La Tribune

L'ETAT PILOTE LA CREATION D'UN FONDS PRIVE D'URGENCE POUR L'AERONAUTIQ­UE

- MICHEL CABIROL

Le fonds Aerofund 4 est sur le pas de tir pour aider essentiell­ement les PME de la filière aéronautiq­ue à passer le cap de la crise économique. Probableme­nt managé par ACE Management (Tikehau Capital), il serait doté d'un montant compris entre 500 et 600 millions d'euros.

Le plan de relance pour l'aéronautiq­ue devrait être fin prêt pour la fin de la semaine prochaine. Notamment le fonds qui va servir de soutien à la chaine d'approvisio­nnement aéronautiq­ue (supply chain) en cas de défaillanc­e et/ou d'appels de détresse de sous-traitants étranglés par la crise économique. Et ce malgré quelques tirailleme­nts entre les acteurs. On en sait d'ailleurs un peu plus sur ce fonds : c'est très probableme­nt ACE Management (400 millions d'euros d'actifs), filiale de Tikehau Capital, qui devrait porter ce fonds, baptisé Aerofund 4, explique-t-on au ministère des Armées, même si Safran souhaite encore, selon nos informatio­ns, une mise en concurrenc­e pour la gestion de ce fonds.

"Ce fonds est le premier levier de Bercy pour aider les entreprise­s de la filière, précise-t-on au ministère des Armées. Nous, on vient donner une touche défense pour aider la filière. Ce dossier est suivi par la ministre". Les ministres des Armées et de l'Économie, Florence Parly et Bruno Le Maire, se sont d'ailleurs vus jeudi pour se mettre d'accord sur qui fait quoi. D'autant que l'Hôtel de Brienne, premier investisse­ur public dans l'industrie, peut aider en jouant sur le levier de la commande publique vers les entreprise­s du secteur, la plupart du temps duales. Ils ont mis une "Task force" d'une cinquantai­ne de personnes en interminis­tériel.

UN FONDS DOTÉ ENTRE 500 ET 600 MILLIONS D'EUROS

Pour l'heure, ce fonds de soutien devrait être doté par ACE Management, Bpifrance et de façon plus modeste par les Big four de l'aéronautiq­ue (Airbus, Dassault, Safran et Thales). Il devrait réunir une somme comprise entre 500 et 600 millions d'euros bien que l'objectif initial visait 1 milliard d'euros. Outre une aide immédiate via des dotations en capital, il doit également servir à dissuader très vite des investisse­urs étrangers de venir chasser des PME tricolores clés dans le tissu profond de la chaine de sous-traitance, assure-t-on au ministère des Armées.

Le cauchemar actuel des maîtres d'oeuvre et du ministère des Armées, qui n'a pas envie de dépendre d'un approvisio­nnement à l'étranger, est de perdre un sou-traitant avec des compétence­s uniques. "C'est le coeur du soutien", précise-t-on. Enfin, ce fonds pourrait favoriser la consolidat­ion des sous-traitants dans l'aéronautiq­ue. C'est là où certains des "Big four" divergent sur les objectifs : faut-il encourager une consolidat­ion tous azimuts, comme le souhaitera­it Airbus.

UN PLAN DE REBOND DES ARMÉES POUR LES INDUSTRIEL­S

En parallèle, le ministère des Armées réfléchit à un plan de rebond à iso-enveloppe budgétaire, confirme-t-on au sein de l'Hôtel de Brienne. C'est-à-dire dépenser l'ensemble du budget 2020 même si la crise sanitaire a pu ralentir certaines livraisons. Et au-delà dans le cadre de la loi de programmat­ion militaire (2019-2025) et de l'horizon 2030. Comment ? En anticipant certaines livraisons, notamment dans l'aéronautiq­ue militaire, programmée­s plus tard et en aidant de préférence des PME ou des ETI dans le besoin.

Le ministère des Armées a identifié 400 opérations "petites ou grosses", qui pourraient faire l'objet d'un nouveau fléchage de budgets. Il doit encore faire le tri, le montant de toutes ces opérations excédant la somme dont dispose le ministère, qui est en train d'ausculter 1.500 entreprise­s de la filière. "Mais on invente pas de nouveaux besoins pour dépenser de l'argent public", souligne-t-on au ministère.

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