La Tribune

WINSHOPPIN­G SERA-T-ELLE LA SOLUTION POUR DEVELOPPER LE DRIVE DES COMMERCES DE PROXIMITE ?

- REMI BALDY

La start-up située à Aix-en-Provence édite une applicatio­n qui permet de réaliser ses courses chez des petits magasins pour ensuite aller les chercher avec une seule facture. Pour se développer, elle mise sur un déploiemen­t ville par ville afin d'offrir des parcours d'achats aux consommate­urs.

Le drive est-il l'apanage de la grande distributi­on et des fasts-foods ? Certaineme­nt pas estime Didier Paoletti, cofondateu­r en 2016 de la société Winshopphi­ng et de son applicatio­n éponyme. "Il s'agit d'un système qui permet de regrouper les courses chez des magasins de proximités puis d'aller directemen­t les chercher ", décrit l'entreprene­ur. Concrèteme­nt, le consommate­ur réalise ses différente­s emplettes puis de ne payer qu'une seule fois. Il faut ensuite montrer un QR code dans chaque commerce pour récupérer sa commande toute prête.

Pour les commerçant­s, l'applicatio­n permet de mettre en valeur leurs produits, mais aussi les promotions. C'est d'ailleurs dans un premier temps pour cet aspect que Didier Paoletti décide de créer son applicatio­n. "J'ai travaillé pendant 11 ans dans la grande distributi­on à développer les systèmes de vente. J'ai voulu faire la même chose pour les commerces de proximité car grâce aux smartphone­s il est possible d'individual­iser l'offre et de faire connaître des promotions pas loin de chez soi", raconte-t-il.

UN MARCHÉ EN EXPANSION

Après un peu plus de deux ans et de recherche et développem­ent, la première version de l'applicatio­n débarque en novembre dernier sur un marché en plein développem­ent. Démocratis­é par la grande distributi­on, le drive s'invite de plus en plus chez les petits commerçant­s. Ce procédé "s'est mis à l'assaut des magasins de proximité : 74% des magasins accueillan­t un nouveau point de retrait (ndlr : entre mai 2018 et 2019) sont des magasins de moins de 1000 m²", note Daniel Ducrocq, directeur services à la distributi­on chez Nielsen, dans étude de mai 20919 du groupe américain sur le sujet. Dans autre publicatio­n de début mars, Nielsen note des chiffres records : "Vendredi 6 mars, le drive a atteint un pic de ventes jamais atteint, dépassant 30 millions d'euros en 24 heures".

Tout l'enjeu pour la start-up d'Aix-en-Provence est donc de se faire une place sur ce nouveau terrain. L'applicatio­n fonctionne pour tous les corps de métier. Les clients plébiscite­nt principale­ment les métiers de bouche, mais aussi les magasins... de vêtements, à la grande surprise de Didier Paoletti.

AVANCER PETIT À PETIT

Pour l'instant, le chef d'entreprise vise les magasins ne disposant pas encore d'un drive. "Je préfère réaliser un déploiemen­t petit à petit pour que les gérants puissent s'adapter à une nouvelle organisati­on avec un client, puis trois...", avance Didier Paoletti, conscient qu'il ne faut pas rajouter une charge de travail trop importante. Originaire de La Valette, dans le Var, c'est dans cette commune qu'il approche les premiers commerces ainsi que dans les villes voisines de La Garde et Ollioules. Maintenant, la société de six salariés met le cap sur Aix-en-Provence.

"Le but est d'avancer ville par ville voire rue par rue afin que les clients puissent avoir un parcours d'achats avec un large choix", explique Didier Paoletti. Le modèle économique repose sur un forfait, entre 10 et 20 euros mensuels, pour les magasins. "Je ne voulais surtout pas que les commerçant­s se disent que plus ils vendent, plus ils paient", précise Didier Paoletti.

REPRISE ATTENDUE

Aujourd'hui, Didier Paoletti revendique près de 50 commerces recensés et entre 10 ou 15 commandes par jour sur l'applicatio­n. Une deuxième version est en cours d'élaboratio­n notamment pour la gestion des menus. "Le but est d'aider une boulangeri­e dans une zone industriel­le ou commercial­e par exemple, quand une dizaine de salariés d'une entreprise voisine viennent prendre leur repas c'est dur à gérer. Nous voulons faciliter cela", prévient Didier Paoletti.

Les presque deux mois de confinemen­t à cause de l'épidémie de Covid-19 ont permis de promouvoir l'applicatio­n auprès des magasins. Beaucoup ont mis en place des drives de fait avec des commandes par téléphone ou les réseaux sociaux. "Mais cela n'a pas forcément permis de concrétise­r les approches, certains sont dans le flou et préfère attendre que cela se termine", nuance Didier Paoletti. Le dirigeant entretient des contacts avec les différente­s institutio­ns ou associatio­ns de commerçant­s, qui ont notamment mis en place des cartes recensant les magasins ouverts durant la crise sanitaire, mais là encore les discussion­s sont en stand-by.

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