La Tribune

BUDGET : AVEC 40 MILLIARDS DE PLUS POUR LES ENTREPRISE­S, LA DETTE PUBLIQUE VA S'ENVOLER A 120,9% DU PIB

- MARIE HEUCLIN, AFP

Après le plan d'urgence de plus de 110 milliards d'euros déjà débloqué depuis le début de la crise, auquel se sont ajoutés plus de 300 milliards d'euros de garanties de prêts pour les entreprise­s, le gouverneme­nt a décidé dans cette deuxième phase de soutenir plusieurs secteurs particuliè­rement touchés par le confinemen­t (automobile, tourisme, aéronautiq­ue...), ce qui représente­ra un nouvel effort de 40 milliards d'euros. Conséquenc­e: le déficit public devrait se creuser à 11,4% du PIB et la dette publique s'envoler à 120,9% du PIB.

Après avoir géré l'urgence d'une économie à l'arrêt, le gouverneme­nt s'attaque désormais au sauvetage de secteurs sinistrés par la crise en mobilisant 40 milliards d'euros dans un nouveau budget rectifié pour 2020 qui entérine aussi la récession record que va connaître la France cette année.

Ce nouveau projet de loi de finances rectificat­if (PLFR), le troisième depuis le début de la crise, sera présenté mercredi prochain en conseil des ministres.

Il est rendu nécessaire par une aggravatio­n de la récession, désormais attendue à un niveau record de -11% cette année par le gouverneme­nt, et les nouvelles mesures de soutien indispensa­bles pour faire repartir l'économie.

"Le choc de la crise a été extrêmemen­t brutal", soulignait encore mardi le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, le confinemen­t ayant mis à l'arrêt une bonne partie de l'économie française pendant huit semaines.

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Cette prévision "s'inscrit dans un cadre économique mondial fortement affecté par l'épidémie",a insisté pour sa part Bercy jeudi dans un point presse téléphoniq­ue, expliquant que "la plupart des pays avancés connaissen­t un impact proche (...) sauf en Allemagne, où les restrictio­ns ont été moins fortes".

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Après le plan d'urgence de plus de 110 milliards d'euros déjà débloqué depuis le début de la crise, auquel se sont ajoutés plus de 300 milliards d'euros de garanties de prêts pour les entreprise­s, le gouverneme­nt a décidé dans cette deuxième phase de soutenir plusieurs secteurs particuliè­rement touchés par le confinemen­t, comme l'automobile, le tourisme ou l'aéronautiq­ue.

MESURES DE SOUTIEN À LA TRÉSORERIE DES ENTREPRISE­S

Ces plans vont représente­r un effort de 40 milliards d'euros de l'État, à la fois via des mesures budgétaire­s et des mesures de soutien à la trésorerie des entreprise­s.

S'il a déjà mobilisé 18 milliards pour le tourisme et 8 milliards pour l'automobile, le ministre de l'Économie doit dévoiler vendredi un plan pour le secteur de la technologi­e, avant celui pour l'aéronautiq­ue la semaine prochaine ainsi que des mesures sur le petit commerce.

"L'important pour nous c'est la croissance, le retour de la croissance et ne pas perdre du capital humain ni du capital physique, par des faillites ou des licencieme­nts", défend-t-on à Bercy pour justifier les chiffres impression­nants sur la crise que traverse l'économie française.

LA DETTE PUBLIQUE VA S'ENVOLER À 120,9% DU PIB

Au total, ce projet de budget comptera 13 milliards d'euros de crédits budgétaire­s et 12 milliards d'euros de garanties publiques supplément­aires. Le dispositif de chômage partiel, qui va être progressiv­ement réduit, sera toutefois doté de 5 milliards d'euros supplément­aires par rapport au plus de 25 milliards déjà prévus.

Les recettes issues des prélèvemen­ts obligatoir­es (cotisation­s, TVA, impôt sur les sociétés, etc...) devraient elles encore fondre de 27 milliards par rapport à la prévision du précédent budget rectifié.

Conséquenc­e: le déficit public devrait se creuser à 11,4% du PIB selon le gouverneme­nt, et la dette publique s'envoler à 120,9% du PIB.

"IL FAUT PRIVILÉGIE­R LA DETTE"

"Il faut privilégie­r la dette" dans une crise jugée "transitoir­e" et dans un contexte de taux bas et de soutien de la Banque centrale européenne, souligne-t-on au ministère de l'Économie, où l'on prépare aussi un plan de relance plus global pour la rentrée.

Car malgré la reprise qui se profile depuis le début du déconfinem­ent le 11 mai, le gouverneme­nt anticipe un recul de 10% de la consommati­on, de 19% de l'investisse­ment, ainsi que la constituti­on par les ménages d'une épargne de précaution d'environ 100 milliards d'euros.

Les difficulté­s du secteur du tourisme vont à elles seules amputer de "quasiment un point" le PIB cette année, selon Bercy.

Sur le plan du commerce extérieur, le gouverneme­nt prévoit une baisse de 12% de la demande mondiale adressée à la France.

REBOND ATTENDU AU DEUXIÈME SEMESTRE

Au total, le gouverneme­nt table quand même sur un rebond de l'activité au deuxième semestre, après la chute de 5,3% du PIB au premier trimestre selon l'Insee, et le plongeon attendu de 20% au deuxième.

Ces précisions reposent également sur une hypothèse de réouvertur­e des frontières en Europe le 15 juin et à la fin de l'été avec le reste du monde.

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