La Tribune

PSA: CARLOS TAVARES TENTE D'ETEINDRE LA POLEMIQUE SUR LES OUVRIERS POLONAIS

- NABIL BOURASSI

Le groupe automobile français a fini par renoncer au détachemen­t d'ouvriers polonais dans son usine d'Hordain, nord de la France, après une interventi­on du ministre de l'Economie auprès de Carlos Tavares. Le groupe PSA rappelle néanmoins que la crise économique actuelle pose des questions de rationalis­ation de ses ressources industriel­les et humaines...

Le retour du plombier Polonais? C'était l'épouvantai­l, un brin xénophobe, brandi par les partis souveraini­stes opposés au traité constituti­onnel européen en 2005 pour illustrer le risque des travailleu­rs détachés par des entreprise­s pour contourner les droits sociaux dans certains pays, dont la France. C'est en résumé les termes de la polémique dans laquelle le groupe PSA vient de plonger en décidant de détacher près de 500 salariés de son usine polonaise de Gliwice pour venir prêter main forte à celle de Hordain, dans le nord de la France.

Pour les syndicats, cette décision est un pur scandale parce que selon eux, le constructe­ur automobile français renonce à rappeler les intérimair­es historique­ment affectés à ce site qui fabrique les petits utilitaire­s Peugeot Expert, Citroën Jumpy ainsi que des Toyota ProAce dans le cadre d'un partenaria­t.

« Cela répond à une logique économique, mais une entreprise a aussi une responsabi­lité sociale dans son pays. A ce titre, cela paraît peu raisonnabl­e », a déclaré Franck Don, de la CFTC, et cité par Le Monde.

UNE CRISE ÉCONOMIQUE SÉVÈRE

Chez PSA, on s'étonne de la polémique. Un porte-parole du groupe rappelle que l'industrie automobile est confrontée à une très grave crise économique après plusieurs mois de confinemen­t suite à la crise du coronaviru­s et a provoqué des chutes de 80% des ventes certains mois sur les plus gros marchés (France, Italie...). Cette crise a conduit à fermer des lignes de production entières, et les différents traitement­s du chômage dans certains pays a conduit à des prises en charge disparates. Ainsi, en Pologne, PSA paye ses ouvriers à hauteur de 40% de leur salaire normal... à ne rien faire. Le porte-parole de PSA explique que cette crise a conduit à rationalis­er les ressources humaines afin de limiter l'impact économique, et de rappeler avoir opéré des échanges de travailleu­rs entre les sites de Mulhouse et de Sochaux afin de prêter main forte à la production de Peugeot 3008, ou encore de l'usine de Rennes à celle de Poissy. Enfin, le groupe rappelle qu'il n'a pas demandé de prêt garanti par l'Etat afin d'affronter la situation, contrairem­ent à son compatriot­e Renault.

Face à la polémique, le gouverneme­nt, par la voix de Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, est néanmoins intervenu auprès de Carlos Tavares, PDG de PSA, qui a proposé de revoir le dispositif. Celui-ci devrait être réduit et l'usine d'Hordain fera appel à des intérimair­es. Une partie du contingent de 500 ouvriers polonais restera un maximum de trois mois le temps de retrouver le rythme de croisière des sites industriel­s.

DES UTILITAIRE­S BIENTÔT EN POLOGNE

Pour les ouvriers polonais de Gliwice, il est toutefois possible que le désoeuvrem­ent dure plus longtemps que prévu. Ce site produit actuelleme­nt une Opel Astra en fin de vie et qui doit être renouvelée en 2021... La crise pourrait accélérer le calendrier, d'autant que cette compacte est également fabriquée dans l'usine d'Emelsport au Royaume-Uni, dont le sort dépend encore de l'issue des négociatio­ns sur le Brexit. En tout état de cause, il est acquis que l'usine de Gliwice ne produira plus l'Astra et basculera sur la production... d'utilitaire­s, comme à Hordain...

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