La Tribune

NOUVELLE-AQUITAINE : LES CREATIONS D'ENTREPRISE­S S'EFFRONDREN­T

- JEAN-PHILIPPE DEJEAN

La Nouvelle-Aquitaine fait partie des régions françaises les moins touchées par la crise économique due à la pandémie de coronaviru­s, annonce l'Insee, mais subit quand même un gros choc sur l'emploi. Marquées par une forte chute en mars, les créations d'entreprise­s vont s'effondrer en avril.

L'étude rendue publique ce jeudi 7 mai par l'Institut national de la statistiqu­e et des études économique­s (Insee) sur l'impact économique de la crise en Nouvelle-Aquitaine, montre que notre région est un peu moins affectée que l'ensemble de la France. L'activité économique recule ainsi de -31 % en Nouvelle-Aquitaine par rapport à la normale contre -33 % à l'échelle nationale. Cette étude agrège des sources diverses, précise l'Insee.

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Si cet écart de 2 % avec la moyenne nationale peut paraître réduit, il situe néanmoins la région Nouvelle-Aquitaine à la 11e place métropolit­aine pour l'importance de la perte d'activité, derrière la Corse (en tête avec un recul de près de 35 %), Auvergne-Rhône-Alpes, Ile-de-France, ProvenceAl­pes-Côte-d'Azur, Occitanie, Pays-de-la-Loire, Centre-Val-de-Loire, Normandie, BourgogneF­ranche-Comté et Grand-Est. En métropole seules les régions Bretagne et Hauts-de-France enregistre­nt une baisse plus réduite.

L'Insee attribue cet écart à la part moins importante dans l'économie néo-aquitaine des secteurs marchands "et en particulie­r les activités scientifiq­ues et techniques-services administra­tifs et de soutien (gestion administra­tive, ingénierie, sécurité, entretien" qui sont fortement touchés par la crise. La Nouvelle-Aquitaine bénéficie en l'occurrence de l'importance de l'agricultur­e et des services non marchands sur son territoire, qui jouent un rôle d'amortisseu­r. Ces derniers étant, selon la définition de l'Insee, fournis "gratuiteme­nt ou à des prix qui ne sont pas économique­ment significat­ifs" : ce qui est bien entendu le cas des services publics et de l'action sociale. Il ne faut pas pour autant minimiser la puissance de cette crise sur le tissu régional.

PRÈS D'UN MILLION DE SALARIÉS DANS LES SECTEURS TOUCHÉS

Sur les 1,9 million de salariés hors intérim recensés en 2015 en Nouvelle-Aquitaine, 540.000 appartienn­ent à cinq secteurs très exposés aux effets de la crise, à commencer par le commerce non alimentair­e, la constructi­on ou encore l'hébergemen­t-restaurati­on. Ensemble qui englobe également 80.000 non-salariés. Plus globalemen­t, la part des salariés néo-aquitains employés dans des secteurs d'activité très ou moyennemen­t exposés à la crise représente un peu moins d'un million de personnes. Sachant que deux tiers des non-salariés sont dans ce cas, soit 200.000 personnes.

L'Insee souligne enfin que l'intérim est sévèrement touché, avec 50.000 personnes en difficulté. Côté emploi, le noyau dur de la crise concerne à 80 % des entreprise­s de moins de 50 salariés. Ventilée par territoire­s cette baisse d'activité va de -28 % dans la Creuse et les Deux-Sèvres, où les services marchands sont moins présents souligne l'Insee, ce qui est aussi le cas pour la HauteVienn­e, la Dordogne et le Lot-et-Garonne, à -33 % en Gironde, départemen­t suivi de près par les Pyrénées-Atlantique­s et la Charente-Maritime.

BORDEAUX TRÈS TOUCHÉ À L'INVERSE DE GUÉRET, TULLE ET MONT-DE-MARSAN

" ...dans les zones d'emploi littorales, l'emploi salarié (l'emploi non salarié n'est pas intégré) relève davantage de secteurs fortement et très fortement exposés ; en effet, les activités liées au tourisme sont sur-représenté­es, tels l'hébergemen­t-restaurati­on, ainsi que le commerce non alimentair­e très présent pour répondre aux besoins des habitants mais aussi des touristes. L'orientatio­n plus industriel­le des zones d'emploi de Châtellera­ult, Parthenay et Bressuire les expose aussi à la crise. Enfin, à Bordeaux et Pau, les activités scientifiq­ues et techniques­services administra­tifs et de soutien, très présentes, subissent la crise... Les zones d'emploi de Guéret, Tulle et Mont-de-Marsan sont également moins impactées en raison de la présence de services non marchands", détaille l'Insee dans son analyse.

LES CRÉATIONS D'ENTREPRISE­S EN VOIE D'EFFONDREME­NT

L'autre enseigneme­nt tient à la forte baisse enregistré­e du côté des créations d'entreprise­s dans la région au mois de mars 2020, qui affiche deux très forts reculs : de -35 % par rapport à février 2020 et de -39 % par rapport à mars 2019, qui s'inscrivent dans la tendance nationale. Cette forte baisse sur un an est plus accusée en Gironde, avec -48 %. Tous les secteurs sont concernés, à commencer par le tertiaire, avec l'immobilier, à -51 % en mars, et le commerce, à -40 %.

Sans surprise les premiers chiffres disponible­s annoncent un véritable effondreme­nt des créations d'entreprise­s au mois d'avril, de l'ordre de -70 % en raison du confinemen­t général. Aucun secteur d'activité ou presque n'échapperai­t à une baisse des créations supérieure à 60 %. Et ce mois d'avril 2020 confiné à 100 % va peser très lourd dans la balance. Car comme le soulignent non sans raison de plus en plus de chefs d'entreprise­s, cette crise historique du coronaviru­s vient de l'extérieur : elle n'a pas de rapport direct avec la santé initiale du marché.

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