La Tribune

LOCAL EN BOCAL ET LE PARI DE L'ANCRAGE TERRITORIA­L

- MAEVA GARDET-PIZZO

De ses fournisseu­rs à ses clients et distribute­urs en passant par ses partenaire­s, cette PME installée à Avignon joue la carte du local à toutes les sauces. Un moyen de se solidifier avant d’envisager un développem­ent à plus large échelle.

C'est une entreprise qui tient à rester ancrée à son port d'attache. Dès sa création en 2014, elle veut répondre à la demande de conserves bio et locales pour lesquelles l'offre est très limitée en région. Elle s'installe pour cela au MIN d'Avignon et lance sa marque baptisée A côté. L'approvisio­nnement se fait en direct auprès des producteur­s bio, "sélectionn­és selon divers critères parmi lesquels leur politique sociale et environnem­entale", détaille Charlotte Trossat, fondatrice de l'entreprise. Certains, habitués à travailler avec la grande distributi­on, y voient l'opportunit­é de vendre leurs produits non conformes, trop gros ou biscornus. D'autres, plus coutumiers des marchés, lui vendent leurs surplus. "Notre vocation est d'être au service des agriculteu­rs, de les dépanner". Une volonté d'agir positiveme­nt sur l'environnem­ent qui se traduit aussi au travers de la politique interne de l'entreprise, qu'il s'agisse de favoriser la création d'emplois dans de bonnes conditions ou encore de minimiser son impact environnem­ental via le tri sélectif, le compostage des déchets ou encore la mutualisat­ion des livraisons.

Un engagement qui a un coût, celui-ci se répercutan­t forcément sur le prix des produits. "Il faut compter 6,50 euros pour une soupe en magasin bio. Ce n'est pas accessible à tous. Mais nous essayons de proposer des choses un peu moins chères comme des compotes ou des sauces tomate".

UN DENSE RÉSEAU DE PARTENAIRE­S LOCAUX

Pour motiver les clients, l'entreprise tient à proposer une gamme originale. Pour cela, elle travaille avec une cuisinière profession­nelle à même de "trouver des associatio­ns d'ingrédient­s que nous n'aurions pas trouvées nous-mêmes". Au total, la gamme A côté propose une trentaine de produits parmi lesquels des soupes, des préparatio­ns pour taboulé mais aussi des purées de fruits. Des produits distribués dans des magasins bio et spécialisé­s ou dans la restaurati­on, essentiell­ement en région. L'entreprise propose aussi des produits à façon pour les agriculteu­rs et pour des distribute­urs nationaux comme La Vie claire, en marque blanche.

En septembre dernier, elle a remporté un appel d'offre pour approvisio­nner les cantines d'Avignon, profitant de la loi Egalim qui impose plus de bio et de local dans la restaurati­on collective. Ce débouché nouveau lui garantit 30 000 euros annuels sur un chiffre d'affaire total de 560 000 euros, et contribue à renforcer un peu plus son assise vauclusien­ne. "Nous travaillon­s déjà avec plein de structures de l'accompagne­ment agroalimen­taire, avec la commune, les élus, les écoles de tout niveau pour qui on organise des visites. On prend aussi beaucoup de stagiaires et d'apprentis". Une façon de faire assez innée pour Charlotte Trossat, exingénieu­re agronome qui a beaucoup travaillé sur des projets territoria­ux. Cela correspond aussi à ses valeurs. "J'ai à coeur de développer économique­ment ma zone géographiq­ue". Et celle-ci le lui rend bien : "c'est super d'être un acteur reconnu comme dynamique sur son territoire. Cela m'apporte des clients, des agriculteu­rs, des échanges, des idées ... C'est aussi une façon de recruter des gens motivés pour travailler chez nous".

UN PARTENARIA­T AVEC MONOPRIX

Une stratégie payante qui lui a permis de tenir bon malgré la crise du coronaviru­s. "Je n'ai pas à me plaindre. Nous avons eu de bons chiffres. Nous avons même été dévalisés pour certains produits". Et l'entreprene­use de se montrer optimiste pour les mois à venir. Elle vient de signer un contrat avec Monoprix qu'elle fournira en marque blanche pour sa gamme Bio origines. "D'habitude, nous ne travaillon­s pas avec la grande distributi­on. Mais ils ont un positionne­ment qualitatif et ont accepté nos conditions, à savoir que l'on ne travaille qu'en frais, de saison et sans additif". Et les opportunit­és se multiplien­t : "nous avons beaucoup de prospects qui voudraient travailler avec nous".

De nouveaux clients grâce auxquels Local en bocal devrait rapidement atteindre un million d'euros de chiffre d'affaire, ce qui nécessiter­a d'accroître un peu les capacités de production, doublées depuis que l'entreprise a quitté le MIN et s'est dotée d'un second autoclave en 2018. "Et on peut encore les doubler en augmentant l'amplitude horaire". Une marge de manoeuvre suffisante pour lui permettre de gagner du terrain à l'échelle nationale et, pourquoi pas, d'attirer l'oeil de Biocoop. "J'aimerais beaucoup travailler avec eux", confie la patronne de l'entreprise, résolument prête à larguer les amarres.

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