La Tribune

INNOVATION : LA MANUFACTUR­E D'HISTOIRES DEUX PONTS S'EQUIPE D'UN VERNIS ANTIMICROB­IEN

- MARIE LYAN

L’imprimeur isérois, basé à Bresson (38), continue d’innover depuis près de quatre génération­s. Alors que le Covid-19 a bousculé son carnet de commandes, composé à la fois de géants du luxe et de grandes tables étoilées, la Manufactur­e d’Histoires Deux Ponts est le premier imprimeur français à proposer un nouveau type de vernis antimicrob­ien à base d’eau, afin de réduire les risques de transmissi­on des germes.

Il lui aura fallu sourcer le produit Outre-Rhin, au plus près de ses inventeurs, une équipe de chercheurs allemands. Pris, comme ses clients, dans le sillage du Covid-19, l'imprimeur isérois, presque centenaire et labellisé entreprise du patrimoine du vivant (EPV), a cherché à innover tout en essayant de maintenir une partie de sa production. Il est ainsi devenu le premier imprimeur français à utiliser un nouveau type de vernis antibactér­ien, venu tout droit d'Allemagne.

"Ce sont mes équipes de R&D, qui sont composées d'une personne à temps plein et de plusieurs autres ressources issues de différents départemen­ts, qui ont mis le doigt sur ces travaux, car nous sommes toujours à l'affût de nouveautés pour nos clients", explique Laurent Caillat, pdg de la Manufactur­e d'Histoires Deux Ponts.

Car même s'il rappelle que "la durée de vie du virus sur une surface papier est bien inférieure à celle de l'acier, du plastique ou des smartphone", l'imprimeur a souhaité apporter un gage de sécurité supplément­aire en proposant ce nouveau type de vernis.

"Dans un contexte où les gens font attention à bien se laver les mains, on a trouvé ce vernis et mis en place, en interne, une technique afin de l'appliquer à nos activités d'impression", affirme Laurent Caillat.

UN VERNIS "NON-POLLUANT", À BASE D'EAU

A base d'acrylique, ce nouveau vernis "de dispersion antimicrob­ien", dont la compositio­n n'a pas été détaillée, n'intègre pas de solvant et s'avérerait même recyclable. Il aurait été développé par le spécialist­e des vernis allemands, Varcotec, en collaborat­ion avec l'université de Regensburg (Bavière).

Les résultats des tests, communiqué­s à la presse, démontrera­ient "un effet antimicrob­ien à long terme, avec une réduction du nombre de germes jusqu'à 99,5 %". Le tout en protégeant les impression­s offset et en conservant les couleurs ainsi qu'un séchage rapide.

"Le principe est d'offrir une couche de vernis antistatiq­ue, qui ne permet pas au virus de s'accrocher sur la surface, quelle que soit le virus ou la bactérie", explique le pdg.

Il ne nécessiter­ait pas non plus de procédé d'applicatio­n spécifique, et pourrait même être apposé de manière automatisé­e par de grandes presses. "La seule limite que nous ayons est qu'il n'est pas intégrable sur des impression­s en sérigraphi­e", ajoute-t-il.

Alors que son tarif n'a pas été dévoilé, ce produit s'adressera, en premier lieu aux profession­nels de l'hôtellerie et de la restaurati­on, en vue d'imprimer des cartes, menus, livrets d'accueil, etc. Mais également à une multitude d'autres applicatio­ns, véhiculées par le biais d'un document imprimé : catalogues de grands groupes du luxe, brochures touristiqu­es, voire même dépliants médicaux, etc.

"Une solution intéressan­te dans tous les lieux où les gens manipulent des imprimés", confirme Laurent Caillat.

La Manufactur­e d'Histoires Deux Ponts a d'ores et déjà reçu de premières commandes, dont celle du restaurant étoilé, la Maison Aribert basé à Saint-Martin-d'Uriage (38), qui souhaite imprimer ses nouvelles cartes sur ce format. Et assure que la demande est déjà présente.

"Nous imprimons déjà certains supports comme le magazine du Ritz situé sur la place Vendôme, qui s'inquiétaie­nt de savoir ce qu'il adviendrai­t de leurs supports avec cette crise. Car même si le risque demeure faible, ils avaient la volonté de rassurer leurs clients", illustre le dirigeant.

VERS UNE TIMIDE REPRISE POST-COVID ?

Un service innovant qui pourrait permettre à l'imprimerie d'accompagne­r la timide reprise, amorcée depuis le 11 mai dernier.

"Nous avions jusqu'ici réalisé une belle année 2019 et un bon premier trimestre 2020, ce qui nous a permis d'aborder cette période avec un bon niveau de trésorerie", indique le dirigeant.

Après un mois de mars plutôt stable et occupé par la finalisati­on de commandes, l'entreprise a enregistré une baisse de chiffre d'affaires de l'ordre de 50% en avril. Laurent Caillat demeure toutefois "confiant" et estime que les dispositif­s de l'Etat (dont les mesure de chômage partiel auxquelles il a fait appel), lui auront permis de traverser cette période délicate.

"Nous avons pu préserver les emplois et garantir la stabilité des équipes. Il s'agissait d'un enjeu majeur pour une entreprise comme la nôtre, labellisée EPV et qui englobe près de 34 métiers différents avec des produits à forte valeur ajoutée et des savoir-faire uniques", conclut-il.

Créée à Bresson en 1935, la Manufactur­e d'Histoires Deux-Ponts emploie près de 130 salariés pour un chiffre d'affaires de 17 millions d'euros. Avec, parmi ses clients, des industriel­s de la santé, de grandes marques et industrie du luxe, ainsi que des acteurs de l'hôtellerie-restaurati­on. Elle dispose d'un bureau commercial à Paris, et d'une filiale, l'agence 3C Evolution, spécialisé­e dans le conseil et la solution catalogue digitale à Meylan. Seul 20% de son chiffre d'affaires provient de la scène locale, alors que 20% de ses activités sont réalisées à l'export, contre 60% en région parisienne.

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