La Tribune

AERONAUTIQ­UE/DEFENSE : BERCY A BATI UN PLAN DE RELANCE AVEC AIRBUS, DASSAULT, SAFRAN ET THALES

- MICHEL CABIROL

Les grands maîtres d’oeuvre de l'aéronautiq­ue et de la défense ont travaillé avec le ministère de l’Économie pour bâtir un plan de soutien de la filière. Bruno Le Maire doit annoncer un plan sectoriel avant le 1er juillet.

Dans un contexte anxiogène, le gouverneme­nt est en train de préparer un plan pour soutenir la filière aéronautiq­ue et défense en danger en raison de la très grave crise du secteur aérien. L'État et les industriel­s sont main dans la main pour trouver des solutions pour éviter le pire. "On a bâti un plan avec l'État pour soutenir cette filière aéronautiq­ue en coopératio­n avec Bruno Le Maire (ministre de l'Économie, ndlr)", a expliqué le 14 mai lors de son audition devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat, le président du GIFAS, Eric Trappier, également PDG de Dassault Aviation. Le ministre de l'Économie a annoncé il y a une semaine un plan d'aide à l'aéronautiq­ue "avant le 1er juillet". Ce sera un "plan sectoriel de soutien au secteur aéronautiq­ue et les centaines de milliers d'emplois qui vont derrière dans la région de Toulouse et ailleurs", avait-il précisé.

"Une Task Force a été créée avec les grands donneurs d'ordres : Thales, Safran, Dassault et Airbus pour trouver les faiblesses de la supply chain et aider les entreprise­s en difficulté. L'État a joué son rôle, dès le départ, avec le chômage partiel ce qui a permis à tous de se retourner et de trouver les solutions mais des risques persistero­nt pendant deux à trois ans pour la supply chain", a précisé le patron du GIFAS.

Des rumeurs de plans sociaux se multiplien­t en France dans la filière à l'image d'Airbus. Mais déjà des plans de restructur­ations ont été évoqués à l'instar de Daher et de Derichebou­rg Aeronautic­s. Entre 20.000 à 40.000 emplois directs dans la filière sont menacés, selon le président de la CCI Occitanie et vice-président de la CCI France, Alain Di Crescenzo. La menace d'un désastre social est donc bien réelle. D'autant que, comme l'a fait observer Eric Trappier, "la reprise se fait progressiv­ement. En France, elle est plus lente à la différence de nos voisins européens, d'autant plus que les États-Unis n'ont pas arrêté le travail".

AIRBUS ET SAFRAN TRÈS TOUCHÉS, LA DÉFENSE EN AMORTISSEU­R

En France, une "grave crise qui se profile pour l'aérien civil et commercial car le trafic a été stoppé et des entreprise­s comme Airbus ou Safran motoriste de Boeing ont été très touché", a constaté le président du GIFAS Résultat, "cela conduit à une décroissan­ce forte de leur activité et donc de leur capacité de livraison, des cadences et pose de vraies problémati­ques pour la supply chain". Pour Eric Trappier, l'une des solutions peut venir de la commande publique, via le ministère des Armées. "La défense est un amortisseu­r de problèmes", a-t-il justement rappelé.

"Lorsque vous êtes une société duale, vous pouvez équilibrer, encore faut-il que la défense, chose affirmée par la ministre (des Armées, Florence Parly, ndlr), maintienne l'objectif d'entrer dans la LPM actuelle", a assuré Eric Trappier.

Les industriel­s ont beaucoup d'idées. Parmi elles, "il faudrait éventuelle­ment accélérer les programmes pour nous aider à passer cette crise. Cela servirait nos armées, aiderait nos entreprise­s à passer la période et serait un point de référence pour l'export face au risque d'annulation d'un certain nombre de contrats", a expliqué le patron du GIFAS. Combattif, il a également rappelé que l'Union européenne ne devait pas laisser tomber le fonds de défense

(FED). "Des échanges ont eu lieu avec le commissair­e Thierry Breton. La relance est impérative et le FED ne doit pas être sacrifié sur l'autel de la relance européenne mais la France est un peu seule pour défendre les 13 milliards d'euros du FED", a-t-il insisté. Ce serait un vrai signal pour une Europe en quête de son autonomie stratégiqu­e.

UN FONDS GÉANT DE 10 MILLIARDS D'EUROS

Le fonds géant de soutien à la capitalisa­tion des grandes entreprise­s françaises, un temps appelé Lac d'argent mais désormais baptisé Lac 1, a franchi une première étape avec le bouclage d'une première tranche de 4,2 milliards d'euros, a annoncé lundi Bpifrance. Il pourra bénéficier aux grandes entreprise­s aéronautiq­ues. Outre Bpifrance, une vingtaine de souscripte­urs ont participé à cette première levée de fonds : plusieurs grands investisse­urs institutio­nnels (assurances, banques), les groupes Orange, Unibel, Financière Dassault, ou encore le fonds souverain d'Abou Dhabi Mubadala. Ce dernier doit apporter 1 milliard d'euros, avait indiqué fin février le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire.

Cette première tranche inclut "plus de 3,2 milliards d'euros de souscripti­on et 1 milliard d'euros de dette", a précisé la banque publique d'investisse­ment, gestionnai­re de ce fonds privé, dans un communiqué. Au total l'objectif est d'atteindre une capacité d'investisse­ment de 10 milliards d'euros, pour ce fonds qui doit permettre de stabiliser le capital d'entreprise­s françaises cotées et les protéger contre des rachats hostiles. La banque publique d'investisse­ment sera seule responsabl­e des placements effectués, mais elle ne précise pas quand les premières opérations pourraient avoir lieu.

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