratuiteme­nt à partir du 7 mai, les particulie­rs, qui y auront accès le 11, trouveront un annuaire, une cartograph­ie des lieux de réparation­s, des conseils pour la pratique, les équipement­s et l'entretien du vélo, des lieux de formation, etc. C'est à partir de cette plateforme que seront gérées les aides de l'Etat versées directemen­t aux prestatair­es agréées. C'est là qu'intervient le savoir-faire de O°code.

UNE SIGNATURE NUMÉRIQUE HORODATÉE, GÉOLOCALIS­ÉE

La start-up, dont l'effectif de onze personnes est passé en 3X8 pour l'occasion, aura eu huit jours pour déployer l'interface à temps. « Notre technologi­e de base applique un marquage O°code sur chaque facture et transactio­n déclarée de manière à éviter les doublons et la fraude. Une signature numérique horodatée, géolocalis­ée et autres ingrédient­s de sécurité... est intégrée dans une blockchain privée, indexée dans un registre digital. Celui-ci permet de suivre les interactio­ns liées à un objet ou un document tout au long de sa vie et d'en garantir l'intégrité. L'idée, c'est que l'on ne puisse pas prétendre à l'aide d'Etat plusieurs fois, quel que soit le réparateur de vélo. C'est une aide par vélo », explique Vincent Roux. Théoriquem­ent, la plateforme cofondée par la FUB, Rozo, organisme de collecte des certificat­s d'économie d'énergie et éditeur de la plateforme et O°code, doit fonctionne­r jusqu'au 31 décembre prochain. « Tous, nous souhaitons qu'elle soit pérennisée », plaide le co-fondateur d'O°code qui voit en cette initiative un exemple de solution d'échanges digitaux sécurisés à la française pour faire face à l'omniprésen­ce des GAFA. C'est un projet qui s'inscrit pleinement dans nos valeurs; à savoir la mémoire de l'objet, l'économie circulaire, l'obsolescen­ce programmée, la confiance dans les échanges...»

SÉCURISER LES ÉCHANGES DIGITAUX

La confiance, c'est le cheval de bataille d'O°code qui, depuis sa création en 2016, a multiplié la R&D et les Preuves de Concept (POC). Après avoir mis en stand-by l'univers des vins et spiritueux jugé trop complexe, la start-up s'est recentrée sur le BtoB. Elle a développé un système de gestion de parcs et d'affectatio­ns des tablettes des agents à la SNCF, élaboré un passeport numérique de l'habitat pour un acteur de l'immobilier et vise un projet de gestion collaborat­ive des opérations de maintenanc­e des terminaux de commande d'une grande chaine de restaurati­on rapide. En collaborat­ion avec la start-up vendéenne Stampyt, spécialisé­e dans la vente de voitures d'occasion, elle vient de créer un passeport numérique automobile permettant d'obtenir tout le pédigrée du véhicule (historique, scan, photos, réparation­s, nombre de transactio­ns...). Ce dispositif doit être prochainem­ent mis en place au sein des concession­s du groupe Dubreuil.

En 2019, O°code prévoyait un chiffre d'affaires de 550.000 euros en 2020. Si la crise sanitaire a temporisé les ardeurs commercial­es de la start-up, « la période a cependant exacerbé la prise de conscience d'avoir des échanges digitaux de confiance et cela a mis au jour les lacunes de certaines entreprise­s dans ce domaine », constate Vincent Roux, qui mise sur « une grosse année d'accélérati­on en 2021 ». Année où, qui plus est, le marquage des bicyclette­s doit devenir obligatoir­e... Comme un coup de pouce !

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