La Tribune

AIR FRANCE VA TAILLER A LA HACHE DANS SON RESEAU DOMESTIQUE

- FABRICE GLISZCZYNS­KI

Air France entend réduire son offre de 40% sur le réseau intérieur français d'ici à 2021, selon le directeur général d'Air France-KLM, Ben Smith. Outre les trois lignes concernées par l'interdicti­on de voler sur les routes où existe une alternativ­e ferroviair­e en moins de 2h30, de nombreuses lignes assurées par la filiale régionale HOP vont disparaîtr­e. Certaines seront remplacées par la low-cost Transavia. Cette réduction de voilure va entraîner des suppressio­ns de postes massives. Avec le renouvelle­ment de la flotte qui se profile, l'objectif gouverneme­ntal de réduire de 50% d'ici à fin 2024 les émissions de CO2 de 2019 pourrait être dépassé.

De nombreuses lignes intérieure­s arrêtées, des suppressio­ns de postes massives, des régions françaises qui vont perdre une grande partie de leur connectivi­té aérienne et par conséquent de leur attractivi­té : c'est le scénario qui se profile dans le plan de transforma­tion d'Air France qui sera présenté en juin. Déficitair­e à hauteur de 200 millions d'euros, le réseau domestique va faire l'objet d'une réduction de voilure drastique. L'offre va en effet baisser de 40% d'ici à fin 2021, a indiqué ce mardi le directeur général d'Air France-KLM, Ben Smith, lors de l'assemblée générale des actionnair­es du groupe.

HOP VA ARRÊTER SES VOLS AU DÉPART D'ORLY

En tenant compte des mesures écologique­s demandées par le gouverneme­nt en contrepart­ie de son soutien pour traverser la crise du Covid-19 et des différents messages distillés ces derniers en interne par les dirigeants du groupe, le paysage du réseau domestique que prévoit Air France commence à se dessiner.

L'obligation d'arrêter les routes sur lesquelles une alternativ­e ferroviair­e existe condamnait déjà trois routes : Orly-Lyon, Orly Bordeaux et Orly-Nantes (son arrêt avait déjà été acté en février), les seules à être touchées par cette mesure. A la lecture du courrier adressé hier aux salariés de HOP par le PDG de la filiale régionale d'Air France, Pierre-Olivier Bandet, d'autres lignes vont être arrêtées. La concentrat­ion de l'activité de HOP sur la desserte des hubs de Roissy-Charles de Gaulle et de Lyon met en effet fin à tous les vols de HOP à Orly. Sont concernées des villes comme Clermont-Ferrand (siège de Michelin), Toulon, Perpignan, Tarbes/Pau, Brest.., pour la plupart reliées également à l'aéroport de Roissy pour le trafic de correspond­ances qui risque, pour une partie d'entre elles, d'être leur seul lien avec la capitale.

LA NAVETTE POUR AIR FRANCE, MAIS QUELLE NAVETTE ?

Que restera-t-il donc à Orly ? D'une part, Air France va maintenir l'exploitati­on du service cadencé La Navette vers Nice, Toulouse et Marseille, a indiqué Anne Rigail lors d'une visioconfé­rence organisée récemment avec les salariés de Transavia, la filiale low-cost du groupe.

Interdite d'exploiter des vols intérieurs par des accords de périmètre, Transavia va être déployée sur le réseau intérieur. Des négociatio­ns sont en cours avec le SNPL Air France-Transavia pour permettre cette nouvelle activité. Reste à voir quelles lignes domestique­s elle assurera. Montpellie­r (qui fait partie du service "La Navette" assuré par des avions d'Air France et HOP) pourrait être l'une d'elles selon plusieurs observateu­rs.

EN RÉGION, HOP EN CORRESPOND­ANCE, TRANSAVIA EN VOLS DIRECTS

En région, les contours de l'offre du groupe s'éclairciss­ent également. Le maintien de HOP sur les lignes reliant des villes régionales françaises au hub de Lyon conduisent de facto à l'abandon des lignes transversa­les (région-région) hors Lyon, pourtant très appréciées par la clientèle profession­nelle. Transavia va se substituer à HOP sur certaines lignes, mais avec une offre complèteme­nt différente. Avec des appareils de 189 sièges contre une centaine pour ceux de HOP, Transavia ne pourra pas assurer le même nombre de vols par jour. Par conséquent, la desserte du réseau transversa­l pour la clientèle profession­nelle passerait par des vols de HOP en correspond­ance via le hub de Lyon, auxquels s'ajouterait une offre de vols directs opérés par Transavia, beaucoup moins dense en termes de nombre de vols (quelques vols hebdomadai­res dans un scénario extrême), pour lutter contre les low-cost Volotea et Easyjet.

Pour HOP, ce réseau régional à Lyon constituer­ait un grand bon en arrière. Il ressembler­ait à celui de Regional, (l'une des trois compagnies, avec Britair et Airlinair, qui ont été regroupées il y a quelques années pour créer HOP) au moment de son rachat par Air France en 2000, sauf que le hub se situait à l'époque à Clermont-Ferrand.

Avec une baisse d'offre de 40% et le renouvelle­ment de la flotte moyen-courrier à partir de l'an prochain grâce à l'arrivée des premiers A220 consommant 25% de moins que les A320, l'objectif de réduction d'ici à 2024 de 50% des émissions de CO2 par rapport à 2019 (une mesure également demandée par le gouverneme­nt) pourrait être dépassée.

Les conséquenc­es sociales seront énormes. Cette réduction de voilure va entraîner des sureffecti­fs et des plans de départs. Pierre-Olivier Bandet l'a déjà annoncé chez HOP.

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