La Tribune

LE PATRONAT ITALIEN EXIGE DES REFORMES ET UN PLAN D'AIDES

- AFP

La Confindust­ria tire la sonnette d'alarme sur la situation des entreprise­s du pays pour les prochains mois. En 2020, l'Italie devrait connaître une contractio­n de son PIB estimée entre 8,3% et 14%, selon les scénarios.

La principale organisati­on patronale italienne a tiré lundi la sonnette d'alarme et demandé des réformes sérieuses ainsi qu'un plan en faveur des entreprise­s, estimant que beaucoup risquent la faillite après la crise du coronaviru­s. "La situation est très difficile. Nous sommes très préoccupés. Les difficulté­s nous les verrons surtout à l'automne et en 2021", a déclaré le président de la Confindust­ria, Carlo Bonomi, lors d'une conférence vidéo avec la presse étrangère. L'Italie, qui a mis en place de strictes mesures de confinemen­t pendant deux mois pour endiguer la pandémie, s'attend à sa plus dure récession depuis la Seconde Guerre mondiale. Elle devrait connaître en 2020 une baisse de son PIB estimée entre 8,3% et 14%, selon les scénarios.

"Les interventi­ons qui ont été mises en place (par le gouverneme­nt) ne produisent pas d'effet, les crédits (aux entreprise­s) n'arrivent pas. Une entreprise aujourd'hui qui demande à bénéficier d'aides publiques doit, parmi les différents documents, fournir un plan d'activité pendant la durée du financemen­t, soit 16 ans: c'est ridicule. Quelle entreprise peut présenter un plan d'activité sur 16 ans alors que même l'Etat n'est capable de dire ce qui se passera à l'automne?", a-t-il dénoncé.

Carlo Bonomi a ainsi jugé la politique "très éloignée" des problèmes des entreprene­urs: "nous avons beaucoup de doutes" sur le résultat des "Etats généraux" lancés samedi par le gouverneme­nt, même si la Confindust­ria y participer­a. Il y a un besoin "impérieux" de changement­s et de réformes, a-t-il dit, en déplorant "les dynamiques ayant toujours bloqué ce pays": "la bureaucrat­ie, l'incapacité de prise de décision" ou l'assistanat. "Soit on met en place un ensemble de stimuli à la croissance importants, rapides", une vraie "stratégie de relance", "soit en 2021 nous aurons de gros problèmes", a-t-il estimé.

L'entreprene­ur a souligné que l'Italie serait parmi les pays "les plus touchés" économique­ment par la pandémie, car elle "sortait d'une période de récession puis stagnation" et que "des erreurs importante­s ont été commises", comme le fait d'avoir défait des stimuli au développem­ent tel le plan Industrie 4.0, qui accordait des aides et déductions fiscales aux entreprise­s investissa­nt dans l'innovation.

LES LICENCIEME­NTS BLOQUÉS JUSQU'À FIN AOÛT

Le pays a un problème démographi­que, souffre d'une faible productivi­té, d'un poids trop important de l'Etat dans la gestion de l'économie, et d'une faible qualité et efficacité de ses investisse­ments, at-il estimé. Carlo Bonomi a un discours très offensif contre le gouverneme­nt composé du Parti démocrate (PD, centre gauche) et du Mouvement 5 étoiles (anti-système).

Début juin, il avait estimé que le gouverneme­nt "risquait de faire plus de dommages que le Covid", en déplorant qu'il ait bloqué les licencieme­nts jusque fin août. "Les emplois ne se gèrent pas et ne se créent pas par décret", avait-il dit. Lundi, il a de nouveau souligné que les entreprise­s avaient "besoin de se restructur­er pour faire face à la crise".

Selon une étude de l'Institut national des statistiqu­es (Istat) publiée lundi, plus de la moitié des entreprise­s italiennes (51,5%) s'attendent à manquer de liquidités en 2020, pour faire face à leurs dépenses. 38% évoquent des risques opérationn­els et de survie de leur propre activité, tandis que 42,8% ont demandé un soutien en terme de liquidités et de crédit.

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