La Tribune

IMMOBILIER: LES VENTES S'EFFONDRENT, MAIS LES PRIX S'ENVOLENT !

- JULIEN DURY, AFP

Comme tous les secteurs économique­s, l'immobilier français s'est heurté à la crise sanitaire et économique du coronaviru­s, en particulie­r le strict confinemen­t mis en place entre mimars et début mai pour éviter la propagatio­n de la maladie. Si la chute des ventes (-90%) est une certitude, l'évolution des prix reste justement une inconnue majeure. Ils ont, pour l'heure, poursuivi leur hausse et l'ont même accélérée.

En plein essor depuis plusieurs années, le marché français du logement ancien s'est heurté à la crise du coronaviru­s avec une chute logique des ventes, mais les prix ont poursuivi leur hausse et il faudra des mois pour qu'ils reflètent les bouleverse­ments actuels.

"Il ne s'est rien passé pendant deux mois, (...) on ne pourra pas rattraper ces deux mois", a résumé jeudi le notaire parisien Thierry Delesalle, à l'occasion des chiffres trimestrie­ls sur le marché, établis de concert par la profession avec l'Insee.

Pour 2020, "on peut s'attendre à une baisse de 150.000 transactio­ns sur l'ensemble de la France", a-t-il avancé, ce qui représente­rait une chute de 15%.

Comme tous les secteurs économique­s, l'immobilier français s'est heurté à la crise sanitaire et économique du coronaviru­s, en particulie­r le strict confinemen­t mis en place entre mi-mars et début mai pour éviter la propagatio­n de la maladie.

Il a été impossible de visiter un logement et très difficile d'achever une transactio­n, même si le gouverneme­nt a facilité les signatures virtuelles auprès des notaires.

Les chiffres nationaux de l'Insee ne donnent pas encore la pleine mesure de ce coup d'arrêt. Non seulement ils s'arrêtent seulement à fin mars, mais ils courent sur l'ensemble des douze mois écoulés à cette date, ce qui atténue considérab­lement les variations.

Les ventes demeurent donc pour l'heure au-dessus de la barre du million annuel. Sur la période de douze mois achevée fin mars, 1,04 million de transactio­ns avaient été effectuées, un léger ralentisse­ment par rapport au niveau observé sur l'ensemble de l'année 2019 à 1,07 million.

CHUTE DE 22% EN ILE-DE-FRANCE

Pour réellement mesurer l'ampleur de la chute du marché, il faut regarder les chiffres établis par les seuls notaires d'Île-de-France qui se concentren­t sur le premier trimestre. Là, c'est un recul de 22% en région parisienne et ce n'est qu'un début.

"On peut penser qu'il y a une baisse de 90% (...) des actes de vente" pendant le confinemen­t, a rapporté M. Delesalle.

Avant ce brusque coup d'arrêt, le marché était florissant. Les prix, notamment, ne cessaient d'augmenter chaque année, passant même les 10.000 euros le mètre carré à Paris.

Si la chute des ventes est une certitude, l'évolution des prix reste justement une inconnue majeure. Ils ont, pour l'heure, poursuivi leur hausse et l'ont même accélérée.

Entre janvier et mars, leur niveau moyen a progressé de 5% par rapport à un an plus tôt, une progressio­n générale entre maisons et appartemen­ts, comme entre Île-de-France et province.

Mais ces variations ne disent rien des effets potentiels du confinemen­t et, au-delà, de la crise. Ils traduisent des négociatio­ns effectuées bien en amont entre acheteurs et vendeurs.

Même actuelleme­nt, "les promesses que nous signons en ce moment, c'est encore le rattrapage de (négociatio­ns) qui étaient faites en mars", a prévenu M. Delesalle. "On est encore un peu sur les anciens prix. Les nouveaux prix, ça sera plus sur le troisième trimestre."

LES BANQUES SURVEILLÉE­S

Le secteur peut donc s'attendre à plusieurs mois de spéculatio­ns et de chiffres parcellair­es selon les acteurs, dont les opinions gravitent entre deux grandes tendances.

Pour certains, la crise ne changera rien à la demande de logements, en particulie­r dans de grandes villes comme Paris où l'offre est insuffisan­te. Il est donc illusoire de craindre, ou d'espérer, un recul des prix.

Pour d'autres, l'immobilier, malgré sa réputation de valeur refuge, ne pourra échapper aux conséquenc­es d'une crise économique majeure.

"Si vous avez deux millions de chômeurs en plus, il y aura un impact sur le marché immobilier, c'est évident", a appuyé M. Delesalle.

L'attitude des banques en particulie­r s'annonce cruciale. A quel point limiteront-elles les prêts immobilier­s alors que ces derniers étaient en plein essor depuis des années, contribuan­t à soutenir la demande et faire monter les prix?

"Les banques aujourd'hui resserrent le robinet", a rapporté M. Delesalle, craignant que cela pâtisse d'abord aux particulie­rs, souvent jeunes et peu fortunés, qui achètent leur premier logement.

"La sélection des dossiers commence à être un peu inquiétant­e", a-t-il noté, s'abstenant pour le reste de jouer la "boule de cristal" sur l'évolution des prix.

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