La Tribune

GREENTECH : LACTIPS LEVE 13 MILLIONS D'EUROS POUR REDUIRE LA POLLUTION PLASTIQUE

- STEPHANIE GALLO TRIOULEYRE

La startup stéphanois­e développe un plastique biodégrada­ble et hydrosolub­le à partir d’une protéine issue du lait. Elle vient de lever 13 millions d’euros auprès de SPI et de MCHC, un fonds d’investisse­ment du Japonais Mitsubishi. Elle va lui permettre d’investir dans une nouvelle usine de production, entre Lyon et Saint-Etienne, et d’accélérer le développem­ent d’applicatio­ns pour de nouveaux marchés cibles, notamment l’agroalimen­taire.

Une marche de plus pour Lactips. La troisième, et la plus importante, pour cette startup implantée dans la région stéphanois­e. Elle vient d'annoncer une levée de fonds de 13 millions d'euros auprès du fonds SPI (Société de Projet Industrie - fonds géré par Bpifrance) et de Diamond Edge Ventures (DEV), fonds d'investisse­ment de Mitsubishi Chemical Holdings Corporatio­n (MCHC).

Après une première levée de fonds en 2016 d'1,2 million d'euros et une seconde de 3,7 millions à l'été 2018 auprès du Crédit Agricole Loire Haute-Loire, BNP Paribas Développem­ent et BASF Venture Capital, il s'agit donc de son troisième tour de table. Sans compter la subvention européenne d'1,5 million d'euros décrochée en 2017 dans le cadre de l'appel à projets européen H2020.

Pour Bpifrance, cet investisse­ment signe le soutien à une industrie en cohérence avec la transition écologique. Du côté du Japonais, l'ambition affichée est de participer à la lutte "contre la pollution plastique dans les océans et les décharges, au Japon et au-delà".

UN PLASTIQUE BIODÉGRADA­BLE ET HYDROSOLUB­LE À PARTIR DE PROTÉINES DE LAIT

Créée en 2014 en région lyonnaise puis installée depuis 2015 sur le parc Métrotech à Saint-JeanBonnef­onds, Lactips produit une résine hydrosolub­le et biodégrada­ble à partir de surplus de protéines de lait, la caséine. Cette résine a pour ambition de remplacer les emballages plastiques.

"Notre produit ressemble à du plastique, il se comporte comme du plastique mais ce n'est pas du plastique", indique Marie-Hélène Gramatikof­f, figure de proue de cette pépite de la greentech qu'elle avait cofondée avec le chercheur stéphanois Frédéric Prochazca et l'industriel lyonnais Fabrice Plasson (Amoeba).

Lire aussi : Marie-Hélène Gramatikof­f, la stratège

Lactips a déjà développé plusieurs solutions pour le marché des détergents, notamment via un partenaria­t avec BASF : par exemple, les films entourant les pastilles pour les lave-vaisselles. Cette levée de fonds doit lui permettre de franchir une nouvelle étape de son développem­ent.

UNE USINE À 100 MILLIONS D'EUROS

Premier objectif de l'opération : augmenter ses capacités de production, aujourd'hui limitées à 450 tonnes. En acquérant un site industriel de la vallée du Gier, une ex usine de l'agroalimen­taire de 2500 m² aujourd'hui désaffecté­e, Lactips pourra installer 6 lignes de production et monter jusqu'à 10 000 tonnes.

Un investisse­ment estimé à plus de 25 millions d'euros, échelonnés jusqu'à 2025. Cette montée en puissance s'accompagne­ra de recrutemen­ts relativeme­nt importants, une dizaine dès 2021, qui viendront compléter l'équipe actuelle d'une cinquantai­ne de personnes. Il s'agira de recrutemen­ts sur tous les niveaux de qualificat­ion.

"C'est une nouveauté car jusqu'ici, nous embauchion­s presque exclusivem­ent des BAC +5 ou +8. Désormais, avec l'accélérati­on de l'industrial­isation, nous avons besoin d'autres profils", détaille Marie-Hélène Gramatikof­f.

A pleine capacité, cette usine sera capable de générer un chiffre d'affaires de l'ordre de 100 millions d'euros. Si le marché est au rendez-vous, le modèle pourra être dupliqué. L'acquisitio­n n'est pas encore finalisée, le site exact reste donc encore secret, mais la nouvelle usine devrait être opérationn­elle courant 2021.

A cette date, Lactips prendra donc son envol et quittera ses locaux mis à dispositio­n dans des conditions intéressan­tes par Saint-Etienne Métropole.

ACCÉLÉRATI­ON DE LA COMMERCIAL­ISATION

Les 13 millions d'euros injectés dans l'entreprise doivent aussi permettre à Lactips d'accélérer sa R&D afin de développer de nouvelles applicatio­ns à partir de ses granulés thermoplas­tiques. Elle lui permettra ainsi d'accéder à de nouveaux marchés de masse en France et à l'internatio­nal.

Dans son viseur : l'agroalimen­taire, la constructi­on, les plastiques à usage unique, le pelliculag­e.

"Le plastique comestible est un marché complèteme­nt nouveau, un marché gigantesqu­e, c'est une priorité pour nous", explique la dirigeante qui précise avoir signé des partenaria­ts avec de grands industriel­s en ce sens. Industriel­s dont le nom restera confidenti­el.

"Nous avons su démontrer depuis notre création que notre matériau innovant peut entrer dans de multiples applicatio­ns. Nous sommes portés par une vision d'une économie plus respectueu­se de l'environnem­ent et de la santé humaine", conclut-elle.

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