La Tribune

LA MARQUE D'HORLOGERIE CARZO&LIEUTIER CONFORTE SON POSITIONNE­MENT MADE IN FRANCE

- LAURENCE BOTTERO

Fondée à Nice en 2016, la petite entreprise se distingue par un design directemen­t inspiré du l'univers de la moto. Une approche particuliè­re d'un marché pluriel qui permet à la TPE azuréenne d'occuper un segment de niche. Et la volonté de produire local, c'est bon aussi pour se différenci­er.

La marque est née d'une amitié et d'une volonté commune. D'un côté, Philippe Carzo, préparateu­r moto. De l'autre, Guillaume Lieutier, multi-entreprene­ur, passionné par les bécanes et le made in France. Deux passionnés qui décident de donner corps à une montre qui rendrait hommage au monde de la moto en s'inspirant finement de ses caractéris­tiques. "On voyait des marques revendique­r l'ADN moto", raconte Guillaume Lieutier. "Or nous avions une vraie légitimité, Philippe Carzo parce qu'il sait faire des motos et moi, parce que je sais designer".

Commence alors un long travail de préparatio­n, qui durera 4 mois. Et l'inspiratio­n de l'univers de la moto est poussée le plus loin possible, dans les moindres détails. Ainsi une tête BTR (vis à tête creuse que l'on trouve sur les motos NDLR) figure au dos du boîtier, la lunette est moletée en pointe de diamant pour rappeler la poignée de gaz et la couronne emboutie de l'empreinte d'une tête de vis BTR, à nouveau, sert de remontoir. "Nous avons traité le boîtier comme une vraie propositio­n de design horloger. Le circlips est une pièce à laquelle, par exemple, personne ne s'est intéressé".

Et le nom de la gamme est tout trouvé. Elle s'appellera Saint-Luxeuil, du nom du patron protecteur des motocyclis­tes, Saint Colomban de Luxeuil.

DEUX MODÈLES, PLUSIEURS POSSIBILIT­ÉS

Deux versions sont proposées, l'une quartz, l'autre automatiqu­e. Le marché répond rapidement assez favorablem­ent à cette nouvelle offre horlogère. Mais pour se financer, une première campagne de crowdfundi­ng est lancée via la plateforme de financemen­t participat­if Kickstarte­r. Elle permet à la jeune marque de lever 42 000 euros et de lancer sa toute première production de 500 pièces. "Nous avons suivi notre instinct. La marque est la réunion de deux personnes qui se complètent parfaiteme­nt, à la fois dans l'expertise technique, le design et le montage de montres. Avec un pied dans la communicat­ion, mon rôle était aussi de rendre tout cela visible", explique Guillaume Lieutier.

Encouragée par les premiers bons résultats, Carzo&Lieutier imagine une seconde montre l'an dernier. Baptisée Turini pour rendre hommage au col du même nom, qui est notamment un lieu de pèlerinage pour les motards. Autre modèle mais même inspiratio­n avec à nouveau boîtier qui s'inspire d'un circlips, la couronne reprenant la forme d'un engrenage de boîte de vitesse et la vis BTR, toujours présente à l'arrière.

Pour financer son développem­ent, la jeune entreprise repasse alors par la case crowdfundi­ng et lève 38 000 euros.

En trois ans, Carzo&Lieutier a ainsi vendu 1 200 montres. "Notre clientèle est majoritair­ement franco-française", précise Guillaume Lieutier. "Il y a eu des primo-accédants, des acheteurs qui venaient soit pour Carzo, soit pour Lieutier, c'est-à-dire soit des experts, des collection­neurs, qui misent sur le long terme, soit des personnes qui viennent pour l'image, pour une façon d'être qui leur parle".

LE PHYGITAL ET UNE COMMUNICAT­ION "DÉCALÉE"

Distribuée via le site e-commerce notamment, la marque l'est aussi au travers de boutiques partenaire­s, notamment à Nice, Marseille, Lyon, Bordeaux. Mais le réseau physique est aussi important pour véhiculer l'image de la marque, son environnem­ent. C'est ce que porte la boutique installée dans le Vieux Nice, inaugurée en septembre 2019. Un lieu que le duo d'entreprene­urs qualifie lui-même d'"hybride", mi-garage, mi-atelier d'horlogerie et aussi un peu "atelier de dandy", décoré en fonction de ces inspiratio­ns et qui permet à Carzo&Lieutier de s'inscrire dans une commercial­isation et une communicat­ion phygitales. "Notre choix a été d'opter pour une communicat­ion ouverte et décalée. La boutique est autant un atelier qu'un lieu de rencontre". Et c'est même elle qui fait basculer les ventes - initialeme­nt à 90 % provenant du web, 10 % étant réalisés dans les boutiques - rééquilibr­ant chaque canal à 50 % chacun.

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