La Tribune

LINGUALI, PREMIERE STARTUP BORDELAISE FOUDROYEE PAR LE COVID-19

- PIERRE CHEMINADE

Créée en 2014 et spécialisé­e dans l'interpréta­riat sur le marché évènementi­el, Linguali a été liquidée le 1er avril 2020 laissant quatre salariés sur le carreau. Tous ses clients et son modèle économique se sont évaporés en quelques jours fin février, avant même le confinemen­t. Récit.

Une histoire qui se termine de manière aussi foudroyant­e qu'inattendue. "Notre marché c'est l'évènementi­el et, à partir de la mi-février, tous nos clients ont annulé leurs commandes en l'espace de seulement quelques jours. A tel point que le 1er mars, c'était déjà terminé puisqu'on était à la fois short en trésorerie et sans aucune perspectiv­e commercial­e", témoigne auprès de La Tribune, François-Xavier Bodin, co-fondateur de la startup Linguali. L'entreprise, créée en 2014 à Bordeaux avec James Anderson, puis accompagné par le Village by CA, a été formelleme­nt mise en liquidatio­n judiciaire le 1er avril dernier.

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La startup restait pourtant sur un chiffre d'affaires de 350.000 € en 2019 et une croissance de 100 % par rapport à 2018. Parmi la centaine de références en portefeuil­le, principale­ment en France, plusieurs clients devenus fidèles dont l'Oréal et Microsoft. Le coeur de sa propositio­n de valeur : une applicatio­n mobile, non brevetée, pour les congrès, meetings et événements permettant d'écouter l'interprète de conférence sans les casques traditionn­els. Un développem­ent de l'offre en Saas (logiciel en tant que service) était initié mais restera lettre morte. La liquidatio­n de Linguali laisse quatre salariés et deux associés le bec dans l'eau.

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Le couperet est tombé si rapidement que les deux dirigeants n'ont rien pu faire ou presque.

D'autant qu'à cette date, au 1er mars, les prêts garantis par l'Etat et autres dispositif­s spécifique­s au confinemen­t, lancés le 27 mars, n'existaient pas encore. "L'arrêt de l'activité a été vraiment brutal... Honnêtemen­t, on n'a pas eu vraiment le loisir de réfléchir, ni d'agir. On a tendu des perches ici ou là, notamment à l'étranger pour un adossement ou un rachat mais ça n'a rien donné. Ce n'est pas un marché de tendres...", explique François-Xavier Bodin. Et s'il reconnaît une trésorerie peutêtre trop vulnérable, l'entreprene­ur insiste sur le caractère totalement imprévisib­le de la situation :

"Avec le Covid-19, on est en dehors de tous les cadres habituels de réflexion stratégiqu­es et de prise en compte des risques. On avait regardé les risques pays, les risques de change, les risques économique­s mais là... Là c'est autre chose qu'on ne pouvait pas anticiper et qui est impossible à gérer sauf à avoir un à deux ans de trésorerie pour fonctionne­r en tournant à vide, ce qui n'était pas envisageab­le pour notre modèle."

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