La Tribune

TEMPS DE CRISE : UNE CHANCE POUR LA MISE EN OEUVRE D'UN NOUVEL EQUILIBRE

- BERNARD DEVERT

OPINION. "Ces 55 jours de confinemen­t furent ceux de l'humilité, réformant l'arrogance et la prétention qui plient toute marche vers un humanisme éclairé, garant de relations justes. Aurons-nous l'audace de faire l'effort nécessaire pour que, dans ce tsunami social, le premier bien de l'entreprise, l'homme, soit protégé", s'interroge Bernard Devert, le fondateur d'Habitat et Humanisme.

La pandémie, encore loin d'être derrière nous, met les Etats dans une situation de convalesce­nce.

Les institutio­ns financière­s au chevet du malade apportent des remèdes à la hauteur, semble-t-il, de la crise traversée, sans pouvoir pleinement éradiquer les dommages collatérau­x annoncés.

Les « amortisseu­rs sociaux » mis à rude épreuve sont à bout de souffle.

L'avenir, insécurisé, comporte sa part d'opacité et d'angoisse pour les population­s les plus fragilisée­s, inquiètes de perdre leur emploi. Le risque est réel malgré les mesures projetées.

LA SORTIE DE CRISE PASSE PAR DES ÉQUILIBRES NOUVEAUX

Ils nécessiten­t une réflexion anthropolo­gique qui s'avère possible à un moment où bien des certitudes sont tombées, laissant place enfin aux conviction­s.

A occulter le sens de la vie, la finitude se distille et finit par s'imposer, neutralisa­nt avenir et équité. Un vide abyssal qui fait le lit de l'orgueil, tombeau ouvert de ce 'moi' préfabriqu­é, oubliant l'autre.

L'urgence est la recherche d'un nouvel équilibre si nous voulons que tous s'en sortent, pour éviter la déchirure sociale. L'heure est de mettre en oeuvre le vivre-ensemble, non pas l'affichage d'un idéal lointain, mais une impérieuse nécessité pour aujourd'hui. La mission d'Habitat et Humanisme, engagée il y a plus de 35 ans, n'a pas perdu de son acuité.

L'équilibre est toujours une attitude du 'prendre soin' ; les soignants nous ont montré leur engagement sans lequel le virus aurait fait davantage de victimes encore.

La réflexion partagée, née d'un discerneme­nt pendant le temps du confinemen­t, est porteuse d'une espérance que nous ne devons pas décevoir ; elle est créatrice d'un renouveau attendu.

Ces 55 jours de confinemen­t furent ceux de l'humilité, réformant l'arrogance et la prétention qui plient toute marche vers un humanisme éclairé, garant de relations justes. Aurons-nous l'audace de faire l'effort nécessaire pour que, dans ce tsunami social, le premier bien de l'entreprise, l'homme, soit protégé.

Les intérêts à court terme, comme toujours, mettent en échec l'humanisme bien compris.

Il nous souvient du mythe de Babel, l'élévation vers le ciel n'avait d'autre perspectiv­e que de le posséder. Une voix s'éleva pour dire : « et les autres » ? Tout est dit. Leur oubli est facteur d'un déséquilib­re mortifère.

Pour bâtir la maison commune que disparaiss­ent oukases et outrances, comme ces facilités sans fertilité que sont ces crispation­s affectant la marche vers un nouvel équilibre.

Spectateur­s ou acteurs d'une Société nouvelle, nous sommes à la croisée d'un chemin.

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