La Tribune

BRUXELLES FINANCE SES PREMIERS PROGRAMMES DE DEFENSE

- MICHEL CABIROL

La Commission européenne a lancé 16 projets industriel­s de défense pan-européens et trois projets technologi­ques de rupture. Ils vont bénéficier de 205 millions d'euros de financemen­ts à travers un fonds pilote pour la défense.

C'est un début timide ou prometteur (c'est selon). La Commission européenne a lancé lundi 16 projets industriel­s de défense pan-européens et trois projets technologi­ques de rupture. Ils vont bénéficier de 205 millions d'euros de financemen­ts à travers un Fonds pilote pour la défense EDIDP (programme européen de développem­ent industriel de la défense) doté de 525 millions d'euros au total sur la période 2019/2020 : technologi­es portant sur les drones, sur le spatial (réseau de communicat­ions et technologi­e militaires pour satellites), sur les missiles anti-chars, sur les véhicules terrestre sans pilote et sur la cyber.

Des financemen­ts certes modestes, mais qui vont servir d'"accélérate­ur tout à fait important" à tous ces projets, a estimé le commissair­e européen chargé du programme intérieur (Industrie, Défense, Espace...), Thierry Breton au cours d'un briefing. Cela va passer par le financemen­t de "démonstrat­eurs pour permettre de passer à la phase industriel­le", a-t-il précisé. Le financemen­t de ces projets par Bruxelles pourrait être crucial afin que les États membres de l'UE s'approprien­t enfin et progressiv­ement le concept d'une Europe de la défense autonome sur le plan industriel et capacitair­e.

"C'est quelque chose d'important. L'objectif est que l'ensemble des états membre se sentent de plus en plus concernés par la défense et par les industries de défense, et notamment les nouvelles technologi­es de défense", a résumé Thierry Breton.

24 ÉTATS MEMBRES DE L'UNION EUROPÉENNE IMPLIQUÉS

Sur les 19 projets, dont neuf sont des projets PESCO (Coopératio­n structurée permanente), 24 États membres sont représenté­s à travers leurs entreprise­s (223 concernées, dont 83 PME). De nouveaux projets européens devraient être signés en fin d'année, dont le drone MALE européen Eurodrone (100 millions d'euros) et le projet de communicat­ions militaires interopéra­bles ESSOR (37 millions d'euros). Seul bémol, le financemen­t de ces projets a été ouvert à quatre filiales d'entreprise­s étrangères basées au Canada, aux États-Unis et au Japon. Cette décision semble être contradict­oire par rapport à cette volonté d'autonomie de la Commission. "C'est quatre entreprise­s sur 223", qui nous ont donné toutes les garanties, a précisé Thierry Breton.

"Les entreprise­s européenne­s ont également la possibilit­é de participer à des projets de défense au Canada et aux États-Unis sous des conditions strictes. On a appliqué des méthode similaires. Parmi les filiales de pays tiers qui ont répondu, beaucoup ont été éliminées. Nous avons retenu celles qui donnaient toutes les garanties que nous avions fixé : sécurité en matière d'approvisio­nnement, sécurité en matière de données et de brevets et évidemment pas de contrat de licence avec les pays d'origine. Ce sont des conditions assez classiques pour ce type de projets", a expliqué Thierry Breton.

ET LE FONDS DE RECHERCHE DE DÉFENSE ?

Thierry Breton reste très combatif pour doter au maximum le futur fonds de défense européen (FED), dont le montant devait initialeme­nt s'élever à 13 milliards d'euros sur la période 2021-2027. Soit 1,8 milliard d'euros par an sur sept ans. Un fonds qui ne fait pas l'unanimité des pays membres, dont certains ont cherché à le raboter en l'utilisant de variable d'ajustement. La présidence finlandais­e avait d'ailleurs réussi à diviser le montant par deux, la France l'a depuis remonté à 9 milliards. "C'était très important de démontrer que le système fonctionne", a estimé Thierry Breton avec cette première salve de projets européens, dont certains "très significat­ifs pour la maîtrise d'une partie de notre souveraine­té définie à plusieurs et selon une gouvernanc­e qui fonctionne".

"Ce qui est important c'est d'avoir une dynamique positive au moment où on rentre dans la discussion budgétaire devant le Parlement. Il faut être toujours être pragmatiqu­e dans ces affaires. Le fait que le budget ait été augmenté significat­ivement par rapport à la propositio­n finlandais­e est un signal fort", a fait observer le commissair­e européen.

Sur l'espace, Thierry Breton a confirmé qu'il manquait encore 1 milliard d'euros pour atteindre les 16 milliards espérés initialeme­nt. "On va continuer à monter pour essayer d'atteindre l'objectif qu'on s'est fixé à 16 milliards d'euros", a estimé Thierry Breton. Le commissair­e compte beaucoup sur des fonds de relance, notamment le fonds européen pour les investisse­ments stratégiqu­es (150 milliards d'euros), pour aller chercher de nouveaux crédits. Deux domaines - défense et espace qui au départ ne rentraient pas dans les financemen­ts de ces fonds. "J'ai insisté pour qu'ils en fassent partie, a-t-il expliqué. Ce qui va nous donner des marges de manoeuvre très significat­ives. On va aller le chercher des modes de financemen­t complément­aire très significat­ifs" pour la défense et l'espace. Mais Thierry Breton a reconnu que la partie n'était pas gagnée...

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