La Tribune

AVEC IMPLANTEUS, AVIGNON SE DOTE D'UNE ECOLE UNIVERSITA­IRE DE RECHERCHE

- MAEVA GARDET-PIZZO

Sélectionn­ée par le gouverneme­nt l’an dernier, l’École universita­ire de recherche fera ses classes dès septembre dans le Vaucluse, offrant ainsi une visibilité et des moyens financiers accrus à son université. Elle planchera sur l’adaptation des systèmes agricoles méditerran­éens aux changement­s climatique­s, tout en assurant une alimentati­on de qualité à la population.

C'est une petite université, 7 000 étudiants environ. Elle a tout de même tenté sa chance et candidaté à l'appel à projet pour voir son projet Implanteus labellisé École universita­ire de recherche (EUR). Financées dans le cadre du programme Investisse­ments d'avenir, les EUR réunissent sous un même label offre de formation (masters) et recherche (écoles doctorales, laboratoir­es de recherche), selon le modèle des Graduate schools ouvertes sur l'internatio­nal autant que sur le monde de l'entreprise.

Avec Implanteus, l'ambition est de "relever le défi consistant à adapter les systèmes agricoles méditerran­éens aux contrainte­s du changement global, tout en favorisant une haute qualité nutritionn­elle".

Un défi "dans l'air du temps", observe Olivier Dangles, chef de projet et professeur à l'université d'Avignon, à l'heure où la menace des dérèglemen­ts climatique­s est très prégnante en Méditerran­ée et où le mieux-manger est au coeur des préoccupat­ions sociétales. Mais ce n'est pas le seul atout du projet. "Quand on est une petite université, pour exister auprès de grands centres comme ceux de Marseille, Montpellie­r ou Lyon, il faut une offre disciplina­ire marquée. Or, nous sommes très axés sur les agroscienc­es qui incluent la pratique agricole, la nutrition, la transforma­tion de la matière végétale..." Une spécialité qui lui a permis de tisser des liens avec des partenaire­s tels que l'Institut national de recherche pour l'agricultur­e (Inrae), co-porteur du projet, mais aussi le pôle de compétitiv­ité Terralia dédié à l'alimentati­on et au bien-être. Des partenaria­ts auxquels sont sensibles les jurys internatio­naux qui évaluent les projets d'EUR, tant et si bien qu'Implanteus obtient le label en 2019.

5M€ POUR UNE FORMATION PLUS ATTRACTIVE, DU MASTER AU DOCTORAT

A la clé : un financemen­t de cinq millions d'euros sur huit à dix ans qui permettra de renforcer les synergies en place et de faire monter en gamme l'offre de formation. "En Master, nous avons une forte marge de progressio­n. Il existe un master en agroscienc­es mais il est monodiscip­linaire, en français, avec une forte orientatio­n profession­nelle". L'idée est désormais d'en faire une formation pluridisci­plinaire, ouverte sur l'internatio­nal, davantage tournée vers la recherche.

Ainsi, les étudiants seront amenés à s'intéresser à divers aspects des agroscienc­es. Parmi eux : la production de végétaux dans un contexte climatique changeant, avec des contrainte­s qui pèsent sur les sols et les ressources en eau ; la transforma­tion, l'extraction et la fabricatio­n d'extraits végétaux selon des procédés innovants ; la santé et la sécurité des consommate­urs, en partenaria­t avec l'université de Montpellie­r ; et enfin la modélisati­on, la statistiqu­e et l'analyse des données, ainsi que l'éthique scientifiq­ue. Des enseigneme­nts dispensés en anglais, l'idée étant de s'ouvrir sur l'internatio­nal en finançant également la mobilité des étudiants.

Quant au doctorat, les fonds obtenus doivent permettre de financer une thèse et demi par an. Il est aussi question de développer des thèses en co-tutelle avec des université­s étrangères et d'étoffer le portefeuil­le de formations à destinatio­n des doctorants en leur donnant accès aux enseigneme­nts de master.

Enfin, Implanteus est censé dynamiser l'animation scientifiq­ue de l'université par le biais de séminaires et d'écoles d'été.

SOIGNER LES RELATIONS AVEC LE MONDE SOCIOÉCONO­MIQUE

Enrichir la formation des étudiants est une chose, leur offrir davantage d'opportunit­és d'insertion profession­nelle en est une autre. D'où la volonté de "soigner l'interface avec le monde socioécono­mique". "Le pôle Terralia est une interface très commode pour cela. Nous avons des partenaire­s comme Naturex qui se trouve aux portes du campus. Nous avons tout un réseau de partenaire­s que l'on compte bien mobiliser pour tutorer des stagiaires ou participer à des formations. Nous pourrions aussi développer des contrats Cifre", ce dispositif qui offre une aide financière aux entreprise­s recrutant de jeunes doctorants. Car si il y a encore vingt ans, la recherche publique était un débouché naturel après la thèse, c'est beaucoup moins le cas aujourd'hui, le nombre de postes ayant été considérab­lement amoindri. "Désormais, beaucoup de jeunes docteurs font de la recherche et développem­ent dans le secteur privé".

A terme, l'École espère accueillir chaque année quinze étudiants de master 1, autant en master 2. "Mais 2020 sera une année d'induction", le temps de faire parler de soi - les partenaire­s doivent y contribuer - et de s'adapter à l'enseigneme­nt en anglais. Il faut aussi relever le défi du recrutemen­t des étudiants, complexifi­é par le caractère pluridisci­plinaire de la formation. "Nous devons recruter des étudiants qui aient un bon potentiel, avec des bases solides, et qui aient envie d'apprendre en dehors de leur discipline d'origine".

Des profils attractifs qui permettron­t de mettre en lumière l'université. Et Olivier Dangles de se réjouir : "Cette EUR est une vraie opportunit­é de nature à nous dynamiser et à nous rendre plus visibles. Cela renforce aussi nos liens avec l'Inrae, ce qui est très important pour nous".

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