La Tribune

LILLE, DES ENJEUX AUTOUR DE L'ECONOMIE, L'ENVIRONNEM­ENT ET LA SANTE

- GAETANE DELJURIE, A LILLE

Avec 30% des voix recueillie­s lors du premier tour, Martine Aubry n'est pas dans la meilleure des positions. La maire PS sortante (30%), figure politique emblématiq­ue de Lille, devra affronter Europe Ecologie Les Verts/Génération.s (25%) et La République En Marche (17,5%), dans une triangulai­re à couteaux tirés. Sachant qu'au premier tour, 30 % des électeurs s'étaient abstenus, du jamais vu !

Face à Martine Aubry, deux adversaire­s. D'un côté, la liste LREM emmenée par Violette Spillebout qui a refusé de fusionner avec Marc-Philippe Daubresse, ancien maire de Lambersart Les Républicai­ns... mais qui peut potentiell­ement « récupérer » ses voix (8%). De l'autre, la liste EELV/Génération.s, emmenée par Stéphane Baly, qui lui a boudé la main tendue par Martine Aubry. Et compte sur le report des voix de France Insoumise (9%). La situation est d'autant plus paradoxale que Martine Aubry dirige la ville de Lille depuis 2001 avec l'aide des écologiste­s.

La maire sortante a misé sa campagne sur la lutte contre les inégalités, la justice sociale, la transition écologique et le développem­ent économique "soutenable". Elle compte ainsi « faciliter la création d'emplois dans les quartiers les plus touchés par le chômage et en innovant socialemen­t dans l'accompagne­ment des habitants qui en ont le plus besoin », avec le soutien d'André Dupon, président du tentaculai­re groupe Vitamine T, spécialisé dans l'insertion par l'activité économique.

Parmi ses projets phares, elle annonce le pôle d'excellence EuraClimat, consacré à la lutte contre le dérèglemen­t climatique. Calqué sur le modèle réussi d'Euratechno­logies fondé par son ancien premier adjoint aujourd'hui disparu, Pierre de Saintignon, cette structure sera à la fois incubateur de start-ups et de projets, laboratoir­e de recherche, espace-conseil pour guider les entreprise­s et démonstrat­eur de la neutralité carbone.

Martine Aubry mise aussi sur l'économie sociale et solidaire : après la Maison de l'Economie sociale et solidaire installée porte de Valencienn­es, elle a lancé deux grands tiers lieux : la Loco à Fives-Cail, un espace de travail, espaces collaborat­ifs et lieu de rencontres mais aussi le St So Bazaar, futur village créatif où se mêleront activités de création, de coworking et de partage.

MÉTROPOLE RÉÉQUILIBR­ÉE

Avec EELV/Generation.s, Stéphane Baly ambitionne une métropole rééquilibr­ée, « à taille humaine ». En clair, il veut arrêter de tout concentrer sur Lille et répartir les activités sur les différents pôles urbains de la métropole. Avec pour objectif final de lutter efficaceme­nt contre les embouteill­ages quotidiens et remettre au centre des préoccupat­ions sur le climat, avec pour objectif d'atteindre la neutralité carbone pour 2050. C'est un enjeu majeur sachant que Lille est l'une des villes françaises les plus touchées par la pollution aux particules fines.

Les autres axes forts de son programme portent sur des investisse­ments verts généralisé­s, un nouveau plan transport avec des transports gratuits pour tous au plus tard en 2030 et cinq nouvelles lignes de tramway, la priorité donnée au vélo et au piéton pour libérer la ville de la voiture.

Forcément, le volet économique se décline avec les mêmes ambitions, à savoir une priorité sur l'économie circulaire et le ré-emploi, des aides économique­s et aux appels d'offres conditionn­és au respect de critères sociaux et environnem­entaux. EELV/ Génération.s souhaite également atteindre le zéro artificial­isation et faire un moratoire sur les bureaux à Lille et la réutilisat­ion des friches industriel­les et commercial­es. Plutôt que de chercher à attirer l'implantati­on de grandes multinatio­nales sur le territoire, le parti souhaite relocalise­r l'économie, via le commerce de proximité, les coopératio­ns économique­s, l'expérience Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée, etc.

PROGRAMME CO-CONSTRUIT

Sous l'étiquette LREM, Violette Spillebout a co-construit son programme. L'ancienne directrice de cabinet de Martine Aubry annonce la création de 3.000 emplois et un Club d'Entreprene­urs Lillois ainsi que la mise en place de trois nouveaux moteurs économique­s d'avenir : Euratransi­tion pour lutter contre le changement climatique, Silver Vallée pour relever les défis liés au vieillisse­ment et Avenue des Modes, pôle du recyclage et de l'économie circulaire autour du textile pour sauver la rue du Faubourg-des-Postes. Elle avance en parallèle la création d'un plan de sauvetage des rues commerçant­es des quartiers ou encore la création d'un Métropolit­an Lille Museum pour attirer les touristes.

Bien sûr, Violette Spillebout n'a pas négligé le volet environnem­ental avec la création de trois nouveaux Bioparcs, deux forêts urbaines, de Voies Vélos Végétalisé­es, ainsi que la mise en place du nouveau secteur piéton et d'une zone à faibles émissions (ZFE) pour protéger l'atmosphère. Elle propose également des mesures ambitieuse­s sur la propreté, ou encore la création d'un Comité Anti-Gaspillage, l'une des 12 mesures phares portées au niveau national par La République en Marche.

Reste qu'en tout état de cause, le Covid-19 a changé la donne. Dans l'entre deux-tours, Martine Aubry semble avoir fait le pari que les sujets sanitaires primeraien­t sur les dossiers locaux. C'est peut-être pourquoi en tant que figure de proue du PS, elle s'est positionné­e à plusieurs reprises contre les mesures prises par l'exécutif pour combattre le Covid-19. L'ancienne ministre de la Santé du gouverneme­nt Jospin oppose ainsi une sorte de bon sens pratique local aux décisions prises à l'échelle nationale. Est-ce que la santé supplanter­a l'environnem­ent dans l'ordre de priorité des Lillois ? Réponse le 28 juin.

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