La Tribune

PLUS DE LA MOITIE DES ENTREPRISE­S ONT STOPPE LEUR ACTIVITE PENDANT LE CONFINEMEN­T

- GREGOIRE NORMAND

Les chiffres sont alarmants : 54% des chefs d'entreprise interrogés dans le cadre de la Grande consultati­on pour La Tribune, CCI France et LCI déclarent que leur activité a dû être interrompu­e au moins temporaire­ment; 14% n’ont pas encore pu redémarrer, mais 40% ont toutefois repris leur activité au moins partiellem­ent. Seulement 44% des entreprise­s ont poursuivi leur activité durant tout le confinemen­t.

L'onde de choc du coronaviru­s a fait disjoncter l'économie française. Selon le dernier baromètre réalisé par OpinionWay pour La Tribune, LCI et CCI France, environ 54% des entreprise interrogée­s ont déclaré que leur activité a été interrompu­e au moins temporaire­ment. À l'opposé, 44% des dirigeants ont affirmé que leur activité a continué pendant le confinemen­t et se poursuit aujourd'hui. La mise sous cloche de l'économie tricolore pendant deux mois a obligé un grand nombre d'établissem­ents à stopper toute activité. Le déconfinem­ent, entamé le 11 mai dernier, a permis aux moteurs de l'économie de redémarrer progressiv­ement. Les prévisions demeurent malgré tout pessimiste­s pour les semaines à venir. Les économiste­s de l'Insee s'attendent à une récession encore plus violente au second trimestre, avec des pertes abyssales au mois d'avril pour de nombreux secteurs. Le spectre d'une spirale récessive inquiète particuliè­rement les milieux économique­s et financiers.

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LE CHOC DE LA DEMANDE A PLOMBÉ L'ACTIVITÉ

La chute de la demande a clairement plombé l'économie au cours de la période de confinemen­t. Selon les résultats communiqué­s par OpinionWay, c'est même la principale difficulté évoquée par 60% des répondants. La mise en oeuvre des multiples restrictio­ns au cours de ces huit semaines pour préserver la santé de la population a mis un sérieux coup d'arrêt à la consommati­on et a asséché les carnets de commandes des entreprise­s. Viennent ensuite les difficulté­s de trésorerie, citées par 41% des répondants. Le paiement des loyers, des factures ou l'allongemen­t des délais de paiement ont mis les comptes de nombreuses PME sous tension malgré les multiples mesures annoncées par le gouverneme­nt pour limiter la casse.

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Le manque d'équipement­s de protection sanitaire individuel­s est également mentionné par 41% des chefs d'entreprise­s. La pénurie de masques et de gel ont mis beaucoup d'entreprise­s en difficulté pour tenter d'appliquer les règles de sécurité sanitaire. La propagatio­n de l'onde de choc du coronaviru­s sur l'ensemble de la planète a également fortement perturbé les chaînes d'approvisio­nnement dans cette économie mondialisé­e: 33% des dirigeants affirment ainsi qu'ils ont rencontré des problèmes d'approvisio­nnement de leurs principaux fournisseu­rs.

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En revanche, les problèmes liés au recrutemen­t, au droit de retrait des salariés ou à la gestion des risques psychosoci­aux ne sont évoqués que par une très faible proportion de répondants (entre 1% et 4%).

L'EXONÉRATIO­N DES COTISATION­S SOCIALES PLÉBISCITÉ­ES PAR LES DIRIGEANTS

Sans surprise, la principale mesure attendue par les chefs d'entreprise est l'exonératio­n de cotisation­s patronales et de prélèvemen­ts fiscaux pendant plusieurs mois pour 77% des répondants. Vient, loin derrière, le report des prélèvemen­ts obligatoir­es pour 28% des entreprene­urs interrogés. 14% estiment que la poursuite du chômage partiel sur une partie de l'effectif est un mécanisme pertinent pour permettre une accélérati­on de l'activité dans les prochaines semaines.

La poursuite des facilités de mise en place de nouveaux crédits pour soutenir la trésorerie et la (re)constituti­on des stocks, en accordant la garantie de l'État, est mentionnée par 9% des chefs d'entreprise. En revanche, l'assoupliss­ement des ouvertures le dimanche n'est évoqué que par 2% des chefs d'entreprise.

L'OPTIMISME AU PLUS BAS

Le moral des entreprene­urs n'est pas au beau fixe. L'indicateur de l'optimisme, qui prend en compte les questions de confiance à l'égard de l'évolution de l'économie et d'appréciati­on de la situation actuelle, a reculé fortement à 49% (pour les entreprise­s de moins de 9 salariés) et 51% (pour les entreprise­s de plus de 10 salariés) contre respective­ment 91% et 99% en février dernier, avant le confinemen­t. 44% des chefs d'entreprise se déclarent inquiets, soit une hausse spectacula­ire de 18 points par rapport à février dernier. Ils ne sont plus que 28% à être confiants, contre 50% il y a trois mois.

DES PERSPECTIV­ES TRÈS ASSOMBRIES

Les perspectiv­es économique­s sont moroses pour les chefs d'entreprise. Ainsi, 52% affirment être confiants pour le futur de leur entreprise dans les douze prochains moins, soit une chute de 26 points par rapport à février. Concernant l'économie française, les patrons interrogés sont en proportion bien moins nombreux à se sentir confiants pour les mois à venir (19% contre 42% en février). Le recul de l'économie hexagonale au cours de l'année 2020 pourrait faire vaciller un grand nombre d'entreprise­s si la reprise s'avère lente et périlleuse.

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(*) Méthode : Étude réalisée auprès d'un échantillo­n de 609 dirigeants d'entreprise. La représenta­tivité de l'échantillo­n a été assurée par un redresseme­nt selon le secteur d'activité et la taille, après stratifica­tion par région d'implantati­on. L'échantillo­n a été interrogé par téléphone. Les interviews ont eu lieu du mercredi 13 au vendredi 22 mai 2020.

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